En 2021 une nouvelle usine entrera en service à Fos-sur-Mer. Un événement historique à double titre. Il s’agit en effet de la première usine construite depuis cinquante ans à Fos et du premier investissement chinois d’une telle ampleur en France. 105
Selon Christine Cabau-Woehrel, présidente du directoire du port de Marseille-Fos, le 18 octobre « rien n’était gagné d’avance. Nous avons travaillé durant des mois pour finaliser une offre plug and play. Quand tous les partenaires travaillent ensemble nous sommes plus forts pour réussir ».
Une date à marquer d’une pierre blanche pour le territoire provençal qui a signé une promesse de bail de 12 ha, sur les terres du port de Marseille-Fos, avec l’entreprise chinoise Quechen.
« Il s’agit du plus gros investissement « greenfield » en France, c’est à dire qu’il s’agit d’une construction et non d’une prise de participation », a commenté Philippe Maurizot, conseiller régional de Provence Alpes Côte d’Azur.
« Amortir les risques liés au taux de change »
Si Marseille-Fos a été sélectionnée parmi 28 sites européens en lice, c’est notamment en raison de la proximité d’autres industriels sur la plate-forme industrielle et d’innovation du Caban Tonkin (Piicto).
« Nous allons acheter des matières premières à Kem One et Air Liquide. Cette usine sera notre porte drapeau européen. Nous exportons actuellement 45000 tonnes chaque année depuis la Chine vers le marché européen mais nous ne sommes pas suffisamment compétitifs en raison des coûts de transport terrestre et maritime.
Nous sommes également pénalisés par les barrières commerciales et les risques de taux de change yuan-euro. En possédant une usine en Europe nous amortissons ces risques », a précisé Weidong Que, président fondateur de Quechen Silicon Chemical.
Christine Cabau-Woehrel, présidente du directoire du port de Marseille-Fos et Weidong Que, président fondateur de Quechen Silicon Chemical ont signé le 18 octobre 2018 une promesse de bail à construction. © Nathalie Bureau du Colombier
Mise en service en 2021
A son démarrage en 2021, l’usine devrait produire 90 000 tonnes par an de silice et génèrera 400 000 tonnes de trafic maritime.
« C’est la première fois que nous travaillons collectivement avec autant d’engouement, d’envie et de détermination. Les services de l’Etat à travers la Dirrecte et la Datar se sont impliqués. La visite en Chine d’Emmanuel Macron a été déterminante dans votre choix. Ce projet entre à présent dans sa phase opérationnelle », a précisé Martine Vassal, présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence et du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône.
Cette implantation nouvelle de l’industriel chinois donne tout son sens à la plate-forme industrielle et d’innovation du Caban Tonkin (PIICTO) et à l’appel à manifestation d’intérêt Industry’Nov lancé au printemps dernier par les collectivités et les industriels de la zone (Kem One, LyondellBassell, Total).
« La signature de ce bail démontre l’importance de la zone de Fos et de l’Etang de Berre. L’usine va contribuer à la création de 130 emplois directs et autant d’emplois indirects », s’est réjoui François Bourrasse, directeur de Total La Mède et président du Groupement Maritime et Industriel de Fos.
Quechen fondée en 2003 s’est hissée en quelques années seulement dans le top trois des producteurs de silice avec 250 000 tonnes produites en 2017. Originaire de Wuxi, surnommée la petite Shanghaï, l’entreprise compte également deux autres sites de production en Chine, à Fujian et Anhui. Au premier trimestre 2019, Quechen inaugurera une quatrième usine en Thaïlande.
En direct de Marseille avec Nathalie BUREAU DU COLOMBIER
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