La Région n’est normalement pas compétente en matière de santé, cela relève de l’Etat. Cependant, laisser les déserts médicaux s’étendre peu à peu partout dans les territoires, en particulier ruraux est un réel problème. « C’est une exigence d’égalité républicaine que tous les Français, quelle que soit leur origine sociale et territoriale, aient accès à une offre de soins décente. « précise Laurent Wauquiez.
Depuis 2016, Laurent Wauquiez, Président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, a fait de la lutte contre la désertification médicale l’une des priorités de la Région, pour faire en sorte que les habitants des zones rurales aient les mêmes chances d’accès aux soins que les habitants des zones urbaines. Ce 8 septembre, dans le Cantal, il a installé les premiers médecins salariés par la Région au Centre de santé du Rouget-Pers.
En lien avec les Départements les plus touchés comme le Cantal présidé par Bruno Faure et l’Ardèche présidé par Olivier Amrane, la Région Auvergne-Rhône-Alpes a créé en 2022 un Groupement d’Intérêt Public « Ma Région ma Santé » pour embaucher directement des médecins, comme le permet la Loi 3DS. La Haute-Loire est également adhérente au GIP et l’Allier est en cours de réflexion.
Photo Aurillac : ©Jérémy Flament
Au total une dizaine de site ont été identifiés en lien avec les départements
Les travaux se poursuivent dans le Cantal avec la perspective de l’ouverture d’un futur centre à Chaudes-Aigues d’ici le printemps 2024. En Ardèche, l’objectif est l’ouverture à terme de six centres, dont deux d’ici la fin de l’année 2023 à Saint-Marcel-d’Ardèche et Ardoix. En Haute-Loire, les sites prioritaires pour l’installation de médecins sont en cours d’identification.
Ce GIP s’inscrit dans la dynamique du Plan régional de santé composé de dispositifs ayant vocation à réduire les inégalités territoriales en matière d’accès aux soins.
En effet, la salariat des médecins permet de favoriser l’attractivité des territoires : il est garant d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, il soulage les médecins des tâches administratives grâce à l’embauche d’une assistante, assure une stabilité de la rémunération et permet un emploi du temps encadré, aves des congés payés.
Le salariat facilite l’installation et le quotidien des praticiens et constitue un nouveau mode d’exercice attractif pour les jeunes générations de médecins. Il est un dispositif parmi d’autres (aide à la primo installation, bourses aux internes, aides aux maisons de santé) permettant de remplir cet objectif.
Photo Maison de Santé de Rouget-Pers – ©Mairie de Rouget-Pers
Création d’un premier centre de santé dans le Cantal
Dès le début du projet, le Département du Cantal a identifié quatre territoires en fortes tensions médicales, chacun devant donner lieu à la création d’un centre de santé, dont deux prioritaires en 2023 début 2024 (Le Rouget-Pers et Chaudes-Aigues Saint Urcize).
Le centre de santé du Rouget-Pers a été identifié comme prioritaire avec un centre de santé préexistant (financée par la Région à hauteur de 200 000 euros en 2018) mais sans médecin depuis maintenant deux ans. En outre, le dernier médecin exerçant sur la commune est parti à la retraite fin juin 2023.
Le bâtiment, qui accueille le centre de santé est la propriété de la Communauté de communes du Rouget qui met à disposition du Département les locaux nécessaires à l’activité. Les services de la Région et du Département ont travaillé de concert, pour l’installation du matériel technique et médical.
Pour le fonctionnement du centre de santé, trois recrutements ont été réalisés par le GIP : deux médecins généralistes diplômés de la faculté de Clermont Ferrand, ainsi qu’une secrétaire médicale.
Un médecin exerce à temps plein au sein du Rouget et garde une petite activité hospitalière au sein du centre hospitalier d’Aurillac sur sa spécialité, l’obésité infantile. Elle réalise des consultations gynécologiques et du suivi de nourrissons au titre de son activité de médecine générale au sein du centre du Rouget.
Son confrère exerce à temps partiel (50%) au sein du centre du Rouget, son autre 50% étant dédié à son poste de médecin coordinateur de trois ehpad sur le Cantal. Il est spécialisé sur la gériatrie. Le docteur est maitre de stage universitaire et peut accueillir un interne en stage dans son cabinet du Rouget.
Les professionnels sont salariés du GIP dont la Région est membre, comme le Département du Cantal. Leur salaire est basé sur la grille de la fonction publique hospitalière, en fonction de leur ancienneté. Le salaire oscille entre 4500 euros et 6000 euros nets par mois.
514 consultations en un mois
Depuis l’ouverture, le 1er août, les deux médecins ont effectué 514 consultations et 900 patients se sont inscrits pour être suivis. Le succès rencontré, entraine la perspective du recrutement d’un 3e médecin. Ces chiffres illustrent l’attente forte et le besoin criant d’offre de soins sur ce territoire.
Les médecins travaillent également en lien avec les paramédicaux libéraux de la maison de santé : deux cabinets infirmiers, un kinésithérapeute, un cabinet dentaire, une orthophoniste, une pédicure-podologue.
Au-delà du Rouget Pers, la patientèle couvre les communes suivantes environnantes : Boisset, Cayrols, Parlan, Roumégoux, Glénat, La Ségalassière, Omps, Saint-Saury.
Dans son organisation, le centre de santé propose des plages de soins non programmés, notamment pour les urgences modérées. Par ailleurs, les médecins réalisent régulièrement des visites à domicile grâce au véhicule de service mis à disposition par le GIP.
« On n’a pas le droit de ne rien faire face à une France à deux vitesses. Je ne veux pas que les habitants des territoires ruraux soient bloqués. Le GIP nous a permis d’installer deux médecins, de sauver la pharmacie et de remettre en route la maison de santé, c’est une première. Il n’y a pas de solution miracle et il faut se battre. Les médecins sont intéressés par le salariat : on y va ; les infirmières veulent monter en compétences : on y va. On veut mettre en place des bus qui vont sillonner le territoire avec des médecins : on y va. On peut aussi utiliser la visio, même si ce n’est pas l’idéal, mais je préfère ça que rien. Il faut aller chercher toutes les solutions et ne pas accepter la fatalité des territoires ruraux, ça je n’en veux pas dans ma région, même si normalement, c’est à l’Etat de prendre en charge la Santé. Nous avons l’avantage d’avoir une région bien gérée avec des moyens, alors on y va et on donne de l’espoir aux territoire ruraux », indique Laurent Wauquiez, Président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.
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