Aude : Habitat Audois maille le territoire pour répondre aux 12 000 demandes de logement social sur le département

9h00, Fleury d’Aude. Marie-Christine Bourrel, Présidente d’Habitat Audois, visite le chantier de la Placette. “C’est un projet pharaonique qui dure depuis 15 ans maintenant“, explique-t-elle.

Cette reconstruction au cœur du village illustre parfaitement la philosophie du premier bailleur social de l’Aude : s’adapter aux spécificités de chaque territoire, qu’il s’agisse de gros projets urbains ou de petites opérations dans les villages.

Deux heures plus tard, rendez-vous à Pouzols-Minervois, commune de 400 habitants, pour l’inauguration de la résidence “Les Amandiers”. 

Cinq logements seulement, qui représentent un enjeu majeur pour cette petite commune du Minervois. “Nous avons des jeunes du village qui ont pu s’installer, avoir un joli appartement“, se félicite Claude Guibbert, le maire. “C’est très important, surtout pour l’école, parce nous avons eu une classe fermée en début d’année scolaire.“

Les craintes initiales de la population se sont vite dissipées : “Les gens avaient peur que ce soit des étrangers au village qui viennent. Finalement, ce sont que des gens du village qui habitent ces logements.” 

Une réussite qui tient aussi à l’architecture, conçue par une femme architecte. “Je trouve qu’il y a cet aspect pratique et pragmatique du logement, reconnu aussi par les locataires ” note Marie-Christine Bourrel.

L’après-midi, direction La Redorte, où se profile une opération d’ampleur différente. Vingt-cinq logements sont en cours de construction, fruit d’un partenariat avec le promoteur Nexity. 

Ici, l’enjeu dépasse la simple production de logements. “Pour nous, c’est une bouffée d’oxygène“, explique Christian Magro, maire de la commune et vice-président de Carcassonne Agglo.

“Nous avons un manque crucial de logements, à la fois pour les jeunes couples qui veulent s’installer, mais aussi pour les personnes qui ont des difficultés à accéder à la propriété.“

La contrainte géographique complique la donne : « Nous avons 80% du territoire en zones inondables, très peu de zones constructibles », précise l’élu. 

D’où l’importance de ce programme qui prévoit une répartition équilibrée : “un tiers pour les seniors, un tiers pour les jeunes couples et un tiers pour des familles qui travaillent“, détaille Christian Magro. Une mixité sociale qui correspond à “l’ADN de La Redorte“.

Romain Celador, directeur général de Nexity Esprit Village Sud, confirme cette approche : “Ce que nous avons voulu faire, c’est une mixité sur l’opération par sa typologie et sa forme urbaine, de manière à répondre à l’ensemble des besoins de la population.” Avec une attention particulière portée aux personnes âgées : cinq logements du collectif leur seront spécifiquement destinés.

Ces réalisations s’appuient sur un écosystème partenarial solide. Danielle Dura, conseillère départementale, le souligne : « Nous accompagnons Habitat Audois et tous les bailleurs sociaux par une subvention et souvent, nous garantissons les emprunts. » Pour Pouzols-Minervois, c’est un emprunt de 742 000 euros que garantit le département.

Cette solidarité institutionnelle répond à une urgence sociale. « Nous avons des listes d’attente énormes », rappelle l’élue départementale. 

Marie-Christine Bourrel confirme : « 12 000 demandes de logement n’ont pas pu être honorées » dans le département.

La force d’Habitat Audois réside dans sa capacité d’adaptation. « Nous sommes dans 107 communes et nous travaillons aussi bien sur des programmes tels qu’ici à La Redorte, avec 25 logements, mais nous sommes aussi en capacité d’aller sur des toutes petites communes », explique la présidente. L’exemple de Cailhavel, où le presbytère a été transformé en deux logements, illustre cette souplesse.

Cette approche sur mesure permet aussi de répondre aux évolutions démographiques. « Nous faisons aussi de la réhabilitation, pour s’adapter à la dépendance, à la perte d’autonomie des personnes âgées », précise Marie-Christine Bourrel. 

Au-delà du logement, ces opérations irriguent l’économie locale. « Nous avons injecté beaucoup d’argent sur tous ces programmes et ça fait vivre les entreprises locales », revendique la présidente d’Habitat Audois. « C’est notre politique et nous souhaitons que tout le monde la respecte. »

Les retombées dépassent l’aspect économique. À La Redorte, l’arrivée de nouvelles familles devrait permettre « de maintenir les effectifs scolaires qui sont en baisse » et éviter une fermeture de classe prévue pour 2026. 

Chaque année, ce sont plus de 50 millions d’euros qui sont investis par Habitat Audois sur le territoire, dans la construction, la rénovation, l’entretien et l’amélioration de son patrimoine.

Fort de ses 7 000 logements actuels – le cap symbolique a été franchi au printemps dernier à Ferrals-les-Corbières – Habitat Audois voit grand. 

« Nous espérons construire d’ici quatre, cinq ans, 1 000 logements supplémentaires », annonce Marie-Christine Bourrel. Un objectif ambitieux qui s’appuie sur l’attractivité du territoire audois : « C’est vrai que le soleil, ça fait rêver. Nous avons la mer qui n’est pas très loin, la cité de Carcassonne… » 

Mais au-delà de l’image carte postale, c’est bien la volonté de « déstigmatiser le logement social » qui guide l’action du bailleur. 

« Tout le monde a le droit d’habiter dans un logement digne de ce nom », martèle sa présidente. 

Une conviction qui se traduit dans le soin apporté à chaque réalisation, avec des « grandes fenêtres dans toutes les pièces et des garages pour les logements individuels », détails qui font la différence dans le quotidien des locataires.

Cette journée type révèle finalement la recette d’Habitat Audois : une présence territoriale fine, des partenariats solides et une adaptation constante aux besoins locaux. De quoi espérer fêter bientôt le 8 000ème logement promet Marie-Christine Bourrel avec un sourire.