Nous avions tous rendez-vous ce 15 septembre, le président de Nîmes Métropole Franck Proust, le Préfet du Gard, le Président de l’EPTB Vistres, le Département du Gard, l’entreprise RAZEL-BEC pour célébrer la sortie du tunnelier Claude-Jordane qui symbolise la fin du creusement du tunnel du cadereau des Limites à Nîmes. C’est un chantier qui a mobilisé 52 millions d’€ qui doit mettre en sécurité des épisodes cévenols et des inondations 34 000 Nîmois. Reportage vidéo.
La Métropole de Nîmes, située dans un territoire particulièrement vulnérable aux inondations en raison de crues intenses et de ruissellements torrentiels comme les événements tragiques de 1988 et 2005, a mis en œuvre une stratégie complète de prévention depuis plus de 30 ans.
Depuis le 1er janvier 2018, elle exerce la compétence “Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations” (GEMAPI), qui lui permet d’investir massivement dans l’aménagement hydraulique et la gestion des risques.
Au total, près de 400 millions d’euros ont été engagés depuis les années 1990, avec des financements partagés entre l’État, la Région Occitanie, le Département du Gard et la Métropole elle-même. Ces actions s’inscrivent principalement dans le cadre des Programmes d’Actions de Prévention des Inondations (PAPI), dont le troisième (PAPI 3 Vistre, 2022-2028) représente un investissement de 113 millions d’euros. Plus de 90 000 habitants (sur 260 000) vivent en zone inondable sur le territoire.Voici un aperçu structuré des principales actions menées par la Métropole de Nîmes.
Elles se divisent en aménagements hydrauliques, réduction de la vulnérabilité et sensibilisation.Les aménagements hydrauliques et infrastructures.
La Métropole priorise la restructuration des cours d’eau (comme le Vistre et les cadereaux) pour augmenter la capacité d’écoulement et retenir les eaux en amont. Ces travaux visent à protéger contre des crues centenaires, bien que des événements millénaires (comme en 1988) restent un défi.
“En juillet 2024, l’inauguration du tunnelier marquait le lancement d’un chantier majeur intégré au programme PAPI 3 (Programme d’Actions de Prévention des Inondations), l’un des plus importants de France hors région parisienne avec un budget de 130 millions d’euros. Cette opération spécifique, d’un montant de 52 millions d’euros, vise à protéger 34 000 habitants et 12 000 emplois dans la partie orientale de la ville.
L’investissement total avoisine désormais 400 millions d’euros sur une période de vingt ans. Cette somme prend tout son sens lorsqu’on la compare aux dégâts causés par les inondations catastrophiques du 3 octobre 1988, qui avaient englouti plusieurs milliards d’euros et provoqué des pertes humaines dramatiques. La protection des biens et des personnes constitue une compétence prioritaire pour Nîmes Métropole, et ce projet illustre concrètement l’engagement de la collectivité dans cette mission” a expliqué Franck Proust, Président de Nîmes Métropole.
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Programmes PAPI successifs :
- PAPI 1 (2007-2014) : Aménagement du cadereau d’Alès pour réduire les débordements urbains. Investissement total : environ 92,6 millions d’euros (dont 70 millions en travaux), avec 45,5 millions par la Ville de Nîmes (transférée à la Métropole en 2018).
- PAPI 2 (2015-2021) : Extension aux communes du bassin versant du Vistre, avec poursuite des aménagements des cadereaux d’Alès et d’Uzès. Travaux sur 7 axes, incluant la réduction de la vulnérabilité et le déploiement de bassins de rétention.
- PAPI 3 Vistre (2022-2028) : Budget de 113 millions d’euros, co-financé à 50 % par l’État, 10 % par la Région et 10 % par le Département. Actions clés :
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Bassins de rétention et barrages :
- 19 bassins existants totalisant 1 million de m³ de capacité, dont le bassin de Caveirac (2 millions de m³ dans une ancienne carrière).
- Nouveaux bassins en construction dans le cadre du PAPI 3, comme celui de la Rome française (1,8 million de m³ supplémentaires).
- 18 barrages écrêteurs en amont de Nîmes (capacité totale : 800 000 m³), créés dès le Plan de Protection Contre les Inondations (PPCI, 1990-2006).
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Ouvrages spécifiques :
- Travaux d’endiguement du Vistre pour protéger des communes comme Caissargues.
- Aménagements du cadereau de la route d’Alès, avec reprise de la circulation à double sens et amélioration de la protection urbaine.
- Entretien et gestion des digues, barrages et cours d’eau pour prévenir les débordements.
Ces infrastructures ont déjà permis de limiter les dommages lors d’épisodes récents, et la Métropole vise à devenir une référence européenne en prévention des inondations.La réduction de la vulnérabilité des biens et des personnes
Au-delà des grands travaux, la Métropole accompagne les habitants et entreprises pour adapter les zones existantes.
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Dispositif Nîm’Alabri :
- Lancé en 2015 à Nîmes et étendu en 2018 à d’autres communes du Vistre, puis à l’ensemble de la Métropole début 2023.
- Diagnostic gratuit des logements en zone inondable (définie par les Plans de Prévention des Risques d’Inondation – PPRI, approuvé en 2012 et modifié en 2014).
- Accompagnement personnalisé et aides financières pour des adaptations (ex. : installation de batardeaux, élévation de planchers).
- Partenariat avec l’ANAH, l’État, la Région, le Département et la Ville pour l’Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat, de Résilience aux Inondations et de Renouvellement Urbain (OPAH-RU) dans le quartier Richelieu (2018-2023).
- Élargi aux entreprises : 562 diagnostics réalisés à Nîmes, avec extension à 8 000 activités en zone inondable d’ici 2027.
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Maîtrise de l’urbanisation :
- Application stricte des PPRI pour limiter les constructions en zones à risque et favoriser les délocalisations amiables.
- Actions de réduction de la vulnérabilité pour les bâtiments publics et privés.
Sensibilisation et aide d’urgence
- Campagnes de sensibilisation : Jeux, discussions, films et expositions pour éduquer sur les bons comportements face aux inondations rapides. Les enfants sont ciblés comme prescripteurs pour sensibiliser les familles.
- Aide aux sinistrés : En cas d’événements, distribution d’eau potable, aides financières (ex. : 100 000 € votés en 2014 pour les communes sinistrées) et coordination avec les services d’urgence.
- Partenariats : Collaboration avec l’Établissement Public Territorial de Bassin (EPTB) du Vistre pour une approche globale du bassin versant.
Pour quelles perspectives et défis ? La Métropole continue d’investir 8 à 10 millions d’euros par an dans les réseaux d’eau pour éviter les fuites aggravant les inondations. Franck Proust, président de Nîmes Métropole, plaide pour un financement étatique renforcé (visant 42 millions d’euros pour le PAPI 3).
Malgré ces efforts, un événement millénaire comme celui de 1988 (420 mm de pluie) reste difficile à contrer pleinement.