Le secteur des travaux publics connaît sa « pire année depuis 30 ans » et s'attend à perdre 15.000 emplois en 2015, pris en tenaille entre la baisse des dotations aux collectivités locales et les retards accumulés sur le démarrage de grands projets.
Depuis 2008, l’activité des TP s’est réduite d’un quart, causant la perte de 33.000 emplois, a regretté jeudi 5 novembre la Fédération Nationale des Travaux Publics (FNTP). Celle-ci a confirmé s’attendre à une chute de l’activité de 8% en 2015, après -7% l’année précédente.
Septembre a été le 17e mois consécutif de baisse d’activité pour les entreprises du secteur, dépendantes à 70% d’une commande publique qui se réduit comme peau de chagrin.
« C’est la pire année depuis 30 ans, et il y a eu une accélération extrêmement forte des pertes d’emplois en 2015 », s’est alarmé Bruno Cavagné, le président de la FNTP, auprès de l’AFP.
Sur les douze mois écoulés à fin juillet, 269 défaillances d’entreprises ont été constatées, soit 66% de plus qu’à la même période, un an plus tôt. Le secteur comptait 7.600 entreprises à fin septembre.
« C’est un véritable drame, imaginez dans quel état sont nos petites entreprises ! », s’est ému M. Cavagné, faisant « l’autopsie d’un secteur en crise » lors d’une conférence de presse.
« Sommes-nous morts ou au seuil de la mort ? Nous n’en sommes en tout cas pas loin », a-t-il poursuivi, d’autant que 2016 ne verra pas de reprise : la FNTP anticipe un recul de l’activité de 3%, menaçant 7.000 emplois.
La FNTP souligne le vif contraste entre un secteur du bâtiment, soutenu par l’Etat, qui « va repartir », et celui des travaux publics qui « s’enfonce dans la crise » et voit « très peu d’actes » des pouvoirs publics en sa faveur.
Les collectivités locales verront leurs dotations diminuer de 3,7 milliards d’euros en 2016, comme cette année, après un recul de 1,5 milliard en 2014, ce qui fait de l’investissement local « le parent pauvre des budgets publics », souligne la FNTP. Ces collectivités locales qui fournissent 40% de leur activité aux TP, devraient l’an prochain réduire leurs commandes de 6,4%.
Quant au budget de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf), il n’est « toujours pas à la hauteur des annonces », avec des recettes inférieures de 600 millions au « besoin de financement annuel minimum » des projets en cours.
Pour la FNTP, « il faut enfin qu’on arrive à financer a minima les grands projets ».
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