Avec la crise sanitaire, le recrutement des personnes en situation de handicap perd du terrain aussi bien dans le privé que dans le secteur public avec un taux d’emploi de 3,8% et 5,8% respectivement.
Sophie Cluzel, Secrétaire d’État auprès du premier ministre chargé des personnes handicapées, s’est rendue le 19 février à Aix et Marseille à la rencontre des entreprises et organismes de formation pour présenter le volet inclusif du plan de relance.
Elle a notamment insisté sur le creuset d’emplois que représente la filière numérique.
« Dans le numérique, l’apprentissage n’est que de 2%, or cette filière représente entre 6 et 10% des emplois. La France compte seulement 1% d’apprentis en situation de handicap. Nous proposons des aides à l’emploi de 4 000 € à partir d’un CDD de trois mois sans limite d’âge et une prime de 8 000 € pour un contrat d’apprentissage », a détaillé Sophie Cluzel.
Au sein de l’école Webforce3 qui forme aux métiers du numérique, la Secrétaire d’État a échangé avec Soumaya. Cette jeune femme autiste asperger qui, après une formation de trois mois en marketing digital, recherche un emploi.
Installée dans les locaux de Marseille innovation, Webforce 3 forme des codeurs (développeurs web et mobiles), des techniciens systèmes et réseaux et le marketing digital. « Sur les 80 000 postes à pourvoir dans les métiers du numérique, 60% concerne les développeurs, les codeurs. Les Devops, métier hybride entre le développeur et le chargé de réseaux sont également très recherchés grâce au développement du cloud », détaille Alain Assouline, président de Webforce 3.
Composé d’une cinquantaine d’écoles inclusives en France axées sur le numérique, Webforce 3 forme des personnes en échec scolaire, des adultes en reconversion. 15% des élèves sont en situation de handicap.
« L’école leur permet de se former en trois mois et demi (490 heures) avec un équivalent Bac +2. Au terme de la formation, nous veillons au placement des personnes qui travaillent six semaines en entreprise et une semaine chez nous dans le cadre de l’alternance », souligne Alain Assouline.
Avec la crise sanitaire, la demande dans les métiers du numérique s’accélère. En Provence Alpes-Côte d’Azur Corse, l’Agefiph a développé un dispositif spécifique pour répondre aux entreprises qui ont du mal à recruter des ingénieurs de niveau Bac+5.
« Cap Gemini, Atos, le groupe Thales, DCNS, Arcelor-Mittal, Airbus Helicopters, STMicro et d'autres grandes entreprises ... ont formé un collectif d’entreprises volontaires et au côté de l’Agefiph, nous avons lancé en 2017 le programme HUGo. Les futurs ingénieurs sont accompagnés par l’école Polytech. Ce programme a formé 30 personnes en situation de handicap aux métiers de l’informatique.
Les ingénieurs ont trouvé un emploi soit pendant l’alternance soit après. Le diplôme d’ingénieur se passe en deux ans, en alternance. Le digital constitue un vrai creuset d’emplois malgré la situation sanitaire », explique Sylvie Bec, déléguée régionale adjointe de l’Agefiph Provence Alpes Côte d'Azur et Corse.
Pour développer l’employabilité et favoriser l’insertion professionnelle des travailleurs en situation de handicap, l’Agefiph a mis au point un dispositif pour travailler avec les directeurs des systèmes d’information, pour les aider à dresser un bilan handicap et numérique et les accompagner à faire appel aux entreprises adaptées.
Le dispositif « Talent Digital » porte sur les métiers de technicien réseau (BAC +2) et permet le financement d’un accompagnement, d’une formation et d’un coaching personnalisé.
« L’employeur n’est jamais seul. Nous sommes en train de sécuriser le parcours avec la mise en synergie de l’écosystème. Agefiph porte trois projets avec une formation à Toulouse, Strasbourg (déficients visuels) et un partenariat avec l’École de Management de Grenoble.
A Paris et Lille, les autistes bénéficient d’une formation en data analyst », complète Sylvie Bec.