Le 22 juin, la Région Nouvelle-Aquitaine annonce avoir eu le feu vert de la Commission européenne concernant le renouvellement de son soutien financier pour le projet de réouverture de la ligne Pau - Canfranc - Saragosse. Il est prévu la rénovation de la voie, la réfection de 31 ponts, 7 tunnels et 4 km de murs de soutènement. Fermée en 1970, la remise en service de cette ligne ferroviaire transpyrénéenne est symbolique.
Ce projet transfrontalier émane d’un partenariat entre la Région Nouvelle-Aquitaine, le gouvernement français, espagnol et le gouvernement d’Aragon dont les motivations sont de l’ordre économiques, environnementales et sécuritaires. La Commission européenne affirme, pour la troisième fois, son soutien au projet après avoir répondu favorablement à l’appel du programme MIE (Mécanisme pour l’Interconnexion en Europe). Son objectif est de soutenir la croissance économique par le biais du financement des investissements d’infrastructures de transport, de télécommunications et d’énergie. Le MIE prévoit également des subventions dont le taux de cofinancement varie de 20% à 50% des coûts éligibles pour les travaux et études.
Cette année, il est prévu que la subvention finance 50 % du montant requis pour pouvoir décrocher la déclaration d’utilité publique, et soutienne également le troisième programme d’étude concernant le tunnel ferroviaire du Somport.
Construit entre 1908 et 1915, le tunnel ferroviaire frontalier permettait de relier la France et l’Espagne par la ligne Pau-Canfranc. Mais depuis la destruction accidentelle du pont de l’Estanguet suite au déraillement d’un train en 1970, le trafic a été complètement interrompu. La ligne Pau – Canfranc a donc été stoppée tant pour les voyageurs que pour les marchandises et réduite à la section Pau – Bedous, la même année. Le trafic a ensuite été interrompu entre Oloron-Sainte-Marie et Bedous en 1980 pour les voyageurs puis en 1985 pour les marchandises.
Depuis 2016, la ligne Pau – Bedous est de nouveau exploitée mais elle est restée neutralisée entre Bedous et Canfranc.
Auparavant, l’Europe avait déjà financé deux programmes d’études en vue de la réouverture complète de la ligne transpyrénéenne
– Un premier programme d’études a été établi sur la période 2018-2022 pour restaurer les liaisons manquantes de l’infrastructure ferroviaire.
La Région Nouvelle-Aquitaine, le Gouvernement d’Aragon, le Ministère de la transition écologique, le MITMA (Ministère des Transports, de la Mobilité et des Programmes Urbains de l’Espagne) et l’ADIF (Administrador de infraestructuras ferroviarias), l’établissement public espagnol chargé de la gestion du réseaux ferroviaire national, ont signé en octobre 2017 le Grant Agreement. C’est une convention de subvention permettant la conduite d’un vaste programme d’études, cofinancé à 50 % au titre du MIE, pour un montant s’élevant à 14 710 000 euros.
Ce contrat confirme l’engagement de l’Union Européenne pour la réouverture de cet axe international.
– Un second programme d’étude technique a été mené pour la réouverture du tunnel ferroviaire du Somport et la réhabilitation de la gare de Canfranc
Ce nouveau programme s’inscrit dans la continuité du premier. Il est cofinancé à hauteur de 32 % au titre du Mécanisme pour l’Interconnexion en Europe (MIE) d’un montant total de 8 950 000 euros est un nouveau gage de confiance de l’Union Européenne pour la réalisation de ce projet.
Les multiples enjeux de la remise en service de la ligne transpyrénéenne
Il s’agit de répondre à un besoin majeur d’interconnexion de la péninsule ibérique avec le reste de l’Union Européenne, tant sur le plan du transport de voyageurs que celui du transport de marchandises. Ainsi, cette ligne ferroviaire répond à un problème de liaisons discontinues et peu performantes comme la liaison Toulouse/Barcelone via le tunnel du Puymorens et la Cerdagne qui représente 8 heures de trajet.
Il s’agit également d’optimiser la sécurité des voyageurs qui empruntent les routes dangereuses de l’axe transpyrénéen car les accidents de poids-lourds y sont nombreux.
De plus, le trafic routier génère une telle pollution qui dégrade le massif (déjà très fragile au niveau environnemental et écologique), qu’opérer un investissement durable et responsable revêt d’une urgence absolue.
La reprise du trafic ferroviaire entre Pau et Saragosse permettra également de redynamiser l’activité de la deuxième plus grande Gare d’Europe, bientôt transformée en hôtel avec la réouverture de la ligne côté français.
Avec la gare Saint-Lazare à Paris, la Gare de Canfranc (Espagne), par laquelle passera la nouvelle ligne transpyrénéenne, rouvrira ses portes, fermées depuis 1970.
Mise en service en 1928, elle ne connaîtra jamais le trafic ferroviaire espéré et depuis 1970, l’interruption du trafic côté français a fait cesser l’activité de la gare qui n’était plus qu’un terminus de la ligne espagnole.
Le bâtiment principal avait longtemps été laissé à l’abandon mais dans les années 2000 et 2020, il connaît une rénovation dans l’objectif de le transformer en un hôtel.
Noa Ambrosino
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Bonjour,
La reouverture du tunnel est- elle compatible avec l’existence du laboratoire de l’université de Saragosse étudiant le trou noir?