Une nouvelle étude, menée sur plusieurs dizaines d'EPCI de la région, permet de mieux appréhender la situation des intercommunalités les plus touchées par le chômage. Elle met en évidence l’actualisation du travail d’identification de ces territoires à enjeux, en exploitant les dernières données en la matière. Analyse.
Après une étude publiée au printemps 2021, « Dynamique du chômage et de l’emploi : une analyse territorialisée », montrant que le taux de chômage variait selon les territoires de Nouvelle-Aquitaine, une nouvelle publication présente désormais la synthèse de travaux menés par l’équipe du service « Etudes et prospective » de la Région, en partenariat avec l’agence A’Urba. Une analyse qui permet de mieux appréhender la situation des intercommunalités les plus touchées par le problème du chômage.
Malgré une dynamique nationale de diminution du taux de chômage, de fortes disparités territoriales existent. Car à l’échelle des EPCI de France métropolitaine, les taux de chômage varient de 3,5% à 25,3% en 2018. Concernant la Nouvelle-Aquitaine, ces variations sont moins fortes mais restent non négligeables avec des taux de chômage variant de 7,7% (CC des Vallées du Clain, dans la Vienne) à 17,0% (CC du Pays Foyen, en Gironde et en Dordogne), soit un rapport de plus de 2 pour 1.
Photo ci-dessous : ©Ville de Blaye
Des facteurs multiples
Pour l’étude, l’équipe régionale a mis en œuvre des analyses statistiques approfondies afin d’identifier les principaux déterminants des différences géographiques observées. Il en résulte deux ensembles de déterminants :
1/ Caractéristiques et ressources des PERSONNES : on parle là des problèmes de formation (faible niveau de qualification des personnes), de mobilité (faible taux d’équipement en voiture), de services à la population (question de la garde d’enfants pour les familles monoparentales par exemple).
Photo ci-dessous : ©Ville de Périgueux
2/ Situation géographique et dynamique socioéconomique des TERRITOIRES : on parle ici du taux de chômage plus élevé sur les territoires littoraux et sur les territoires dynamiques sur le plan démographique (chômage d’attraction), de l’attraction potentielle de demandeurs d’emploi sur les territoires où l’accès et le prix des logements sont plus faibles (territoires montagneux et agricoles), de la relation significative inverse entre croissance de l’emploi et taux de chômage, du taux de chômage plus élevé sur les territoires où le taux d’emplois précaires (saisonniers notamment) est élevé.
Des différences d’un territoire à l’autre
La part de mobilité domicile-travail hors EPCI contribue ainsi à plus de 47% et à près 58% dans la hausse du taux de chômage sur les territoires respectivement de la CC Coeur Haute Lande (Landes) et de la CC de Blaye (Gironde). Mais sur ces deux mêmes territoires, l’accueil des enfants de moins de 3 ans compte respectivement pour 53% et 58% dans la baisse du taux de chômage.
Photo ci-dessous : ©Château de Pau
Autre exemple : la part des emplois précaires contribue pour près de 26% dans l’augmentation du taux de chômage sur le territoire de la CC du Pays Foyen (Gironde et Dordogne) et pour 21% sur le territoire de la CC Creuse Grand Sud (Creuse).
Du côté de la CA Pau Béarn Pyrénées (Pyrénées-Atlantiques), la part des ménages sans voiture et la part des familles mono-parentales contribuent respectivement pour 17% et 34% dans la hausse du taux de chômage. Par ailleurs, la part de la population non diplômée représente 37% des facteurs déterminants dans cette hausse du taux de chômage sur le territoire de la CC Isle Double Landais (Dordogne), et près de 36% sur celui de la CC des Coteaux et Landes de Gascogne (Lot-et-Garonne).
Autre facteur entrant en jeu dans la hausse locale du taux de chômage : le taux de croissance de la population entre 2013 et 2018, qui compte pour 8% sur le territoire de la CC Côte Landes Nature (Landes) et pour 7% sur celui de la CC des Grands Lacs (Landes).
À l’inverse un facteur contribue à la baisse du taux de chômage : le taux de croissance de l’emploi entre 2013 et 2018 qui compte pour 7% sur le territoire de la CC Val de Charente (Charente) et près de 2% sur celui de la CC de l’Île de Ré (Charente-Maritime).
Photo ci-dessous : ©Office de Tourisme de l’Île de Ré
D’autres facteurs déterminants
Les dynamiques sur le marché du travail et la spécialisation des territoires, qui relèvent quant à elles de processus macro-territoriaux, apparaissent également comme des déterminants communs explicatifs du chômage sur les 12 territoires à très fort enjeu. D’autres problématiques telles que le chômage d’attraction sont plus spécifiques et s’expriment en particulier dans les territoires en croissance démographique et littoraux.
Parmi les enseignements les plus pregnants : la fragilité des jeunes publics, les problèmes de santé, l’importance des barrières psychologiques qui affectent à la fois les capacités à se déplacer, à se former et à travailler.
Des différences qui n’expliquent pas tout
Une analyse qualitative à partir de 64 entretiens auprès des acteurs des territoires de Nouvelle-Aquitaine a permis de préciser et d’élargir le spectre des thématiques prises en compte dans l’analyse statistique.
Cette nouvelle étude enseigne que la mobilité, les caractéristiques sociales des personnes, les dynamiques sur le marché du travail et la spécialisation des territoires sont évidemment des facteurs déterminants. Mais d’autres problématiques telles que le chômage d’attraction, la fragilité des jeunes publics, les problèmes de santé, l’importance des barrières psychologiques qui affectent à la fois les capacités à se déplacer, à se former et à travailler comptent également.
Photo ci-dessous : ©Office de Tourisme des Landes
Source : Région Nouvelle-Aquitaine
Photo de couverture : ©Office de tourisme de Creuse
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