Marseille : Culture, économie, transition écologique et mobilité, quelles sont les priorités de la nouvelle présidente d’Euroméditerranée ?

Isabelle Campagnola-Savon vient d’être élue présidente d’Euroméditerranée, seule candidate en lice pour succéder à Laure-Agnès Caradec. « Je souhaite poursuivre le travail engagé par mes prédécesseurs », a-t-elle déclaré, le 28 novembre, rappelant au passage que le président de la Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Renaud Muselier, avait lui aussi occupé cette fonction par le passé. 

Dans un contexte budgétaire contraint, la nouvelle présidente insiste sur la nécessité d’une « gestion efficiente des fonds publics » et d’un usage stratégique des leviers privés. Après avoir exposé, la veille, les grandes lignes de son projet aux vingt administrateurs de l’établissement public, elle en a détaillé les principales orientations devant la presse. « Ce que nous voulons, c’est un Euroméditerranée qui fasse rêver. Un territoire qui donne envie d’y vivre, par sa qualité de vie, ses infrastructures, ses services publics. Un lieu où l’on a envie de travailler, d’étudier, de s’installer durablement », a-t-elle affirmé.

Son projet s’articule autour de quatre piliers. Le premier vise à faire d’Euroméditerranée un quartier « vivant et attractif ». Pour ce faire, elle prévoit de renforcer le partenariat avec l’agence de développement économique régionale Rising Sud. Elle mise également sur la revitalisation des rez-de-chaussée commerciaux, appuyée par la création d’une foncière, pour proposer de nouveaux services aux habitants : commerces de proximité, établissements scolaires, services de santé.

« Nous pourrions, par exemple, accompagner la stratégie métropolitaine autour de la logistique du dernier kilomètre, en lien avec Sogaris, et contribuer à l’émergence d’un hôtel de logistique urbaine adapté aux besoins des quartiers. Cela pourrait aussi passer par des opérations d’intérêt artisanal et commercial, combinant aménagements urbains et dispositifs d’aides économiques. L’objectif : encourager les circuits courts, soutenir l’économie locale et promouvoir des commerces hybrides, comme une librairie-café, par exemple, qui crée du lien et anime l’espace public », détaille Isabelle Campagnola-Savon. Elle cite également l’ouverture prochaine, au cœur d’Euromed 2, de l’école du numérique La Plateforme, qui sera équipée d’un restaurant et d’un cinéma.

Par ailleurs, elle entend positionner Euroméditerranée comme un territoire de création. Plusieurs projets culturels s’inscrivent dans cette dynamique. Un bâtiment totem est envisagé, à l’image du Mucem, pour incarner Euromed 2 sur la scène architecturale et culturelle. Le hangar à sucre pourrait faire l’objet d’une requalification, tout comme une potentielle aréna destinée à accueillir concerts et compétitions sportives.

Troisième axe central de sa feuille de route : consolider l’image d’Euroméditerranée en tant que vitrine de la ville méditerranéenne durable. Alors que le grand parc des Aygalades, 20 hectares aménagés sur l’ancienne gare du Canet, doit ouvrir en 2031 au public, elle appelle à aller plus loin : végétalisation massive, désimperméabilisation des sols, dispositifs d’ombrage, récupération des eaux pluviales. Une rue « démonstrateur » est même envisagée, en partenariat avec les collectivités locales.

Enfin, le dernier volet porte sur l’accessibilité et l’apaisement. Isabelle Campagnola-Savon rappelle la mise en service du tramway nord-sud prévue pour début 2026 et encourage le développement des voies cyclables et des stationnements pour vélos. Elle entend porter une attention particulière à la sécurité, à la propreté et à la qualité de vie dans les copropriétés. Elle suggère notamment de positionner des gardiens d’immeubles, qu’elle considère comme un maillon essentiel du lien social et de la tranquillité résidentielle.

La présidente n’exclut pas une extension du périmètre d’intervention de l’établissement public, notamment sur des secteurs stratégiques ou fragiles comme la gare Saint-Charles ou la Belle-de-Mai. Ces « portes d’entrée » vers le centre-ville, souligne-t-elle, présentent un fort potentiel de reconquête urbaine. 

Le décret du 5 août 2025 (n° 2025-774) a étendu le périmètre de compétence de l’établissement public d’aménagement Euroméditerranée à l’ensemble de la commune de Marseille. Il dissocie en parallèle ce périmètre d’intervention de celui de l’opération d’intérêt national du même nom, dont les limites, elles, restent inchangées.

En 2024, le sixième protocole d’accord a été adopté par les collectivités territoriales (Métropole, Ville, Département, Région) et par l’État. Il prévoit un financement de 249 M€ sur la période 2029–2040, destiné à poursuivre les grands projets structurants sur le périmètre Euromed 2, soit près de 170 hectares comprenant des quartiers comme les Crottes, Bougainville ou le Canet.