Alain Rousset, président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, a inauguré la première ligne de production industrielle de la jeune entreprise Toopi Organics, à Loupiac-de-la-Réole (ZAE Ecopôle). Cette jeune entreprise valorise l’urine humaine -
Créée en février 2019, Toopi Organics porte depuis trois ans un projet de collecte et de transformation d’urine humaine en biofertilisant agricole et produits bactériens pour l’industrie.
L’urine est aujourd’hui considérée comme un déchet. Ce sont en outre trois milliards de litres d’urine qui sont à traiter chaque année en France. Son élimination est compliquée, et engendre des problèmes dans les stations d’épuration et des proliférations d’algues.
Elle est pourtant riche en éléments nutritifs utiles en agriculture (azote, phosphate, potassium, et oligo-éléments), qui sont aujourd’hui issus de minage et/ou pétrolifère.
Les recherches sur les méthodes de réutilisation de l’urine humaine existent, mais aucune n’est encore validée à grande échelle, notamment en raison des difficultés liées à l’aspect économique (valeur intrinsèque de l’urine).
Un processus de collecte, de transformation et de commercialisation
Le projet de Toopi Organics vise à organiser la collecte d’urine auprès des différents acteurs (laboratoires d’analyses médicales, loueurs de toilettes sèches, collecteurs en lieux publics), à assurer la transformation par filtration et fermentation microbienne, et commercialiser un bio-fertilisant désodorisé et stabilisé, accessible financièrement, dans un contexte où un besoin criant d’engrais de substitution pour une agriculture plus durable s’exprime au niveau européen.
En somme : un enjeu écologique, économique et politique.
La base scientifique du projet consiste à utiliser l’urine comme support de croissance pour le développement de bactéries propices à la stimulation des plantes. Des applications dans le domaine de la viticulture sont notamment à l’étude.
Les premiers essais de collecte et de transformation ont été réalisés à partir de 2018, et en plein champ en 2020. Les résultats prometteurs ont conduit à poursuivre les essais et visaient à obtenir une autorisation de mise sur le marché au début de cette année.
Le caractère innovant du projet repose sur la mise au point d’un produit dont le procédé de fabrication breveté, dit low tech, et de production, permet de proposer un produit efficace à faible coût. Il met aussi en œuvre une innovation d’usage dans la conception d’une voie de valorisation de déchets.
Un projet en phase avec plusieurs axes de la politique régionale
Lauréat de 11 concours en un an, le projet est référencé par trois labels (GreenTech Verte, Hydreos et Initiative Remarquable, et Seal of Excellence, de la Commission européenne), le projet a mis en place un réseau de collecte “pilote” permettant de sécuriser l’approvisionnement de 225 m3 par an, couvrant les essais à mener à court terme.
Une ligne de production industrielle est désormais opérationnelle, qui est l’objet de l’inauguration d’aujourd’hui.
Le projet est en phase avec les enjeux relevé par Néo Terra, la feuille de route régionale de transition écologique, et s’inscrit dans les axes prioritaires de la politique régionale, notamment en faveur de l’agriculture respectueuse de l’environnement, ainsi que sur l’axe régional de valorisation des déchets.
L’offre de produits bio-fertilisants s’adresse à plusieurs catégories de clients : grossistes d’engrais, coopératives agricoles ou services d’achat centraux. L’activité de collecte d’urine s’effectue avec des partenaires de collecte via l’installation d’urinoirs sans eau masculins et féminins dans des bâtiments recevant du public, des stations-services, des écoles, lycées, etc. mais aussi sur des chantiers et lors d’événements.
Par rapport aux processus existants fondés sur la valorisation de l’urine – qui sont des processus d’extraction ou de concentration – le processus de Toopi Organics est supérieur en termes de rendement, de ressources, de consommation d’énergie, de rentabilité et de durabilité.
@Photos : Toopi
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