A mi-parcours de son quatrième mandat, Patrick Maugard, le Maire de Castelnaudary revient sur l'évolution de la ville, les grandes orientations et les projets d'avenir de Castelnaudary qui se trouve au point central de l’axe de communication entre le
Comment vous vous définisseriez en tant que Maire ?
Patrick Maugard : Quand vous êtes appelé aux responsabilités, vous ne recevez pas autre chose qu’une délégation de pouvoir. On attend de vous et de votre équipe de représenter la collectivité. Ayant en tête cette notion de délégation, il faut exercer le mandat mais aussi en rendre compte aux citoyens qui vous ont élu, comme à tous les autres. Pour cela, il existe plusieurs méthodes : revenir uniquement à la veille d’un rendez-vous électoral sur les actions accomplies ou bien aller vers les citoyens en leur rendant compte quasiment au quotidien de notre action. Et puis il y a aussi un moment marquant à la mi-mandat pour faire un point sur l’ensemble des réalisations achevées, celles en cours et celles qui vont être lancées. J’y ajouterai aussi le contact régulier lors de réunions de quartiers qui me permettent d’être pleinement au courant du « réel » de la ville. Enfin, je m’appuie sur les « remontées » d’informations que me donnent les élus référents de quartier en lien permanent avec les Chauriens. La délégation de pouvoir dont je dispose ne saurait en aucun cas me dispenser de l’écoute des citoyens et de leur capacité à représenter une force de proposition intéressante.
Vous l’aurez compris, ma conception du mandat municipal outre cette écoute permanente est éminemment collective. Notre équipe d’élus est composée de personnalités complémentaires et autonomes mettant chaque jour en commun leurs compétences avec celles des agents administratifs. Cette équipe, en synergie avec les autres « opérateurs » que sont le Conseil Régional, le Conseil Départemental, la Communauté de Communes (3CLA), les organismes para-publics, le monde associatif, s’est toujours voulue au service de l’intérêt général et du mieux-vivre des administrés.
Au surplus, nous avons choisi avec mon équipe de créer des commissions extra-municipales composées de membres de la société civile pour nourrir la réflexion, accompagner notre travail sur des thématiques en lien avec la vie quotidienne mais aussi l’avenir des Chauriens.
Certains projets se sont illustrés par leur caractère précurseur, quelques uns sont même devenus des « incontournables » après avoir en un premier temps suscité l’incrédulité. C’est le cas notamment, dès le début de mon premier mandat, de la création du Théâtre des Trois Ponts. Au fil des années, j’ai appris qu’il fallait répondre aux attentes, oser, faire les choses un peu plus tôt ! Mais l’audace n’est rendue possible que par la solidité de la stratégie initiale.
Aujourd’hui, nous sommes en phase d’accélération forte de la transformation de la ville, nous développons et modernisons les infrastructures grâce à des finances saines. Notre endettement annuel est devenu très nettement inférieur à celui de villes de population équivalente.
Castelnaudary a un endettement de 750 euros par habitant et par an alors que la moyenne en France par habitant et par an est de 950 euros dans les villes de 10 000 à 20 000 habitants.
Selon l’Observatoire des finances locales, de nombreuses villes de notre gabarit réduisent leurs investissements. Cela n’a pas été et ne sera pas notre cas, malgré les contraintes imposées aux collectivités locales par l’Etat. Ensemble, nous avons en 2017 battu tous les records d’investissements. Donc, vous l’aurez compris, je suis un maire particulièrement satisfait.
En plus de vingt ans vous avez accompagné l’évolution de Castelnaudary. Quelles ont été les orientations des trois dernières années ? Quel est votre état d’esprit par rapport à l’avenir ?
Patrick Maugard : « Partir du réel pour aller à l’idéal »… Cette phrase de Jean Jaurès est souvent citée. Elle trouve un profond écho dans mon cœur de maire ! Notre ville, je l’ai toujours su, a un fort potentiel, une attractivité unique ancrée sur les trois piliers patrimoniaux que sont notre statut de capitale mondiale du Cassoulet, le Canal du Midi inauguré ici même il y a plus de trois siècles et la Légion étrangère présente depuis un peu plus de quarante ans.
Au-delà de ces facettes qui font que l’on nous connaît et reconnaît de l’extérieur, j’ai voulu polir un confort de vie transversal pour tous les Chauriens. Aujourd’hui, après deux décennies de travail pour transformer le réel du mieux possible sans augmenter la fiscalité locale, j’ai en ligne de mire ce que je pourrais apporter de meilleur encore. Le caractère insipide de la routine, je ne sais pas ce que c’est. Je me veux toujours en mouvement, en progrès.
