Aviation durable 2
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Nathalie Bureau du Colombier
23 décembre 2024 Dernière mise à jour le Lundi 23 Décembre 2024 à 09:34

Avions électriques ou à hydrogène, efficaces sur de courtes distances, pourraient fort bien contribuer au désenclavement des territoires de province et à la vitalité des aéroports français de taille modeste. Les beaux jours de la mobilité aérienne régionale passent par l’introduction de nouvelles énergies. Se rendre de Marseille à Cognac en avion sans bruit ni pollution, pourrait bientôt devenir réalité.

Les routes transversales restent largement absentes des priorités d’aménagement du territoire, rendant certains trajets régionaux particulièrement longs.  Si les liaisons aériennes de courte distance ont réduit la voilure laissant peu à peu du terrain au transport ferroviaire, les ruptures technologiques devraient permettre à l’aviation de réussir sa transition énergétique tout en apportant une plus-value en termes de desserte. Ces avions verts pourraient relier rapidement des villes jusqu’ici mal desservies, améliorant ainsi l’accès aux services, au tourisme et aux opportunités économiques locales. 

« Le SAF, une parenthèse avant l’avènement de l’hydrogène »

« En dessous de 30 places, les avions seront dotés de batteries et seront en capacité d’atterrir dans des aéroports urbains. Les carburants d’aviation durable seront une parenthèse avant l’avènement de l’hydrogène. L’aviation a toujours été un symbole de disruption. Il ne faut surtout pas arrêter de rêver, il faut promouvoir une aviation propre », lance, l’aventurier des airs, Bertrand Picard, le 11 décembre à l’Assemblée Nationale. 

Bertrand Picard Aviation durable

Bertrand Picard a inauguré un colloque organisé par Équilibre des Énergies sur le thème « Développer un transport aérien durable : un enjeu économique, social et environnemental ». ©NBC

Inaugurant un colloque organisé par Équilibre des Énergies sur le thème « Développer un transport aérien durable : un enjeu économique, social et environnemental », le président de la fondation Solar Impulse annonce un prochain tour du monde sans escale avec un avion hydrogène en 2026. 

Du rêve à la réalité pour Olivier Savin qui, fort d’une carrière de vingt-cinq ans dans le domaine de l’hydrogène devient constructeur aéronautique et fonde en 2020 Blue Spirit Aero qui conçoit des avions légers de petite capacité à hydrogène. 

Olivier Savin Aviation durable

Olivier Savin, fondateur et président-directeur général de Blue Spirit Aero. ©NBC

« La mobilité aérienne régionale, un marché de 100 milliards de dollars »

« La mobilité aérienne régionale représente un marché gigantesque de 100 milliards de dollars par an et permettra de désenclaver les territoires », avance le président-directeur général de Blue Spirit Aero. Lors de la prochaine édition du Salon du Bourget, il lèvera le voile sur « DragonFly » un aéronef de 4 à 8 places alimenté à l’hydrogène grâce à une pile à combustible. 

« 12 pods identiques (composés d’une pile à combustible qui alimente un petit moteur à hélices) sont fixés sur les ailes de l’appareil de 7,5 m de long », souligne Olivier Savin qui garantit un avion décarbonné, fiable et silencieux. « Il pourra parcourir 700 Km en trois heures », assure-t-il. 

Le « DragonFly » sera commercialisé en version 6 places à compter de 2027 sous réserve de sa certification. La réussite de cette transition dépendra aussi des investissements nécessaires dans les infrastructures aéroportuaires et du soutien des politiques publiques à l’heure où il est question d’une flambée des taxes en France dans l’aérien. 

Jean-Luc Schnoebelen, président du groupe Edeis, concessionnaire de 17 aéroports en France, a rappelé le rôle vital des aéroports de Province : « 5 000 vols sanitaires sont effectués chaque année, ce sont des transferts d’organe. Par ailleurs, à l’heure du réarmement de la France, il faudra bien faire décoller les avions ! ». 

Les aéroports tout comme les aéronefs sont engagés sur la voie de la décarbonation. Le 2 décembre 2024, l’aéroport Marseille-Provence signait un accord avec H2V pour favoriser l’avitaillement futur en carburants d’aviation durable (e-kerosène). « Edeis amène le tout électrique grâce aux panneaux photovoltaïques », souligne Jean-Luc Schnoebelen. 

Le roulage des avions sur le tarmac fait partie des pistes de réduction de l’empreinte carbone, tout comme l’amélioration des trajectoires en vol et l’efficience énergétique des appareils qui gagnent 2% par an. 

« L’avènement des nouveaux appareils a permis de diminuer de 80% la consommation de carburant entre 1970 et 2023, cependant le trafic aérien a été multiplié par 13 et les émissions de CO2 ont triplé depuis 1970 », pointe Christine Arrighi, députée Écologiste et Social de Haute-Garonne. L’essor du transport aérien va se poursuivre avec un doublement du nombre d’aéronefs d’ici 20 ans. « Nous allons passer de   22 000 à 48 000 avions dans le monde entre 2022 et 2043 », annonce Bertrand de Lacombe, Head of Regulatory and External engagement d’Airbus. 

Selon les prévisions de l’IATA, 5,2 milliards de passagers devraient prendre l’avion en 2025, soit 200 millions de plus, ce qui correspond au trafic annuel de la France. 

Le transport aérien est responsable du réchauffement climatique à hauteur de 5% et de 2,5% des émissions mondiales de CO2. L’aviation durable pourrait donc redessiner la carte de la mobilité régionale. 

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