Cannes : Rencontre avec Anthea Comellini, ingénieure Thales Alenia Space et astronaute

 A 30 ans seulement, la jeune italienne Anthea Comellini fait partie de ceux qui ont déjà vécu de nombreuses vies en un laps de temps très court. Vous en entendrez forcément parler dans les semaines à venir… Ingénieure chez Thales Alenia Space à Cannes, Anthea a récemment été sélectionnée par l’Agence Spatiale Européenne en tant qu’astronaute réserviste. Elle fait partie des 17 heureux gagnants retenus parmi les 22500 candidats en compétition.

Si l’ESA venait à lui assigner une mission en vol, Anthea suivra le même entrainement que les astronautes confirmés. Elle pourrait ainsi être amenée à intégrer la Station Spatiale Internationale ou à participer au programme ARTEMIS de la NASA, lequel prévoit le retour des astronautes sur la Lune dès 2025.

Thales Alenia Space est un partenaire industriel clé à bord d’Artemis. L’entreprise contribue à la réalisation du module de service européen de la capsule Orion et réalisera en particulier 3 modules pressurisés dédiés à la station spatiale cislunaire Gateway. Au-delà de Lunar Gateway, c’est toute une nouvelle économie lunaire qui est en train de prendre forme. On parle de Moon Village, d’habitats et abris lunaires, de rovers, de plateformes d’atterrissage… Autour de la lune, il y aura également des systèmes de télécommunications et de navigation par satellite. Thalès fait partie intégrante du retour de l’Humanité sur la Lune, laquelle servira de poste avancé pour préparer des missions d’exploration habitées à destination de Mars.

Cette promo’ compte 17 astronautes : 5 astronautes confirmés, 11 réservistes, dont Anthea fait partie, ainsi qu’une personne en situation de handicap.

Véritable parcours du combattant, la sélection s’est déroulée sur près d’un an et demi. Les candidats en lice ont dû subir une batterie de tests répartis en 6 étapes distinctes. 

D’abord présélectionnés sur leur parcours, les candidats ont participé à des épreuves où l’on a cherché à évaluer leur « background », leur capacité à parler en public, leurs acquis psychométriques, leurs compétences en langues, mathématique, physique, leur acuité visuelle et vitesse de perception… 

Au-delà des compétences techniques intrinsèques à chaque postulant, les candidats ont fait l’objet de tests psychologiques afin de mesurer leur capacité à gérer des situations impromptues. Ont été retenus les candidats sachant faire preuve de sang-froid, de pragmatisme, des personnes en capacité de travailler en équipe dans un environnement international. Les prétendants au titre d’astronaute ont également effectué des tests médicaux ainsi que des tests sportifs à l’effort. 

A titre d’exemple, dans l’espace, les astronautes ont tendance à perdre de la densité osseuse. Les personnes sélectionnées devaient ainsi être dotées d’une bonne densité osseuse pour pouvoir franchir la 4ème étape. Enfin, l’évaluation de la motivation et des ambitions personnelles de chacun des candidats a été déterminante pour franchir les 2 dernières étapes.

Diplômée de l’Université Polytechnique de Milan en ingénierie spatiale, Anthea Comellini détient également un diplôme d’ingénieure obtenu dans le cadre d’un double-diplôme avec l’ISAE-SUPAERO. Elle est également titulaire d’un master de l’université de Paris-Saclay, spécialisé dans le contrôle de systèmes complexes et techniques d’estimations.

Anthea possède par ailleurs un doctorat de l’ISAE-SUPAERO, dans le domaine de la navigation autonome pour les missions spatiales de rendez-vous, obtenu en 2021 à l’issue de sa première expérience professionnelle chez Thales Alenia Space. Au cours de son doctorat, elle a été chercheuse invitée pendant 4 mois, au sein du laboratoire de robotique mobile et de systèmes autonomes de l’École polytechnique de Montréal, au Canada.

A l’issue de son doctorat, Anthea Comellini a rejoint le Centre européen d’opérations spatiales (ESOC) de l’ESA à Darmstadt, en Allemagne. Elle y a travaillé pendant 2 ans en tant qu’ingénieure en dynamique de vol, et s’est spécialisée dans la détermination d’orbites dédiées à des missions d’exploration interplanétaires. Elle a œuvré sur des programmes majeurs parmi lesquels BepiColombo, GAIA, Mars Express et l’orbiteur traceur de gaz du programme ExoMars.

Depuis septembre 2022, Anthea officie en tant qu’ingénieure GNC (Guidance, Navigation, and Control) et AOCS (Attitude and Orbit Control System) au sein du département de recherche et développement de Thales Alenia Space à Cannes. Elle travaille sur des projets relatifs à la gestion des débris spatiaux permise grâce à la robotique. Ces missions contribuent à la réduction des risques de collisions et viennent renforcer l’ensemble des initiatives mises en oeuvre pour une gestion responsable et durable de l’espace.

Parlant italien, anglais et français couramment, Anthea a également des notions en russe. Titulaire d’une licence de pilotage, sportive et pratiquant de nombreuses activités artistiques – dessin, peinture, pratique de la guitare, poésie – Anthea possède un profil extrêmement polyvalent et pluridisciplinaires.

L’établissement cannois de Thales Alenia Space est devenu une véritable pépinière d’astronautes puisque il a eu la chance d’accueillir Thomas Pesquet dans le cadre son stage de fin d’études en 2001 !

© Photos :  Thales Alenia Space/Briot