Engagée à réduire la pollution de ses navires lors des escales, la Méridionale a opté en 2016 pour le système d’électrification à quai à Marseille. La solution ne pouvant être dupliquée en Corse faute de réseau électrique suffisant, la compagnie mari
Résolue à couper les moteurs de ses cargo-mixtes lors des escales, La Méridionale a réalisé, le 20 septembre 2018, dans le port d’Ajaccio un test grandeur nature d’alimentation électrique de son navire Girolata en utilisant du gaz naturel liquide.
Une première en France
« En Corse, nous n’avons pas de source d’électricité disponible pour alimenter nos navires à quai », explique Benoît Dehaye, le directeur général délégué de la Méridionale.
La technologie déployée ce 20 septembre sur les quais et testée quelques jours avant à Marseille est le fruit d’une rencontre avec AirFlow un an plus tôt.
La PME basée à Rousset dans les Bouches-du-Rhône, spécialiste de la cryogénie et de la thermodynamique, a développé un procédé de fourniture d’électricité mobile à base de GNL.
Stocké à -160° dans un conteneur citerne de 20 000 litres, le GNL passe de l’état liquide à l’état gazeux au contact d’un vaporisateur pour être ensuite envoyé dans un groupe électrogène qui le brûle afin de produire de l’électricité.
« A raison d’une puissance de 1,5 mégawatt, un conteneur de 20 000 litres de GNL permet d’alimenter un navire à quai durant 34 heures, soit près de trois rotations. L’usage du GNL plutôt que du fioul pour alimenter le groupe électrogène permet de réduire totalement les émissions de d’oxydes de soufre, de 90% les particules fines, de 70% les oxydes d’azote et de 20% le CO2 », explique Emilien Doye, responsable du projet électrification des navires chez Airflow.
Paul Marcaggi, président de la CCI d’Ajaccio et Nathalie Mosca, directrice générale d’AirFlow. ©NBC
Deux inconnues : la logistique du GNL et le financement
En dépit de ses nombreux avantages, cette solution n’est pas sans poser quelques problèmes réglementaires à commencer par l’acheminement du gaz sur les quais.
« Il convient de faire évoluer la législation relative au transport de GNL. La Méridionale doit obtenir de l’administration les autorisations nécessaires pour acheminer des conteneurs de GNL. C’est absurde car le navire est autorisé à transporter du GNL si c’est le gaz de sa propulsion, c’est le cas de Britanny Ferries. Dans ce cas précis, il s’agit d’un carburant déporté mais il n’est pas considéré comme tel », précise Benoît Dehaye.
Outre l’aspect logistique, se pose la question du financement, un investissement de l’ordre de 1 à 2 millions d’ € étant nécessaire pour installer ce dispositif.
Paul Marcaggi, président de la CCI d’Ajaccio et de Corse du Sud et Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse . ©N.B.C
« En tant que gestionnaire des ports, nous devons mettre en place une politique qui corresponde aux compagnies délégataires du service public maritime. Nous sommes au cœur d’une période de foisonnement de solutions et nous souhaitons mettre en place un bouquet de services avec la possibilité d’exploiter l’hydromaréthermie, le photovoltaïque, l’hydrogène. Nous sommes dans une démarche de smartport », détaille Paul Marcaggi, le président de la CCI d’Ajaccio et de Corse du Sud.
Au lendemain de cette démonstration, Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse a souligné sa volonté de traiter la question de la pollution générée par les navires à quai.
« C’est un sujet de santé publique et nous explorons la possibilité d’inscrire la Méditerranée en zone ECA et valoriser l’énergie thermique de la mer », a précisé l’élu nationaliste.
© NBC
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