Le projet du ministère du la Justice de créer une cité judiciaire dans un bâtiment de 40 000 m2 dans le quartier d’Arenc à Marseille a soulevé la fronde des avocats et des commerçants qui risquent d’être privés de 18,3 millions d'€ par an de retombées économiques. Réunis à la CCI Aix-Marseille-Provence (CCIAMP) le 19 avril, ils réclament des discussions avec l’État, un changement de méthode. Ils veulent rester dans l’hyper-centre…
Les avocats ont le verbe haut, ils excellent dans l’art oratoire surtout pour défendre leur propre cause ! Le 19 avril, le bâtonnier et ses pairs étaient venus en nombre dans le salon d’honneur du Palais de la Bourse de la CCI, aux côtés des commerçants et des représentants des syndicats professionnels UPE13 et CGPME pour dénoncer le projet du ministère de la justice visant à installer une Cité judiciaire en dehors du cœur de ville.
« Pourquoi partir ? Pourquoi 40 000 m2 ? Pourquoi ne pas valoriser les locaux vacants du centre-ville ? », questionne le bâtonnier du Barreau de Marseille, Mathieu Jacquier. Ce dernier dénonce l’absence de concertation avec les professionnels sachant que sept avocats sur dix possèdent leur cabinet à moins de dix minutes du Palais de Justice.
Lors de cette « plaidoirie collective « de plus de deux heures pour que la justice demeure en centre-ville de Marseille, au Palais Monthyon et dans les bâtiments annexes, les résultats d’une étude conduite par la CCI ont été présentés.
Selon l’enquête, menée en mars dernier auprès de 850 avocats, les hommes portant la robe et leurs salariés rapportent chaque année 18,3 millions d’euros aux commerçants du centre dont 40% dans les dépenses de restauration.
« Les avocats se rendent en moyenne trois fois par semaine au restaurant avec un ticket moyen de 25 € soit 5,7 millions d’€ par an qui bénéficient directement aux restaurants voisins du palais de justice. Ce projet de transfert risque de tuer le centre-ville. À quoi bon revaloriser l’hyper centre pour ensuite décider de déménager les fonctions judiciaires ? », questionne Bernard Marty, président de l’UMIH des Bouches-du-Rhône.
Les autres achats effectués en ville atteignent 10,9 millions d’€. Outre l’impact économique d’un tel départ, les avocats dénoncent également les conséquences sur la qualité de vie car ils vivent aussi à proximité du tribunal et se rendent à pied au travail.
« Pourquoi ne pas lancer un concours d’architectes et faire travailler les étudiants pour construire une cité judiciaire en ville ? Je suggère que le préfet de Région soit nommé à la tête d’une mission de concertation aux côtés des acteurs locaux, du monde économique, des avocats, des restaurateurs et des collectivités », préconise Jean-Luc Chauvin, président de la CCIAMP.
Selon le bâtonnier, la décision de l’Etat sera prise fin juin 2023 pour que l’achèvement de cette « tour de 40 étage » soit concomitante avec l’achèvement des baux actuels. Un prétexte, selon maître Jacquier. À 81 ans, l’homme politique socialiste marseillais Michel Pezet, a remis sa robe pour souligner l’importance de cette fonction centrale de la vie de la cité. Il s’inquiète également de cette tour qu’il conçoit comme un projet d’enfermement de la justice. On ferme, on cloisonne ». Ce projet de Cité judiciaire verrait le jour dans le quartier Euroméditerranée et représenterait un investissement de 250 millions d’€.
Crédit photos : ©Nathalie Bureau du Colombier
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