Airbus toulouse
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Denys Bédarride
3 janvier 2024 Dernière mise à jour le Mercredi 3 Janvier 2024 à 09:10

Après un rebond modéré en 2021, l’activité progresse fortement en 2022 dans la filière aéronautique et spatiale du Grand Sud-Ouest (Nouvelle-Aquitaine
et Occitanie). Le chiffre d’affaires lié aux activités aérospatiales augmente de 18 % en 2022, après une hausse de 6 % en 2021. Cette forte hausse est portée par une accélération de l’activité aéronautique tandis que celle liée au spatial marque le pas. Le chiffre d’affaires de l’ensemble de la filière reste cependant encore en deçà de son niveau d’avant-crise, du fait notamment de tensions sur le coût des matières premières et de manque de main d’œuvre.

Les effectifs dédiés à la filière aérospatiale augmentent de 4,5 % en 2022, soit 4 900 emplois supplémentaires. Ils se rapprochent de leur niveau d’avant-crise. Les chefs d’entreprise anticipent à nouveau une forte hausse de l’activité sur l’année. Ils estiment que l’emploi dédié à l’activité aérospatiale augmenterait encore malgré des difficultés croissantes de recrutement. 

La filière aéronautique et spatiale englobe à la fois les grands constructeurs têtes de filière (Airbus, Dassault, ArianeGroup, …) et la chaîne d’approvisionnement constituée des sous- traitants, fournisseurs et prestataires de services : fabricants de pièces, d’équipements électriques et électroniques, consultants en ingénierie (mécanique, informatique, …), éditeurs de logiciels, bureaux d’études, etc. 

En 2022, dans le Grand Sud-Ouest (GSO), qui regroupe l’Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine, 1 760 établissements relevant de 1 310 entreprises consacrent tout ou partie de leur activité à la filière aérospatiale. Les entreprises de la filière localisées dans le GSO répondent aux besoins de clients situés en France mais aussi à l’étranger, comme Boeing ou la Nasa. 

Ces établissements emploient 159 600 salariés au 31 décembre 2022. Parmi eux, 62 % travaillent pour l’aéronautique et 11 % pour le spatial, les autres travaillant pour d’autres filières, comme la défense (hors aérospatial), l’énergie ou l’automobile. Ainsi, 115 900 personnes travaillent spécifiquement pour les activités aérospatiales dans le GSO. Les trois quarts de ces effectifs dédiés à l’aérospatial exercent dans l’industrie. 

Dans le GSO en 2022, la filière représente ainsi 17 % de l’emploi industriel et 4 % des salariés de l’ensemble des secteurs marchands non agricoles. En Occitanie, un salarié de l’industrie sur quatre travaille pour la filière, en Nouvelle- Aquitaine un sur dix. 

L’Occitanie concentre sept emplois sur dix de la filière aérospatiale du GSO. Les établissements de la filière implantés dans cette région sont plus fortement dépendants à la filière que ceux implantés en Nouvelle-Aquitaine : 76 % des salariés sont dédiés aux activités aérospatiales en Occitanie contre 65 % en Nouvelle-Aquitaine. 

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L’aéronautique accélère, le spatial marque le pas

L’activité de la filière aéronautique et spatiale augmente fortement en 2022 dans le GSO. Le chiffre d’affaires progresse de 18,1 % par rapport à 2021, après +5,7 % entre 2020 et 2021. Cette montée en cadence concerne la quasi-totalité des secteurs de la filière. Seule l’industrie spatiale fait exception. Le taux d’utilisation des capacités de production des entreprises industrielles augmente de six points sur un an pour atteindre 82 % en 2022. Il ne retrouve toutefois pas son niveau d’avant-crise du fait d’une activité industrielle en progression sans néanmoins fonctionner à pleine capacité.

Dans la filière aéronautique, l’activité accélère fortement en 2022. Le chiffre d’affaires augmente de 19,7 % par rapport à 2021, après 5,7 % entre 2020 et 2021. Cette accélération concerne l’ensemble des services tertiaires et la plupart des secteurs industriels, hormis les activités de maintenance. 

En particulier, la reprise de l’activité est très soutenue dans la métallurgie (+31,5 %), seul secteur à avoir enregistré deux années consécutives de forte baisse. La construction aéronautique progresse également très nettement (+20,8 %) notamment chez les motoristes dont l’activité est dopée par l’augmentation du carnet de commandes des avionneurs et par le remplacement de pièces de moteurs de la flotte d’avions en service suite à la reprise du trafic aérien. La hausse est plus faible pour l’activité de maintenance. Ce secteur industriel avait été le moins affecté par la crise.

Il est désormais en passe de retrouver son niveau d’avant-crise avec un chiffre d’affaires en hausse de 3,5 % en 2022.

Dans le spatial, l’activité progresse beaucoup plus modérément, le chiffre d’affaires augmente de 1,5 % en 2022 après +6,0 % en 2021. L’année 2022 marque même un repli de l’activité industrielle spatiale, en partie du fait de retards dans le développement d’Ariane 6 tout au long d’une année difficile ponctuée par l’échec du premier vol commercial de la nouvelle fusée Vega-C en décembre. Dans ce contexte, le chiffre d’affaires de la construction spatiale recule (-2,8 %). 

