L’intégration et la coopération euro-méditerranéenne ne se décrétant pas, elle se construit pas à pas. La Région Sud, engagée depuis cinq ans dans ce projet fédérateur, a tenu, le 6 décembre 2022, l’Acte V de Méditerranée du Futur. Une édition plus resserrée et plus compacte avec une seule journée ouverte au public axée sur le climat et la protection de la Méditerranée. Une édition marquée par le lancement d’un fonds vert voué à réunir 1 md d’euros sous trois ans. Retour sur les moments phare de cette édition. Reportage.
Que peuvent faire les méditerranéens face à la superposition des crises climatiques, énergétiques, sanitaires et géopolitiques ? Au-delà des discours, des consensus difficiles à réunir à l’échelle internationale comme en témoigne la dernière Cop 27 de Charm el Cheik, le dialogue à l’échelle méditerranéenne à travers le 5+5 et l’Union pour la Méditerranée s’étoffe depuis cinq ans grâce à l’implication des autorités locales. Les régions, les wilayas sont convaincues d’être la bonne échelle d’intervention pour agir.
« En matière d’adaptation au changement climatique, j’opte pour la décentralisation auprès des villes méditerranéennes », assure Amel Makhlouf, coordinatrice experte du projet Climat Med de l’Union européenne pour le Maghreb et présidente de l’association des ingénieurs pour les Pays Méditerranéens.
C’est le parti pris de la Région Sud, depuis 2017, avec son rendez-vous annuel « Méditerranée du Futur » qui au fil de chaque édition traite d’une thématique précise et rassemble toujours plus de visiteurs. Après la jeunesse, la santé, l’investissement, l’édition 2022, qui s’est tenue le 6 décembre au Parc Chanot de Marseille, a accordé une large place au changement climatique avec des tables-rondes et ateliers thématiques sur l’adaptation des territoires, la sobriété énergétique, la sécurité et la souveraineté alimentaire.
En marge des débats, un village, composé de 17 exposants, présentant des solutions en faveur du climat. Cette année, 2 500 participants issus de 40 délégations au premier rang desquelles les pays issus du bassin Méditerranéen mais également des autorités de Djibouti et du Costa Rica. A noter, la venue la veille du prince Albert de Monaco et des échanges en marge avec différentes délégations.
« Faire entendre la voix de la Méditerranée dans les négociations climatiques »
« Tout nous unit, quelle que soit la région, la religion, la situation géopolitique. Nous sommes tous confrontés aux mêmes problèmes de traitement des déchets, de pollution, de sécheresse, de gestion des ressources. Qu’il s’agisse du port de Marseille, d’Alexandrie, de Tunis nous faisons face à l’enjeu de la réduction de la pollution des villes portuaires et nous devons offrir des solutions. La Région Sud est pilote en France de la planification écologique et nous allons voter en Assemblée plénière, le 16 décembre, le premier budget vert d’Europe et nous signons une charte de création d’un fonds d’investissement vert de 1 md € », a annoncé le président de Région, Renaud Muselier.
Temps fort de cette cinquième édition, la création d’un fonds pour une Méditerranée exemplaire à l’horizon 2030 (Pliff, PAMEx Locally Investment Facility) destiné à financer les infrastructures en Méditerranée. Fort du succès du plan régional escale zéro fumée, la Région Sud est à l’initiative de ce Pliff dont l’un des volets principaux porte sur la décarbonation des ports avec des solutions de courant de quai proposées aux navires en escale (La Goulette, Bizerte en Tunisie, Tanger au Maroc et le port algérien de Bejaia).
Une annonce saluée par l’Office de la Marine Marchande et des ports tunisiens (OMMP). « Nous sommes présents à Marseille afin d’identifier des fonds destinés à financer la transition énergétique des ports de commerce tunisiens et pour échanger sur les transferts de savoir-faire, de renforcement des capacités et des assistances technique », a souligné Atef Arfa, directeur de l’Énergie au sein de l’OMMP.
Ce Pliff financera des projets destinés à valoriser la préservation de la biodiversité marine la maîtrise des déchets, de l’assainissement zéro plastique de la Méditerranée et la valorisation des déchets de pêche. « Le Pliff aura un rôle clé pour financer les investissements positifs. Au sein de l’Union pour la Méditerranée nous sommes conscients que le coût de l’inaction sera plus élevé que le coût de l’action. Sur le pavillon Méditerranée à Charm El Cheikh, la coalition d’acteurs a permis de faire entendre la voix de la Méditerranée dans les négociations climatiques », a déclaré le secrétaire général de l’UPM Kamel Nasser.
Renforcement des moyens de lutte contre les incendies
Intervenant en distanciel, le commissaire européen chargé de la gestion des crises Janez Lenarcic, a annoncé un renforcement des moyens de lutte contre les incendies : « Nous voulons doubler notre flotte avions et nous allons lancer un programme en Méditerranée de coopération sur les désastres issus du changement climatique ».
L’été 2022 a été particulièrement dévastateur avec la multiplication des incendies. « Les sapeurs-pompiers sont les premiers confrontés aux conséquences du changement climatique avec les feux cet été en Gironde. Nous sommes aussi intervenus l’an dernier en Grèce. Nous sommes les soldats du climat, de la vie car nous avons vacciné les populations contre le Covid et sommes les soldats de la paix car nous avons été en Ukraine », souligne Grégory Aliaga, président de la fédération nationale des sapeurs-pompiers de France.
Les phénomènes climatiques sont de plus en plus fréquents, sévères et de très forte intensité. Bernardo Aliaga Rossel, expert des tsunamis à l’Unesco a expliqué que l’élévation du niveau de la mer n’avait pas d’effet direct sur les tsunamis mais qu’il était indispensable de s’y préparer. « 50 cm d’eau suffisent à faire tomber un adulte. En Méditerranée cinq centres régionaux chargés des prévisions de tsunamis et positionnés en Italie en Grèce en Turquie en France et au Portugal donnent l’alerte aux autorités en en 10 mn », a souligné Bernardo Aliaga Rossel.
Si Méditerranée du Futur acte V a laissé également une large place à la jeunesse, à la culture, la crise des réfugiés et des migrants n’ont pas été abordés, malgré l’actualité récente avec les rescapés de l’Ocean Viking.
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