Près de 360 entreprises de la région ont répondu à l’enquête de conjoncture semestrielle des CCI d’Auvergne-Rhône-Alpes. 36% des TPE-PME ont enregistré un recul de leur chiffre d’affaires au 1er semestre, pour seulement 28% ayant bénéficié d’une hausse. Ce bilan est le moins favorable depuis sept ans (hors crise Covid). Le manque de vigueur de l’activité revient au premier rang des freins au développement des TPE-PME. 70% des chefs d’entreprises ne sont pas confiants quant à la situation économique générale, soit une progression sensible en six mois. La situation politique suite aux élections législatives anticipées, avec son risque d’instabilité, est l’une des préoccupations majeures
Le manque de confiance des TPE-PME dans la situation économique générale atteint un niveau record.
« Notre dernière enquête, menée en juillet, montre que le manque de confiance des TPE-PME dans la situation économique générale atteint un niveau record. En particulier, les entreprises redoutent l’instabilité propre à la période politique que nous vivons.
Par ailleurs, les dirigeants ont évidemment à l’esprit les mesures très défavorables à l’activité économique contenues dans certains programmes et qui viendraient impacter négativement un tissu déjà fragilisé. Si nous regardons le 1er semestre dans sa totalité, nous constatons que le climat des affaires s’est sensiblement dégradé et que le manque de vigueur de l’activité est désormais déploré par près d’une entreprise sur deux.
Tout cela entraîne logiquement une hausse de l’attentisme en matière d’investissement ainsi qu’un ralentissement du marché de l’emploi.
Il est essentiel que la situation politique retrouve une stabilité dans la durée sur la base d’un programme favorable au développement économique. Le renforcement de notre compétitivité reste notre premier objectif dans un monde de concurrence exacerbée » indique Philippe GUÉRAND Président de la CCIR Auvergne-Rhône-Alpes.
Des perspectives d’activité qui restent mornes, bien qu’en léger redressement
Une part conséquente des TPE-PME (de l’ordre de 45 %) s’attend à une stabilité de son activité au 2e semestre. Elle est un peu moins importante dans le tertiaire tourné vers les particuliers.
Pour les autres, les entreprises qui s’attendent à un recul de leur activité, par rapport au niveau du 2e semestre 2023, demeurent plus nombreuses que celles qui s’attendent à une progression. Le solde « part des entreprises en hausse » – « part des entreprises en baisse » reste ainsi négatif à – 11. Il y a toutefois un redressement par rapport à janvier (+ 8 points).
Seul le secteur du numérique présente un solde positif, ainsi que les entreprises exportatrices avec + 1, ce qui correspond à une nette amélioration par rapport à la situation il y a six mois. La conquête de nouveau marchés à l’international redevient le premier levier de développement cité par les entreprises exportatrices, avec une fréquence de citation en hausse sensible.
L’industrie, le commerce de gros/transport logistique et le commerce de détail présentent des soldes sensiblement moins bien orientés que pour l’ensemble des activités. Résultat notable, ce semestre, le solde est moins bien orienté pour les PME de 50 salariés et plus (- 20) que pour l’ensemble des TPE-PME.
Dans l’hébergement-restauration, les prévisions sont pessimistes et marquent une dégradation sensible en six mois.
Si le solde reste là encore négatif (- 9), un redressement intervient toutefois dans le BTP.
La confiance dans la situation économique générale apparaît par ailleurs fortement dégradée. 70 % des chefs d’entreprise disent ainsi ne pas être confiants (53 % ne le sont plutôt pas et 17 % pas du tout), soit + 11 points en six mois. La proportion atteint 80 % dans le commerce. Avec 70 %, cet indicateur atteint son plus haut niveau depuis 2017, période Covid y compris.
L’enquête étant intervenue en juillet, ce résultat est directement influencé par la situation politique suite aux élections législatives anticipées. De très nombreuses entreprises expriment ainsi en commentaires leur grande préoccupation quant à la situation politique suite à ces élections.
« Grosse inquiétude quant à la stabilité politique et budgétaire de notre pays », précise une grosse PME de biens d’équipement du Rhône.
Une majorité des TPE-PME juge toujours que le risque de défaillances d’entreprise est élevé dans leur environnement économique : à 55 %, cette part recule toutefois de 3 points par rapport à janvier. Elle est sensiblement plus élevée dans le transport/logistique et dans le tertiaire supérieur.
Toujours des difficultés de recrutement malgré le manque de vigueur de l’activité
La part des TPE-PME qui disent ne pas faire face à des freins au développement recule encore, à 8 %. Au même niveau que le manque de vigueur de l’activité (frein qui marque une remontée sensible comme vu précédemment), les difficultés de recrutement demeurent au 1er rang des freins au développement rencontrés par les TPE-PME, malgré le moindre dynamisme du marché du travail.
44 % des TPE-PME sont globalement concernées et c’est plus d’une sur deux dans l’industrie, le BTP et le transport/logistique.
Dans le contexte inflationniste, la hausse des salaires est considérée comme un frein au développement par ¼ des répondants, mais cette proportion n’augmente plus.
« L’augmentation des salaires ne profite pas assez à ceux qui travaillent depuis des années et qui se font rattraper sans arrêt par le SMIC », précise une TPE du commerce de détail dans le Cantal.
Le niveau des prix des intrants (matières premières, composants, prestations…) est également un frein pour ¼ des TPE-PME mais sa fréquence de citations baisse sensiblement par rapport à janvier, ce qui confirme le ralentissement de l’inflation.
La pression des charges liées à l’énergie se dessert également, 58 % des TPE-PME déclarant que le coût de l’énergie n’a pas d’impact pour elles pour l’instant (+ 13 points en six mois). 21 % des entreprises disent toutefois être freinées dans leur développement par les coûts de l’énergie et 19 % se disent fragilisées.
« Toutes les charges ont augmenté : carburant, salaires, charges sociales, prix des matériaux… Il est de plus en plus difficile d’être compétitif face à une activité en baisse (difficultés de financement des clients) » ajoute une TPE du BTP de la Loire.
Dans cette période économique compliquée, on constate que les TPE-PME actionnent fréquemment divers leviers de développement. La fréquence de citation progresse ainsi pour la plupart des leviers.
La conquête de nouveaux marchés en France reste le premier cité, par près d’une entreprise sur deux.
La diversification et l’innovation sont des leviers mis en avant par un tiers des TPE-PME. Dans le transport/logistique, c’est une entreprise sur deux qui mise sur la diversification.
Le recours à la croissance externe atteint le niveau assez élevé de 9 %, là encore dans le transport, mais aussi l’industrie et pour les entreprises exportatrices.