Mais l’ingénierie et l’informatique restent dynamiques.

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Tensions sur le coût des matières premières et manque de main d’œuvre 

En 2021, une demande insuffisante était le principal obstacle au développement de l’activité. En 2022, la reprise de l’activité est freinée par la hausse du coût des matières premières (y compris l’énergie) et surtout par le manque de main-d’œuvre. Ces problèmes pèsent sur l’ensemble de la filière, aussi bien sur les PME que sur les grandes entreprises. 

La flambée des prix des matières premières touche de plein fouet les entreprises de l’industrie aéronautique et spatiale : pour plus de la moitié d’entre elles, ces surcoûts constituent un des principaux obstacles à leur activité. L’autre défi majeur pour la filière porte sur les recrutements. Trois entreprises sur cinq sont confrontées à un manque de main-d’œuvre. 

Cette difficulté touche toutes les catégories d’entreprises aussi bien dans le tertiaire que dans l’industrie. 

Par ailleurs, la tension s’accroît sur l’approvisionnement : la moitié des entreprises industrielles de la filière aéronautique et spatiale souligne des problèmes d’approvisionnement (contre 44 % en 2021). Cette tension est aiguë dans la fabrication de produits électriques et électroniques : la pénurie s’aggrave durant toute la première moitié de l’année 2022 sous l’effet combiné des incertitudes géopolitiques et des difficultés de la chaîne d’approvisionnement mondiale à suivre le rythme de la reprise.

Les services retrouvent leur activité d’avant-crise, mais pas la production industrielle

Dans l’aéronautique, les services retrouvent un niveau de chiffre d’affaires comparable à celui de 2019. Ce niveau n’est en revanche pas encore atteint dans l’industrie. En particulier, les secteurs de la construction aéronautique et de la métallurgie demeurent bien en dessous de leur niveau d’avant-crise. Leurs chiffres d’affaires sont inférieurs respectivement de 21 % et de 16 % par rapport à ceux de 2019.

La construction aéronautique est pénalisée par des tensions sur la chaîne d’approvisionnement suite à la remontée en cadence. Ces tensions ont notamment contraint Airbus à revoir à la baisse son ambition de livrer 700 appareils sur l’année 2022. La métallurgie pâtit d’une reprise plus tardive que les autres secteurs de la filière, en raison notamment des difficultés de Boeing. Dans le spatial, la situation est marquée par un recul de l’activité dans la construction pour la troisième année consécutive, tandis que tous les autres secteurs du spatial dépassent leur niveau de 2019.

Reprise généralisée de l’emploi

Les effectifs dédiés à la filière aérospatiale repartent à la hausse en 2022 (+4,5 %) après être restés quasi stables en 2021.

Ils progressent à un rythme proche en Occitanie (+4,6 %) et en Nouvelle-Aquitaine (+4,2 %). Au total, 4 900 emplois nets ont été créés dans la filière du GSO en 2022. En 2022, la forte croissance de l’emploi dans la filière s’effectue dans un contexte de ralentissement dans l’ensemble de l’économie du GSO tant dans l’industrie (+1,3 % en 2022 après +1,6 % en 2021) que dans les secteurs marchands non agricoles (+1,8 % en 2022 après +5,7 % en 2021).

Les effectifs dédiés à la filière aérospatiale augmentent dans tous les secteurs en 2022. Après un recul en 2021, l’emploi rebondit dans la métallurgie (+6,3 %) et dans la construction aéronautique et spatiale (+4,4 %). Cette dernière est la principale contributrice à la hausse de l’emploi dans la filièreavec44%desemploiscréés.

L’emploi reste toujours bien orienté dans le secteur tertiaire, que ce soit dans l’ingénierie (+5,7 %) ou les activités informatiques (+5,4 %). L’emploi progresse fortement dans les établissements des PME et dans les microentreprises (+10,4 %), qui créent 1 400 emplois nets au total. PME et microentreprises deviennent ainsi le 2e contributeur à la croissance de l’emploi, derrière les grandes entreprises, dont les emplois n’augmentent que de +3,5 % (+2 500 emplois). 

L’emploi dans les ETI augmente de +4,0 % avec 1 000 emplois nets créés en 2022.

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L’emploi en hausse dans la plupart des territoires du Grand Sud-Ouest

L’emploi dédié à l’aérospatial augmente dans la majorité des territoires du Grand Sud-Ouest. Il progresse de 4,3 % dans la zone d’emploi de Toulouse, premier pôle d’implantation de la filière avec 61 % des emplois dédiés en 2022. Principal moteur de l’emploi en 2021, la zone accueille 2 900 emplois supplémentaires, grâce au dynamisme de la construction aéronautique et spatiale (+5 %), de la métallurgie (+7 %) et des services spécialisés (+4 %). 

