Le financement islamique fait ses premiers pas en Espagne à travers la coopérative « Coop Halal », mettant en relation entrepreneurs et des bailleurs de fonds, et assurant la « labellisation » des projets sélectionnés.
Le Centre d’Études et de Recherche en Économie et Finances Islamiques (CEIFI, selon les initiales espagnoles) est devenu la matrice du développement du financement islamique en Espagne.
Ce mode de financement (également désigné sous le terme « Takaful ») est très répandu dans le monde musulman et dans certains autres pays comme le Royaume-Uni ; mais il n’avait pas jusqu’à présent trouvé sa place en Espagne.
Après avoir effectué sa thèse sur le sujet, Najia Lotfi a donc créé ce centre d’études à Barcelone, dans le but de faire connaître d’abord les mécanismes et spécificités du financement islamique. Avant de fonder en 2015 le premier instrument opérationnel : la coopérative « Coop Halal », qui fait le lien entre des entrepreneurs et des bailleurs de fonds, en assurant la « labellisation » des projets sélectionnés.
Najia Lotfi, présidente du Centre d’Études et de Recherche en Économie et Finances Islamiques, et députée des Marocains de l’étranger. © DR
Distribution d’une police d’assurance « Takaful »
Quelles sont les règles pour accéder à un financement islamique ? « La première étape concerne la vérification de la conformité avec la charia », répond Najia Lotfi : « Vérifier par exemple l’absence de tabac, d’alcool ou d’armement, et plus généralement de tout élément qui peut nuire à l’être humain et l’environnement pour être en accord avec les bases islamiques ».
Cette certification est réalisée par Coop Halal en partenariat avec le cabinet marocain Al Maali, à Casablanca. Reste ensuite évidemment à examiner la viabilité économique du projet, à travers une étude de marché orchestrée depuis les bureaux de Barcelone.
Un premier partenariat a été signé entre Coop Halal et le groupe mutualiste catalan Mussap, pour la distribution d’une police d’assurance garantissant le rapatriement des cadavres au pays d’origine. Et ce n’est qu’un début : « Nous envisageons de prolonger ce produit d’assurance de rapatriement des corps à d’autres segments, comme l’automobile », ajoute Sergi Jimenez, secrétaire général de la coopérative Coop Halal.
Lors d’une présentation du CEIFI, dispose de l’agrément du Conseil des Banques et des Institution de Financement Islamique de Bahrein © DR
« Financement adapté aussi bien aux petits qu’aux grands projets »
Pour s’implanter durablement en Espagne, le financement islamique devra d’abord outrepasser des difficultés liées à son nom, reconnaît Najia Lotfi : « Le terme n’est pas forcément tout de suite compréhensible, ce qui est évidemment un inconvénient ; mais dans un pays ou les PME et les start-up ont une place importante, le financement islamique est un atout car il s’applique aussi bien aux petits qu’aux grands projets… C’est aussi un type de financement qui correspond parfaitement aux exigences d’une banque éthique, puisque les trois piliers sont la confiance, la transparence et la justice, à travers notamment la répartition du résultat ».
Najia Lotfi voit même beaucoup plus loin : « Notre troisième grand axe de réflexion concerne la création d’une société de consulting pour répondre directement et rapidement à toutes les questions des créateurs d’entreprises qui veulent accéder au financement islamique en Espagne ».
Une structure qui permettra également aux entreprises espagnoles de développer plus aisément leurs activités sur les rives sud et est de la Méditerranée, pour travailler avec des banques locales selon les règles du financement islamique.
Session de formation à la première police d’assurance « Takaful » en Espagne. © DR