Depuis près de huit ans, les buralistes français voient leur chiffre d’affaires s’effriter, sous l’effet conjugué du marché parallèle et de la baisse de la consommation de tabac. De passage à Marseille le 26 septembre, Philippe Coy, président de la Confédération nationale des buralistes, a participé à une opération de contrôle douanier avant de rencontrer les élus de la CCI Aix Marseille Provence pour faire le point sur le dispositif d’accompagnement à la transformation des bureaux de tabac. La carotte de tabac ne disparaît pas, elle se transforme…Reportage vidéo.
Dans les rues de Marseille, une scène banale : des vendeurs à la sauvette de cigarette… Ce fléau du commerce illégal impacte lourdement la trésorerie des buralistes, déjà fragilisés par la flambée du prix du tabac et la chute de la consommation. « Depuis huit ans, les ventes ont chuté de 30 %. Quand j’ai débuté en 2000, le tabac représentait 80 % de mon chiffre d’affaires. Aujourd’hui, il plafonne à 49 %, mais j’ai pu compenser heureusement avec la vente des jeux », explique Philippe Coy, lui-même buraliste à Lescar dans les Pyrénées-Atlantiques.
Les émeutes de juillet 2023 ont accentué cette fragilité : 500 buralistes ont été pillés. Pour freiner l’érosion du réseau (500 à 600 fermetures par an en 2015), un plan national a été lancé, doté de 200 millions d’euros, répartis en deux protocoles : 100 M€ pour 2018-2022, renouvelés pour la période 2022-2027. Chaque commerce peut bénéficier jusqu’à 33 000 euros d’aide, à condition d’entamer une véritable démarche de transformation.

« L’audit est la pièce maîtresse de l’investissement à réaliser. Dans 75 % des cas, il est mené par les Chambres de commerce et d’industrie. Il permet de diagnostiquer le positionnement du commerce et sa zone de chalandise », poursuit Philippe Coy. Ce dispositif a permis de stabiliser le nombre de buralistes en France, qui s’élève aujourd’hui à 22 800, dont 42 % en milieu rural (communes de moins de 3 500 habitants).
Dans les Bouches-du-Rhône, les 563 buralistes recensés ont vu leur chiffre d’affaires chuter de 13 % en 2025. Pour rebondir, ils diversifient leurs activités : gestion de colis, vente de produits de vapotage, services bancaires ou encore relais de presse. « Un quartier, c’est comme un noyau villageois. S’il n’y a plus de commerce pour faire le lien entre les habitants, il n’y a plus de vie », déplore Philippe Coy, également élu à la CCI Pau Béarn.

« On va réussir ensemble cette transformation, car il faut lutter contre la désertification des centres-villes », a conclu Bernard Marty, Vice-président de la CCI Aix Marseille Provence et président de l’UMIH 13, lors de l’accueil de Philippe Coy au Palais de la Bourse.
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