Dans la zone d’emploi de Bordeaux, deuxième zone d’implantation avec 11 % des effectifs dédiés, l’emploi s’accélère en 2022 (+4,5 %),dooppééppaarr les services spécialisés (+8 %) et la construction aéronautique et spatiale (+4 %). L’emploi dédié à la filière continue de croître à un rythme soutenu dans la zone de Tarbes-Lourdes (+9 %), stimulé par le rebond d’activité chez le constructeur Daher Aérospace. 

L’emploi se redresse nettement dans les zones de Foix-Pamier, Châtellerault, Pau (+7 %) ainsi que dans celle de Figeac (+4 %) qui dépend à plus de 16 % de la filière aérospatiale. Ailleurs dans le GSO, l’emploi progresse plus modérément ou stagne, excepté dans les zones de Niort, de Marmande, de Cognac et d’Auch où il diminue légèrement.

L’emploi dans le tertiaire dépasse son niveau d’avant-crise

Fin 2022, l’emploi dans la filière aérospatiale du GSO se rapproche nettement de son niveau d’avant la crise (environ 2 % en dessous du niveau de fin 2019) du fait du dynamisme des activités tertiaires qui ont davantage progressé sur la période que les activités industrielles. Ainsi, l’emploi dans l’ingénierie et dans les activités informatiques dépasse de respectivement 7 % et 3 % son niveau de 2019. 

À l’inverse, l’emploi dans la métallurgie, dont le redémarrage est plus tardif, resteàunniveauinférieurde20% à celui de 2019.

Dans la construction aéronautique et dans la construction spatiale, le rattrapage se poursuit avec des niveaux désormais inférieurs de 2 % et 3 % à ceux de 2019. Les évolutions de l’emploi dans l’ensemble de la filière aérospatiale sont plus favorables en Occitanie, qui a déjà rattrapé le niveau de 2019, qu’en Nouvelle-Aquitaine où l’emploi demeure encore inférieur de 4 % par rapport à l’avant-crise.

La perspective d’une nouvelle accélération se dessine

Interrogés au premier semestre 2023 sur leurs perspectives pour le début d’année, les chefs d’entreprise de la filière aéronautique estiment que l’activité augmente au premier semestre 2023 par rapport au second semestre 2022. Le solde d’opinion s’établit à +86 points. Il atteint +98 points dans la construction aéronautique et +90 points dans la métallurgie, traduisant une accélération de l’activité dans ces secteurs. 

Dans les autres secteurs, le rythme de croissance de l’activité serait un peu moins élevésurlapremièremoitiédel’année2023. Dans le spatial, en revanche, la morosité concernant l’activité perdure au premier semestre 2023 avec un solde d’opinion négatif dans la construction spatiale (-5 points).

Pour le second semestre 2023, les chefs d’entreprises anticipent une poursuite de la hausse de l’activité dans l’industrie aéronautique. Dans la fabrication d’équipements électriques et électroniques, l’activité accélérerait sous l’effet notamment du retour à la normale sur le marché des composants électroniques après deux années de pénurie. Dans la maintenance, la fin de l’année s’annonce également en hausse pour la majorité des entreprises du secteur, suivant la forte reprise générale du transport aérien. 

La filière spatiale anticipe également un second semestre qui repartirait à la hausse. Les entreprises industrielles continuent à davantage mobiliser leurs capacités de production. Le taux d’utilisation des capacités de production au 1er semestre 2023 s’établit à 86 % après 82 % en moyenne en 2022. Dans la chaîne d’approvisionnement, il ne progresse que légèrement après avoir nettement augmenté en 2022. 

En revanche, ce taux augmente nettement dans le secteur de la construction aéronautique, suite à la reprise déjà à l’œuvre en 2022 de la chaîne d’approvisionnement.

Vers une nouvelle vague d’embauches malgré des difficultés de recrutement croissantes

Face aux tensions croissantes pesant sur leurs capacités de production, les entreprises du GSO devraient poursuivre les embauches avec un besoin de recrutement qui reste élevé. Interrogés sur leurs perspectives, les chefs d’entreprise anticipent une hausse de l’effectif salarié dédié aux activités aérospatiales en 2023 au même rythme qu’en 2022.

Le recours aux intérimaires devrait aussi se poursuivre en 2023. Il concernerait essentiellement les secteurs industriels. Dans le tertiaire, les entreprises prévoient un recul pour l’embauche d’intérimaires dans les activités informatiques et dans l’ingénierie. 

Parmi les entreprises de la filière qui ont recruté ou ont prévu de recruter en 2023, les difficultés d’embauche deviennent quasi-systématiques : 86 % évoquent des difficultés en 2023 contre 78 % en 2022, quel que soit le secteur d’activité ou la taille de l’entreprise. Les entreprises de la construction aéronautique et spatiale s’en sortent toutefois mieux que les autres : 77 % d’entre elles sont confrontées à des problèmes de recrutement. 

Ces difficultés croissantes de recrutement sont liées à l’absence de candidats pour 90 % des entreprises. Les entreprises évoquent ensuite la forte concurrence avec d’autres entreprises du même bassin d’emploi (70 %). Les autres motifs, comme un décalage entre le profil des candidatures et le poste ou la localisation de l’entreprise, sont nettement moins fréquents. 

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Source INSEE 

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