En visite officielle cette semaine dans la cité phocéenne, Emmanuel Macron a annoncé une série de mesures censées aider Marseille à grandir sur plusieurs enjeux clés. Transports, urbanisme, sécurité, désenclavement des quartiers Nord : le maire de la deuxième ville de France a salué l’implication du président de la République, mais attend désormais la concrétisation de ces annonces. Reportage.
En déplacement à Marseille, ces lundi 26, mardi 27 et mercredi 28 juin, dans le cadre du deuxième acte du plan « Marseille en grand », Emmanuel Macron a annoncé plusieurs mesures phares sur des sujets prioritaires. Des mesures saluées par le maire de la cité phocéenne, Benoît Payan :
« Les annonces me conviennent. On a obtenu plus d’argent pour les transports, mais aussi 250 millions d’euros supplémentaires pour désenclaver les quartiers Nord. On s’est battu avec cette majorité, les Marseillaises et les Marseillais à nos côtés, pour inverser ce qui s’est passé pendant des années, c’est-à-dire ne construire des transports que vers le sud de la ville. Pour recoudre la ville, il fallait repartir vers le nord. Cela n’a pas été simple, mais on y arrive. »
Lutte contre l’habitat insalubre et pour une rénovation des écoles
Autre priorité portée par le chef de l’Etat : le logement, et plus particulièrement la lutte contre les copropriétés dégradées et les marchands de sommeil : « Le président de la République a annoncé ce que j’annonçais il y a deux ans, confie le maire de Marseille. Il faut une loi. Le Parlement s’apprête à légiférer – et j’y travaille – pour que les marchands de sommeil ne puissent plus faire ce qu’ils veulent. Ils sèment la mort. Ce sont des voyous en col blanc, des métastases dans la ville, et il faut y mettre fin. Il faut pouvoir intervenir, saisir, réhabiliter. Or aujourd’hui la loi ne le permet pas. Mais le président de la République a dit que sur cette question-là il avançait. »
« Les services publics et l’Etat ont été absents à Marseille, déplore Benoît Payan. L’Etat a abandonné des quartiers pendant longtemps parce que ces gens-là ne votaient pas ou votaient mal. Ce n’est plus possible. » Sur la question des écoles et les quelque 28 chantiers de groupes scolaires bientôt lancés, Benoît Payan salue « le plus grand chantier de rénovation de bâtiments publics en France depuis 1945 ». Il a rappelé les « 1,5 milliard d’euros – 1,1 milliard d’euros payés par la ville et 400 millions d’euros par l’Etat – » tout en appelant à la nécessité de « continuer d’avancer et de plaider pour cette question-là ».
Une justice mieux lotie et un port à la gouvernance clarifiée
Pour faire face à la multiplication des fusillades depuis le début de l’année sur fond de trafic de drogue, le maire de Marseille appelle à une réponse globale du système politico-judiciaire. « Nous avons eu des renforts de police en voie publique, parce que ça sécurise et ça tranquillise, mais il faut aussi une réponse pénale sur toute la chaîne de la police judiciaire, scientifique et économique. Face aux narco-trafiquants qui gangrènent cette ville, il ne peut y avoir qu’une réponse sécuritaire. Elle est nécessaire mais il doit y avoir autre chose. »
Autre sujet de tension, la gouvernance du port de Marseille-Fos dont un proche du chef de l’Etat, Christophe Castaner, a été placé à la tête en novembre dernier. « Le port, c’est un outil industriel qui a besoin de se transformer, assure Benoît Payan. Il faut que le port soit stratège avec les axes Méditerranée-Rhône-Saône et Marseille-Lyon qui sont essentiels. Sur la question de la pollution, je salue le changement de braquet, à la fois de certains industriels comme la CMA CGM qui a fait beaucoup d’efforts financiers et qui a changé ses motorisations pour qu’elles puissent être au gaz naturel liquéfié. Ça c’est très bien. »
Et Benoît Payan, de conclure sur l’ensemble de cette feuille de route « Marseille en grand » : « Ça va prendre du temps, mais on va y arriver. Il y a 700 millions d’euros qui sont mis sur la table pour la rénovation urbaine. Recoudre les quartiers, y mettre des services publics, y construire des écoles, des bibliothèques, des piscines, des stades, c’est la réponse qu’on a besoin d’apporter dans la ville de Marseille. »
Crédit photos : ©Nathalie Bureau du Colombier