Le monde du travail se réinvente sous nos yeux. Trois ans après sa dernière édition, le Baromètre des implantations tertiaires de l'Association des Directeurs Immobiliers (ADI) révèle des transformations profondes dans la conception et l'utilisation des espaces professionnels.
Dans un contexte économique incertain, marqué par l’inflation, la hausse des taux d’intérêt et l’essor du télétravail, les entreprises françaises repensent radicalement leur stratégie immobilière. L’étude, menée auprès de 282 dirigeants, dresse un portrait saisissant de cette mutation.
Un marché en pleine reconfiguration
Entre 2015 et 2024, pas moins de 14 107 implantations et extensions d’immeubles tertiaires ont été répertoriées, générant 451 811 emplois. L’année 2022 a connu un rebond significatif avec 1 521 projets, en hausse de 10% par rapport à 2021, prolongeant la dynamique post-pandémique. Cependant, ce mouvement s’est progressivement essoufflé, avec 1 287 implantations en 2023 et 1 203 en 2024.
La moitié des entreprises anticipent une réduction de leurs surfaces immobilières dans les cinq prochaines années. Plus précisément, 39% envisagent une légère diminution jusqu’à 20%, tandis que 11% prévoient une réduction plus conséquente de plus de 20%. Un quart des répondants maintiennent des surfaces stables, et seulement 21% envisagent une augmentation.

Le flex-office, nouvelle norme organisationnelle
Le flexible office est devenu la règle plutôt que l’exception. Près de 70% des entreprises ont adopté ce modèle, bouleversant les configurations traditionnelles des espaces de travail. Cette transformation se traduit par des décisions concrètes : 69% ont réaménagé l’intérieur de leurs bureaux, et 56% ont renouvelé leurs baux, principalement pour renégocier les conditions financières.
Un tiers des entreprises n’a pas reconduit ses baux ou les a résiliés anticipativement. L’objectif principal ? Réduire l’empreinte immobilière dans 91% des cas, déménager vers des locaux de meilleure qualité pour 78% d’entre elles, et regrouper les espaces tertiaires pour 54%.
De nouveaux critères de sélection
L’accessibilité est devenue le critère dominant. 82% des répondants considèrent la localisation et la proximité des infrastructures de transport comme essentielles. Le métro, le tramway et la desserte sont désormais des éléments décisifs dans le choix d’un espace professionnel.
Le coût par collaborateur occupe la deuxième place des préoccupations, avec 45% des dirigeants l’identifiant comme un facteur clé. La performance environnementale, quant à elle, est devenue un standard si bien intégré qu’elle ne constitue plus vraiment un critère différenciant pour 36% des entreprises.

Le bureau, outil de cohésion sociale
Plus qu’un simple espace de travail, le bureau est aujourd’hui perçu comme un levier de cohésion sociale. 81% des entreprises le considèrent comme un lieu essentiel pour encourager le travail d’équipe, et 51% y voient un moyen de renforcer la culture d’entreprise et le sentiment d’appartenance.
Les relations avec les bailleurs évoluent également. Bien que 76% des entreprises soient satisfaites de leurs propriétaires, 60% réclament plus de flexibilité. Elles souhaitent des zones tampons, des loyers ajustables et des baux plus courts. Fait révélateur : plus de la moitié seraient prêtes à payer un surloyer de 10% en échange de cette flexibilité.
Vers de nouveaux horizons professionnels
Ce baromètre illustre une transformation profonde. L’immobilier tertiaire ne se conçoit plus comme un simple espace physique, mais comme un outil stratégique au service de l’innovation, de la collaboration et du bien-être des collaborateurs.
Les entreprises dessinent un nouveau paradigme où flexibilité, efficacité et sens sont les maîtres mots. Le bureau du futur sera certainement plus adaptable, plus connecté et plus humain que jamais.
Source : Baromètre des implantations tertiaires 2024 – Association des Directeurs Immobiliers (ADI)
Réagissez à cet article