Difficultés de recrutement, impact de la guerre en Ukraine, réindustrialisation… Philippe Renaudi, Président de la CCI Provence-Alpes-Côte d'Azur et Daniel Margot, 1er Vice-président de la CCI Provence-Alpes-Côte d’Azur, Président de la CCI des Alpes-de-Haute-Provence font le point sur les dossiers de la CCI régionale. Reportage.
Au 29ème étage de la Tour la Marseillaise, la CCI Provence-Alpes-Côte d’Azur, a présenté ses contributions au nouveau Schéma Régional de Développement, d’Innovation et d’Internationalisation (SRDEII) voté par la Région Sud le 24 juin.
Au total 165 propositions qui répondent à 10 thématiques jugées prioritaires, en lien avec 5 axes stratégiques.
Le Président de la CCI régionale a par ailleurs analysé le dernier Baromètre de conjoncture régionale (plus de 3 200 dirigeants interrogés).
Première difficulté pour les chefs d’entreprises du territoire : le recrutement. « On avait 119 000 emplois proposés dans le secteur du tourisme, et c’est compliqué, on n’arrive pas à recruter, surtout dans ces métiers. Résultat : je vois des restaurants fermer sur la Côte d’Azur, au mois de juillet, c’est quand même incroyable, malgré un afflux de touristes très important cette année » explique Philippe Renaudi.
Autre difficulté : le coût des matières premières et de l’énergie qui est également à la hausse. « Nous avons des chefs de TPE ou PME qui en souffrent. Les carnets de commandes sont très fournis, mais malheureusement les marges diminuent sensiblement» assure le président.
37% des entreprises du territoire disent voir un impact fort ou très fort du conflit en Ukraine.
Quel peut être le rôle des CCI territoriales dans le processus de reconquête industrielle ?
Daniel Margot, 1er Vice-président de la Chambre de Commerce et d’Industrie Provence-Alpes-Côte d’Azur, Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie des Alpes-de-Haute-Provence est aussi pilote de la mission CCI France « Réindustrialisation ».
« Le but de cette mission c’est de porter le plan de relance France 2030 et d’accompagner nos entreprises à la réindustrialisation ou relocalisation. »
Pour Daniel Margot, il faut tout d’abord réaliser une cartographie des filières. « On ne va pas réinventer l’eau chaude, on va simplement s’appuyer sur les filières qui existent et essayer de les fédérer pour les faire grossir. »
« Par exemple, si on prend la filière saveur/senteur, que je connais bien dans mon département, pourquoi ne pas envisager un cartonnier, un flaconnier et un fabricant de bouchons, de façon à faire du circuit court ? » assure Daniel Margot qui est aussi gérant et fondateur de la Savonnerie de Haute-Provence.
Autre enjeu crucial : la formation. Les CCI sont le deuxième formateur en France, après l’Éducation Nationale. « Nous avons près de 120 CFA, écoles de commerce et d’ingénieurs. Nous devons former nos futurs collaborateurs aux métiers qui n’existent pas encore. »
La CCI doit avoir un rôle à jouer pour structurer les chefs d’entreprise de demain. « On ne naît pas entrepreneur, on le devient et on doit être accompagné par les anciens, il faut donc renforcer le mentorat ».
Philippe Renaudi soulève un autre frein à la relocalisation des entreprises sur le territoire : « Le foncier est rare et cher et malheureusement, quand on a un projet d’aménagement industriel ou d’activité, on est rapidement confronté à des recours. Cela prend beaucoup de temps pour pouvoir voir une zone d’aménagement se développer. »
« Aujourd’hui, la réindustrialisation, ça ne se décrète pas, ça se nourrit, ça se prépare, mais il faut qu’on réduise les délais. On ne peut pas passer dix ans pour reindustrialiser le pays. Il faut qu’on ait des circuits plus courts ! » conclu le président.
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