Lors de la présentation du Baromètre du Cognac, organisée par PKF Arsilon, un état des lieux complet de la filière a été dressé devant une centaine d'exploitants viticoles. Ce rendez-vous, qui a lieu tous les deux ans, est devenu incontournable pour les acteurs du secteur. Cette édition a mis en lumière les tendances actuelles, les défis à venir et les principaux indicateurs économiques de la filière.
Le Baromètre du Cognac, fondé sur les données de près de 300 exploitations suivies par PKF Arsilon et les statistiques du Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC), a révélé des évolutions notables.
En 2023, bien que le chiffre d’affaires global ait atteint 3,346 milliards d’euros, les expéditions mondiales de cognac ont reculé de 22 % en volume, un reflet d’une tendance de marché préoccupante.
La récolte 2023 s’est distinguée par une production record de 1,145 million d’hectolitres d’alcool pur distillé, la plus importante des 30 dernières années.
Cette abondance offre des opportunités de production, mais soulève également des défis logistiques et commerciaux, notamment en raison des limites de rendement autorisées.
Le marché nord-américain, traditionnellement le plus important pour le cognac, a subi une baisse significative de 41 % des expéditions entre 2021 et 2023, tandis que les exportations vers l’Extrême-Orient, principalement vers la Chine, sont restées stables.
Toutefois, cette stabilité est désormais menacée par les récentes tensions commerciales entre l’Union européenne et la Chine.
Tensions commerciales et menaces de surtaxes
L’interprofession du cognac s’estime “sacrifiée” après le feu vert donné par l’UE à l’imposition de droits de douane sur les voitures électriques importées de Chine. Cette décision pourrait entraîner des surtaxes sur les brandys européens, dont le cognac représente 95 % des importations en Chine.
Le BNIC a exprimé sa frustration face à cette situation, déclarant que leurs demandes de report du vote et de solutions négociées avaient été ignorées. Ils craignent que la guerre commerciale entre Bruxelles et Pékin ne nuise gravement à la filière.
Les maisons de négoce ont reçu récemment des “notifications d’intention de taxes” qui pourraient s’élever à 35 % en moyenne. Pour la première fois depuis 1998, l’ensemble de la filière a manifesté dans les rues de Cognac pour alerter sur la menace d’une possible “disparition du marché chinois”.
Ce marché absorbe un quart des exportations en valeur du spiritueux charentais et représente jusqu’à 60 % du chiffre d’affaires de certaines maisons, aggravant encore les inquiétudes.
Impact des événements géopolitiques
Jean-Pierre Cointreau, Président de la Maison des Vins & Spiritueux, a souligné l’impact des récents événements géopolitiques sur l’industrie des spiritueux, avec une augmentation des coûts de production et une pression fiscale élevée.
Vincent Nobileau, associé et responsable du bureau de Cognac chez PKF Arsilon, a quant à lui évoqué l’importance de ce Baromètre dans un contexte économique incertain, mettant en avant la résilience de la filière viticole.
Il a également souligné que les contraintes actuelles pourraient catalyser l’innovation, notamment en matière de viticulture de précision, de technologie, de robotique, de formation et de développement durable.
Dans un environnement de plus en plus complexe, cette présentation souligne la nécessité pour les acteurs de la filière de s’adapter, d’innover et de repenser leurs modèles économiques pour surmonter les défis à venir.