En 2023, les TPE-PME de la région qui ont enregistré un chiffre d’affaires en hausse ont été les plus nombreuses (43 %), mais ce bilan est en retrait par rapport à l’année précédente et il doit s’apprécier dans le contexte inflationniste. Plus d’un tiers des entreprises déclarent une marge en recul. La consommation a manqué de dynamisme lors des fêtes de fin d’année. Enquête de conjoncture de la CCIR AURA.
Les perspectives d’activité pour le 1er semestre s’avèrent globalement peu optimistes, notamment dans le transport, le BTP et le commerce. 38 % des TPE-PME voient leur développement freiné par le manque de vigueur de l’activité. Le contexte inflationniste (prix des intrants et de l’énergie, hausse des salaires) demeure également un frein pour de nombreuses entreprises. 32 % des TPE-PME disent être dans une situation de trésorerie difficile, soit un plus haut depuis 2019.
Ces perspectives ont été exprimées dans un contexte de détérioration de la confiance dans la situation économique générale, avant même les blocages du mouvement social des agriculteurs.
L’emploi résiste mais son rythme de développement ralentit. Cela n’empêche pas les difficultés de recrutement de rester à un très haut niveau, 43 % des TPE-PME en faisant état.
L’investissement ne montre pas de dégradation par rapport à la situation il y a six mois.
« En ce début d’année, les entrepreneurs sont sur le pont pour faire face au ralentissement de l’activité économique. Notamment, les TPE-PME restent fortement contraintes par la hausse de leurs prix de revient, qu’il s’agisse des matières 1ères, des fournitures, de l’énergie, des salaires ou des frais financiers, ces derniers ayant explosé en l’espace d’un an. Or, à l’autre bout de la chaîne, la capacité du marché à absorber des augmentations de prix a atteint sa limite et la consommation est en baisse notoire. » précise Philippe Guerand président de la CCIR Auvergne-Rhône-Alpes.
Les perspectives d’activité exprimées par les TPE-PME de la région pour le 1er semestre apparaissent toujours peu optimistes.
La plus grande part des entreprises (42 %) s’attend à une stabilité de son activité. Un gros tiers (35 %) des répondants prévoit une baisse de l’activité et 16 % une hausse : le solde « part en hausse » – « part en baisse » est donc négatif à – 19. Cet indicateur connaît ainsi un nouveau recul (il était à – 10 en juillet). Ces perspectives sont d’autant plus défavorables que la comparaison se fait avec le 1er semestre 2023, une période qui manquait déjà de dynamisme. À 11 %, la part des entreprises qui s’attendent à une forte baisse est plutôt élevée.
Le profil des réponses apparaît relativement similaire pour les quatre grands secteurs d’activité, tous affichant un solde négatif. Il est légèrement meilleur pour l’industrie et le tertiaire tourné vers les entreprises. Parmi ce dernier, on note toutefois des situations diversifiées. Le pessisme est ainsi prononcé dans le transport/logistique et le commerce de gros alors que le tertiaire supérieur est orienté favorablement.
C’est le seul secteur à afficher ce semestre un solde positif (+ 4) pour ces perspectives. L’export ne semble pas jouer un rôle moteur : pour les PME exportatrices, leurs perspectives à l’international sont un peu moindres que leurs perspectives globales et elles citent la conquête de marchés en France avant la conquête à l’international.
Dans le tertiaire tourné vers les particuliers, on remarque un certain manque de visibilité, avec 11 % des répondants qui ne se prononcent pas. Le pessimise est plus élevé dans le commerce de détail que dans l’hébergement-restauration, secteur pour lequel le solde s’établit à – 5. Les perspectives se dégradent dans le BTP, secteur qui enregistre la plus forte part (16 %) des entreprises qui s’attendent à une forte baisse de leur activité.
Plus la taille de l’entreprise est importante, moins les perspectives sont défavorables : le solde s’établit ainsi à – 8 pour les PME de plus de 50 salariés, à – 16 pour celles entre 10 et 49 salariés et à – 29 pour les TPE.
Ces perspectives personnelles d’activité ont été exprimées dans un contexte où la confiance dans la situation économique générale s’est détériorée. Avant que les blocages liés à la crise dans l’agriculture interviennent, 59 % des TPE-PME ne se disaient pas confiantes (+ 4 points par rapport à juillet), sachant que la plus grande part (46 %) se disaient « plutôt pas confiantes ». C’est pour le BTP et le transport/logistique que le manque de confiance est le plus fréquent.
Autre dimension de ces inquiétudes, de nouveau une majorité des répondants (58 %) estime que le risque de défaillances d’entreprises est élevé dans leur environnement économique. Là encore, c’est dans le BTP et le transport/logistique que la perception du risque est la plus fréquente.
Les contraintes sur les entreprises sont en hausse
En ligne avec les commentaires précédents, le manque de vigueur de l’activité apparaît comme un frein au développement qui s’affirme. Touchant 38 % des TPE-PME début janvier, c’est le 2e frein le plus fréquent, en progression de 9 points en six mois. Cela le situe à un niveau élevé, hors période Covid.
La problématique de la hausse du prix des intrants est en recul (- 5 points), mais elle touche néanmoins toujours 35 % des TPE- PME. Par ailleurs, une majorité d’entreprises (54 %) est toujours impactée par le coût de l’énergie, soit une proportion similaire à la situation il y a six mois.
Pour 1/3 des entreprises, cette facture énergétique freine le développement de l’entreprise sans la fragiliser, alors que pour 21 %, les entreprises estiment que cela les fragilise. La proportion d’entreprises impactées est la plus élevée dans le transport, l’industrie et l’hébergement/restauration. C’est dans ce secteur que le plus d’entreprises se disent fragilisées.
En matière d’inflation des charges, la hausse des salaires est considérée comme un frein au développement pour 26 % des entreprises, soit + 2 points en six mois.
« Le coût de l’énergie et des charges freinent l’agilité et la compétitivité » précise une PME de la fonderie dans le Rhône.
Dans ce contexte, la rentabilité insuffisante est un frein qui progresse également de trois points.
Par rapport au réalisé en 2023, les entreprises sont moins nombreuses (51 % contre 70 %) à prévoir une hausse de leurs tarifs et quand c’est le cas, pour les 2/3 des entreprises, la progression est prévue en deçà de 5 %. Il y a par ailleurs des évolutions sectorielles. Pour 2024, c’est dans le tertiaire tourné vers les entreprises et le tourisme que les perspectives de hausse sont les plus fréquentes.
Le repli des difficultés de recrutement s’est amplifié en six mois (- 7 points) mais reste le 1er frein au développement et demeure à un niveau élevé, touchant 43 % des entreprises. Dans l’industrie, mais aussi dans le tertiaire supérieur, une entreprise sur deux se dit dans ce cas.
Le recul des difficultés d’approvisionnement se poursuit également. On est ainsi passé de 34 % des entreprises impactées en juillet 2022 à 7 % en ce début d’année. Le commerce de détail est le secteur le plus touché.
Alors que la grande consultation nationale sur la simplification vient de se terminer, 17 % des répondants se disent freinés dans leur développement par la complexité ou l’instabilité réglementaires. Dans l’industrie, la proportion atteint un quart des répondants.
En matière de financement, la hausse des taux d’intérêt apparaît comme un frein au développement pour 14 % des TPE-PME (+ 3 points).
La difficulté d’accès aux financements bancaires est également en hausse pour atteindre 12 % des TPE-PME (+ 4 points). Globalement, on note que la fréquence de citation est en augmentation pour une majorité de freins.