Alors que l’agriculture cherche des solutions pour se réinventer, EDF power solutions investit, depuis plus de cinq ans, dans la recherche agrivoltaïque. Objectif : associer production énergétique, à l’aide de panneaux solaires étagés, et production agricole au-dessous des panneaux tels que des cultures, des pâtures ou des parcours extérieurs accessibles aux animaux. À Marsillargues, dans l’Hérault, EDF power solutions a inauguré le lundi 30 juin, l’expérimentateur agrivoltaïque sur pommiers. Reportage vidéo en immersion.
Sous un soleil de plomb, les panneaux photovoltaïques du projet EVAPORE à Marsillargues produisaient à plein régime ce jour-là. Mise en service en 2024, 1 000 m² de panneaux solaires ont été installés sur 8 rangées au-dessus des pommiers.
Grâce à une structure innovante bifaciale et orientable selon les saisons ou les conditions météorologiques, la production énergétique est ainsi optimisée.
Une expérimentation sur trois ans qui permettra d’observer les effets des panneaux solaires sur les pommiers et leur environnement dans le but de « voir si la production de pomme et la production photovoltaïque peuvent avoir une même synergie et sont compatibles. » explique Anton Laubriet, Directeur de Sudexpé, station de recherche fruits et légumes.
Installés à côté d’une rangée d’arbres fruitiers sans panneau solaire, le but de cette expérimentation est de comparer de manière objective et scientifique, l’évolution des pommiers avec et sans panneaux : « L’idée, c’est de pouvoir regarder avec une couverture photovoltaïque, comment réagit et comment poussent les pommiers et les pommes, le fruit. » explique Antoine Hantz Responsable Régional Languedoc-Roussillon chez EDF power solutions.
Les potentiels avantages de l’agrivoltaïsme sur pommiers
Bien que toujours en phase d’expérimentation, les bienfaits espérés de l’agrivoltaïsme sont divers: « Les avantages pressentis sont assez nombreux. » s’enthousiasme Anton Labauriet.
« Grâce à l’agrivoltaïsme, le fait d’avoir de l’ombre portée dans une période comme en ce moment de fortes chaleurs, avec une très forte luminosité, peut aider les pommes, à éviter les coups de soleil, tandis que sur une parcelle classique, on va mettre des pulvérisations au talc sur les pommiers pour protéger les pommes des coups de soleil. Là, avec l’ombre portée, on peut s’attendre à ce qu’il n’y ait plus besoin de faire ces traitements au talc et cette lutte contre ces coups de soleil. » déclare le directeur de Sudexpé.
Autre bénéfice attendu, la création d’un microclimat en dessous des panneaux : « Il peut y avoir aussi une dimension de protection avec un effet de microclimat sous panneaux qui permet de protéger contre les différentes maladies et/ou ravageurs. » continue Anton Labauriet.
Grâce à l’ombre créée par les panneaux photovoltaïques, Anton Labauriet espère également une utilisation moins gourmande en eau pour faire pousser les arbres fruitiers : « On s’attend aussi à une consommation d’eau un peu moindre, justement, vis-à-vis d’une ambiance un peu plus fraîche sous les panneaux par rapport à la zone témoin qui est juste derrière, qui n’a pas de panneau. »
Un projet pour l’instant en phase de démarrage comme l’explique Marion Carrier, Directrice datascience chez Cybeletech : « Pour l’instant, on est vraiment dans une phase d’observation. On a mis en place un certain nombre de capteurs. Ce qu’on voit, c’est que les plantes se développent bien sous les panneaux. Pour l’instant, on est vraiment dans une phase de démarrage de projet et d’observation.»
Une solution pour les agriculteurs ?
Tributaire des conditions météorologiques, l’agriculture, dans un contexte de dérèglement climatique, doit s’adapter voire se réinventer.
L’agrivoltaïsme pourrait bien permettre aux agriculteurs de protéger les pommiers des fortes chaleurs, du gel ou de la grêle : « Lorsque vous êtes viticulteur ou agriculteur comme moi, nous avons le ciel à toit ouvert. Nous sommes totalement dépendants du climat. Et c’est le rôle d’une chambre d’agriculture de travailler à des éléments d’opportunité de recherche, d’expérimentation avec des panneaux, et de faire en sorte de voir, comment-là un pommier s’adapte à cette situation de fortes chaleurs, aux canicules, parfois à la grêle, parfois au gel. Avec des panneaux amovibles, on voit qu’on peut être protégé du soleil et avoir une meilleure résistance des potentiels de production. » explique Jérôme Despey, Président de la Chambre d’agriculture de l’Hérault.
Outre la protection face aux conditions météorologiques, les panneaux solaires peuvent également devenir une source de revenu pour les agriculteurs : « Il faut que ces panneaux soient là d’abord pour préserver l’activité agricole sur les territoires […], j’attends de cette expérimentation que ça puisse être dupliqué ailleurs pour le bien des agriculteurs. C’est très important parce que ça protège d’un certain nombre d’aléas climatiques, notamment le changement climatique. Et ça permet aussi de donner des revenus annexes aux agriculteurs. » ajoute François-Xavier Lauch, Préfet de l’Hérault.
Toutefois, bien que le revenu lié à la production d’énergie ne doit, à l’avenir pas remplacer le revenu lié à la production agricole : « Le but, c’est d’associer l’économie agricole, la production avec des panneaux photovoltaïques […] L’objectif étant d’avoir une production de pomme toujours majoritaire par rapport à une production d’énergie en termes de chiffre d’affaires. » déclare Jérôme Despey.
Avec ces expérimentations qui devraient durer au moins trois ans, EDF power solutions ouvre la voie à une potentielle généralisation de cette technique à l’avenir si les résultats sont concluants.
D’autres expérimentations de l’argivoltaïsme sont en cours partout en France comme l’explique Antoine Hantz Responsable Régional Languedoc-Roussillon chez EDF power solutions : « On a mis en place des expérimentateurs très tôt, il y a déjà plusieurs années, en 2019, sur notre site des Renardières, avec un expérimentateur sur de la luzerne. Ensuite, on a d’autres expérimentateurs ailleurs en France, sur la vigne du côté de Bordeaux, sur des cultures de riz et de la luzerne en conditions climatiques extrêmes sur Beaucaire et d’autres expérimentateurs. L’idée, c’est de pouvoir expérimenter avant de développer de manière plus importante. »
Les premiers résultats probants devraient être connus d’ici quelques mois, à la fin de cette première campagne. Deux autres années, au moins, seront nécessaires afin de réaliser un bilan exhaustif.