L’Observatoire économique Sirius de la CCI Nice Côte d’Azur vient de lancer la toute première étude sur l’industrie spatiale locale, sa chaîne d’approvisionnement, ainsi que les services qui soutiennent directement son activité. Il en ressort qu’il n
Le secteur spatial a été rarement étudié indépendamment du secteur aéronautique. La croissance importante du secteur privé, la diversification de ses applications ces vingt dernières années et une transparence accrue poussent les observateurs à analyser la filière spatiale de manière plus détaillée.
Le spatial : une filière mondiale d’excellence
La filière spatiale française représente 7,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires consolidé, 16 800 emplois dont 10 600 ingénieurs et cadres en 2020. La France est très bien positionnée sur le secteur. Elle dispose d’acteurs majeurs à échelle mondiale (Thales Alenia Space, Airbus et ArianeGroup) qui ont favorisé la pousse d’une myriade de PME et d’ETI autour de leurs principales implantations.
Plus de 80 pays sont aujourd’hui impliqués dans le spatial lequel suscite un vif intérêt de la part de nombreux gouvernements (comme la Chine). A cela s’ajoute l’apparition de nouveaux acteurs majeurs (SpaceX, Astrobotic …) et d’une multitude de start-ups prometteuses.
Par ailleurs, les perspectives de cette filière mondiale sont gigantesques. Bank of America a estimé que le marché du spatial pourrait atteindre 1 400 milliards de dollars d’ici 10 ans à l’échelle mondiale, contre 447 milliards en 2020. Même les prévisions plus modestes de Morgan Stanley (1 000 milliards de dollars en 2040) laissent entrevoir un bel avenir pour la filière.
Quelle est la place du spatial dans les Alpes-Maritmes ?
Les activités spatiales ont généré environ 957 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020 dans les Alpes-Maritimes. Ce poids économique est principalement lié à la présence de Thales Alenia Space à Cannes, acteur majeur de la conception de satellites qui contribue à développer un écosystème sur le territoire.
Les 70 entreprises recensées emploient 5806 salariés. Les industries manufacturières sont en moyenne plus grandes en termes d’emplois salariés (21% des établissements pour 52% des emplois salariés) et dégagent la grande majorité du chiffre d’affaires (plus de 880 millions d’euros).
Les établissements de plus de 50 salariés rassemblent environ 90% des effectifs de l’écosystème spatial. Les dix plus grands établissements emploient quant à eux pas loin de 4 400 salariés, soit plus des trois quarts de la « filière ».
Si l’industrie manufacturière représente plus de la moitié des effectifs et 92% du chiffre d’affaires généré par les activités spatiales, ses activités génèrent proportionnellement moins de valeur ajoutée* que les activités de services : pour 1 million d’euros de chiffre d’affaires généré, un industriel aura produit environ 170 000 euros de valeur ajoutée, contre 400 000 pour les services de la filière.
La majorité des activités déclarées concerne des missions de conseil et d’assistance (elles représentent environ 54% du chiffre d’affaires des services). Les entreprises qui réalisent ces missions emploient 43% des effectifs des services de la filière.
Quels marchés pour les entreprises de la Côte d’Azur ?
Les entreprises de la filière spatiale sont positionnées sur différents domaines de façon équilibrée. Si le premier marché concerne la Défense en nombre de réponses (30%), les parts de chiffre d’affaires associées aux marchés des télécommunications et de l’observation de la Terre sont supérieures*.
Les chiffres d’affaires correspondant à l’observation du globe (42%) et l’exploration et la recherche spatiale (17%) sont étroitement liés à la spécialisation du site de production de Thales Alenia Space (satellites optiques). Ce positionnement est aussi un atout pour notre territoire.
Quelle est la part de l’innovation au sein de la filière spatiale ?
Contrairement aux idées reçues, l’industrie spatiale ne se fait pas le chantre de la prise de risques en termes d’innovation car les enjeux engagés sont considérables sur les plans financiers et humains. Mais, depuis les années 2010, l’adoption de technologies inédites dans le secteur, qui a dopé la nouvelle commercialisation de l’espace, remet en cause les stratégies d’inertie. Aussi, 85% des répondants ont affirmé leurs intentions d’investir d’ici 2025. Ce taux encourageant est nuancé par le fait que, parmi les réponses positives, une entreprise sur cinq ne sait pas encore sur quel axe elle compte investir. Les projets les plus fréquemment cités concernent :
– L’acquisition de machines et d’équipements, la robotisation
– Le numérique (optimisation de la collecte et du traitement de données, intelligence artificielle, big Data, acquisition de logiciels)
– La recherche de foncier (usines, bureaux).
Ces réponses indiquent que les entreprises impliquées dans le spatial sont en phase avec les enjeux de l’industrie 4.0 et de l’exploitation de données massives et/ou complexes. Elles sont aussi confrontées aux difficultés d’accès au foncier, partagées par l’ensemble du tissu économique azuréen.
Même si les entreprises de la filière spatiale sont conscientes de l’enjeu important que représente l’innovation pour leur développement, 74% des répondants ont rapporté un ou plusieurs freins importants qui s’immiscent dans leur R&D comme :
– Le manque de moyens internes humains ou financiers ou le manque de crédits bancaires pour environ 30% des répondants
– Ou encore la difficulté de trouver des partenaires d’innovation qui a des effets néfastes sur la dynamique d’innovation de 24% des répondants.
Retrouvez l’intégralité de l’étude sur : https://www.cote-azur.cci.fr/quel-est-le-poids-du-secteur-spatial-dans-les-alpes-maritimes/
Réagissez à cet article