Notre situation géographique est pour nous un atout naturel renforcé par l’éclosion de la nouvelle région Occitanie (6 millions d’habitants). Castelnaudary se trouve sur un axe stratégique de communication entre les deux métropoles que sont Toulouse et Montpellier. Pour exemple, les associations des deux ex-régions qui fusionnent choisissent très souvent de siéger à Castelnaudary, est-ce un hasard ? Je ne le crois pas.
Qu’il s’agisse de l’installation de la base logistique de Leclerc, du renforcement de l’offre d’habitat, du réaménagement du Grand Bassin, de la création d’un campus lycéen, de l’émergence d’un nouveau pôle de Santé, de la reconfiguration de l’espace Tufféry, apparaît votre souci de répondre toujours mieux à l’intérêt général. Cela vous permet-il de parler de « cercle vertueux » ? Celui d’une ville où conditions de vie agréables et bonne santé économique se rejoignent.
L’équilibre qui est le nôtre, notamment du point de vue financier aurait pu nous inciter à nous reposer sur l’existant, à devenir une cité endormie. Mais s’il y a bien une chose dont je suis sûr c’est qu’aussi belle et épanouie soit-elle, seuls le dynamisme et les projets valorisent la nature profonde d’une ville !
Au cours des trois ans qui viennent de passer, nous avons à Castelnaudary stimulé de nombreux leviers de développement en créant de nouveaux flux économiques dans le but principal de favoriser l’emploi. J’ai tenu à réunir toutes les conditions d’accueil des entreprises. Le pari est aujourd’hui en voie de concrétisation.
J’en veux pour preuve l’implantation de la SOCAMIL, base logistique de Leclerc, sur la zone du PRAE Nicolas Appert, à une minute de l’autoroute. Cette centrale d’achat de 39 magasins et autant de « drives » s’étendra sur 58 hectares des 130 que propose le parc régional d’activités.
La SOCAMIL se répartit en 100 000 m2 dont trois bâtiments de stockage et un de bureaux, un centre de congrès et de formation. Elle génèrera un milliard d’euros de chiffre d’affaires… L’entité va engendrer localement près de 500 emplois pour un investissement de 150 millions d’Euros.
En faisant en sorte d’accompagner et même d’initier le développement économique, je pense bien entendu aux Chauriens déjà sur place mais je pense également à tous ceux qui vont être amenés à s’installer ici. Ma conviction est de devoir répondre à l’exigence de confort de chacun d’entre eux. Il est impératif de leur offrir les services de santé, d’éducation et les infrastructures nécessaires. Ainsi, lorsqu’un visiteur montpelliérain me disait dernièrement que notre nouveau centre hospitalier lui faisait penser à « un petit CHU » il ne pouvait me faire plus plaisir.
Côté éducation, j’ai tenu avec mon collègue Jean-Claude Castillo à doter nos écoles primaires de l’Espace Numérique de Travail qui familiarise les plus jeunes aux outils dont ils disposeront au fur et à mesure de la suite de leur cursus.
Quand je regarde les chiffres de notre population (avec les engagés volontaires de la Légion) : 12 000 habitants au dernier recensement dont 4 400 jeunes (1 100 à l’école primaire, 1 400 au collège et 1 900 au lycée), je me réjouis de l’investissement effectué pour l’éducation aux côtés du Conseil Régional et du Conseil Départemental.
Vous avez concilié modernisation et respect de l’âme chaurienne notamment en cœur de ville. Quelles sont aujourd’hui, selon vous, les directions à prendre pour aller plus loin ?
Comme tous les passionnés, je souhaite accomplir, réaliser, mener à bien les projets. Vous me parlez de mi-mandat, je vous réponds que mes chantiers d’aujourd’hui puisent leur énergie dans les 20 années de travail qui viennent de passer. Pour transformer une ville, il faut du temps, de la confiance avec les partenaires, le tout en accord avec une stratégie de départ ambitieuse. Pour nous, il s’agissait notamment de « mettre en musique » développement économique et habitat.
Aujourd’hui, en plus de la création de nouveaux quartiers d’habitation comme celui des Balcons du Canal, nous travaillons à requalifier en profondeur l’urbanisme de notre centre-ville (logements prévus dans le futur espace Tufféry notamment).
La valorisation du riche passé patrimonial dont nous disposons a été impulsée par la volonté de rénover le Grand Bassin sur le Canal grâce à l’action de la Communauté de Communes (3CLA). De lieu de passage obligé pour les touristes, nous sommes en train de devenir lieu de séjour et de rencontre authentique.
Demain le « maillage » de toute la ville au réseau Internet (75 à 80 % de la population) via la fibre optique sera une réalité et va contribuer à notre qualité de vie (télémédecine, éducation).
Je tiens à souligner également notre implication pour la création de voies de déplacements doux le long du Canal du Midi mais aussi entre le futur campus lycéen et l’entrée de ville, puis vers la gare à l’horizon 2018, dans le cadre des Territoires à Énergie Positive pour la Croissance Verte (subventionnés à 80% par l’Etat).
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