Après la Drôme et l’Hérault, Hugues Moutouh vient de s’installer à Nice. Volontaire, combattant, centré sur des questions régaliennes et de la sécurité avec une casquette entrepreneuriale, le nouveau préfet a déroulé sa feuille de route et ses priorités.
Bulldozer… ce surnom que les journalistes lui ont donné notamment dans l’Hérault où Ecomnews a pu le suivre durant 3 ans, ne le choque absolument pas ! « On a très peu de temps pour agir, pour impulser, explique Hugues Moutouh aux journalistes. Il faut beaucoup d’énergie. Je m’empare des sujets et je ne lâche pas. »
Le nouveau préfet se dit très heureux de venir dans les Alpes-Maritimes, département prestigieux et ô ! combien exigeant pour un représentant de l’État. Le département « où l’on est en première ligne sur la ligne de front : à la frontière avec l’Italie, sous le feu des projecteurs avec la crise migratoire ». Sa mission est aussi « la lutte contre l’ensauvagement de la société ». L’ancien chef d’entreprise, Hugues Moutouh, pense aussi à l’économie, et promet de tout faire pour que les entreprises puissent aller encore plus loin. Le programme est chargé et le ton est donné !
Les frontières sont tenues
Hugues Moutouh n’a pas perdu du temps. Dès son arrivée dans les Alpes-Maritimes, il s’est rendu à la frontière franco-italienne, à plusieurs points de passage autorisé. Impressionné par la motivation, enthousiasme et mobilisé, il dresse un premier bilan : « Les frontières sont tenues car nous avons déployé des forces sans précédent : 400 personnels par jour venant d’unités et forces différentes positionnés à la fois sur la ligne de frontière et en profondeur jusqu’à 2 kilomètres. On a quatre forces mobiles, deux compagnies républicaines de sécurité (CRS), deux escadrons de gendarmerie, des sections sentinelle, légionnaires, chasseurs alpins, douaniers en plus des gendarmes et policiers… une force impressionnante, assure le premier policier du département tout en rappelant le cadre juridique et contexte démocratique qui est le nôtre. »
Et de souligner que depuis le début de l’année plus de 35 000 d’étrangers en situation irrégulière ont été interpellés et quelque 400 passeurs. Sur les 158 personnes interpellées la veille « il y a 78 Tunisiens, puis des Guinéens, des Ivoiriens, d’autres Maghrébins… ces ressortissants viennent des pays sûrs, je me refuse donc d’utiliser le terme migrant, il s’agit d’étrangers en situation irrégulière. Aujourd’hui on est face à un flux d’immigration clandestine ! », insiste le nouveau préfet imposant son autorité : « Nous sommes légitimes à agir, à les bloquer et à les renvoyer chez eux ».
En ce qui concerne les mineurs non accompagnés, Hugues Moutouh, fustige la stratégie d’abandon délibéré de passations de responsabilité aux états européens et souligne la « déresponsabilisation coupable des parents qui remettent leurs enfants à des passeurs, membres des réseaux criminels. Ces enfants-là, par la suite, tombent dans les mains des réseaux mafieux. Aux Moulins (quartier sensible de l’ouest de Nice, ndlr), 60 % des interpellés des points de deal sont des étrangers en situation irrégulière et sur ces 60 %, 40 % en sont des mineurs ».
Le ton est donné ! Le préfet ne connaît pas la langue de bois, les étrangers en situation irrégulière venant des pays qui ne sont pas en guerre sont clairement dans son viseur.
La lutte contre le trafic des stupéfiants
Dans le viseur du préfet également les stupéfiants. Dans ce sens, il compte mettre en place une stratégie ferme pour éradiquer le trafic des stupéfiants et précise vouloir s’en prendre davantage aux consommateurs « en pilonnant les points de deal ».
Pour cela Hugues Moutouh n’a pas peur d’innover, d’utiliser l’intelligence artificielle et d’appliquer les recettes qui marchent ailleurs en fonction de la cartographie de la délinquance. Si le régalien et la lutte contre l’ensauvagement de la société sont au cœur de sa mission, Hugues Moutouh est conscient que « Zéro-délinquance n’est pas possible ». Pourtant le représentant de l’État ne lâche rien : « Le cœur de la ville doit être sécurisé, en particulier pour les femmes », souligne-t-il.
Donner la possibilité aux entreprises d’aller plus loin
Ancien chef d’entreprise, Hugues Moutouh, trouve le département des Alpes-Maritimes « extrêmement attractif économiquement. Tout le monde a envie d’avoir un siège ici, il y a une effervescence entrepreneuriale ».
Conscient qu’un chef d’entreprise demande à l’État seulement de ne pas être bloquant, il promet d’appliquer les lois et surtout de donner la possibilité aux entreprises d’aller plus loin.
« Il faut, le plus en amont possible, être au courant des projets des élus et des partenaires privés et se dire que notre objectif, c’est l’installation d’une entreprise, l’extension d’une ligne de production, ou l’arrivée sur un nouveau site, et à partir de là, savoir comment faire. Si l’idée du chef d’entreprise n’est pas la bonne, nous ne les laisserons pas se casser les dents face à la loi sur l’eau ou autre. Je ne suis pas là seulement pour appliquer la réglementation du ministère de la Transition écologique mais aussi pour appliquer les directives et relayer les impulsions de Bruno Lemaire à Bercy. C’est ma responsabilité de faire la synthèse et de l’interpréter de façon constructive », a souligné Hugues Moutouh lors de sa première rencontre avec les journalistes maralpins.