Au lendemain de la chute du gouvernement de François Bayrou, Alain Gargani, président de la CPME Sud, réélu en mai 2025, a lancé un appel pressant à destination des pouvoirs publics : « On a un besoin urgent que le gouvernement soit pro-entreprise ». Dans un contexte économique morose et instable, il a défendu une série de mesures concrètes pour redonner de la respiration aux TPE-PME, moteurs de l’économie régionale.
En première ligne des revendications de la Confédération des petites et moyennes entreprises qui rassemble, selon le syndicat patronal, 365 000 adhérents : l’allègement des charges qui pèsent sur les petites entreprises. « Comment réinventer le modèle social pour alléger les charges des entreprises ? », interroge Alain Gargani, le 9 septembre à Marseille, lors d’une conférence de presse.
La CPME Sud réclame notamment la défiscalisation des heures supplémentaires, pour permettre une hausse nette des salaires sans alourdir le coût du travail. « La fiscalité nous empêche d’augmenter les salaires. Si on défiscalise quatre heures supplémentaires, on peut les reverser à moitié aux salariés, tout le monde est gagnant », plaide-t-il.

« Exonérer les bénéfices réinvestis de l’IS »
Le président régional propose également une réforme du régime de l’impôt sur les sociétés, avec une exonération ciblée sur les bénéfices réinvestis : « Quand on garde l’argent dans l’entreprise pour développer un projet ou renforcer sa solidité, pourquoi le taxer ? ». Cette mesure viserait à encourager l’investissement productif, dans un contexte où celui-ci s’effondre.
Autre alerte lancée : celle de la relation avec les établissements bancaires. « Il faut que les banquiers soient davantage compréhensifs et n’appliquent pas des critères trop stricts au risque d’accélérer la casse. Beaucoup de dirigeants n’en peuvent plus, ils n’ont plus de réserves. On voit de plus en plus d’entrepreneurs qui choisissent la liquidation plutôt que la protection du tribunal de commerce », témoigne-t-il. Un phénomène inquiétant, alors que plus de 31 000 procédures collectives ont été enregistrées au 16 juin 2025, en progression de 3 % sur cinq mois.
Si la région avait mieux résisté que la moyenne nationale au second semestre 2024, les signaux se sont dégradés ces derniers mois. La CPME Sud observe une remontée inquiétante des défaillances d’entreprises. « La région avait enregistré une baisse de 4,7 % des procédures collectives fin 2024, alors que la tendance nationale était à la hausse. Aujourd’hui, on est repassé dans le rouge », alerte Alain Gargani.
« Dans tous les secteurs, il y a de l’inquiétude, et certains plus encore : le bâtiment, la restauration, l’immobilier. On a des chutes d’activité allant jusqu’à -25 % dans certains territoires cet été. On voit des agences immobilières historiques fermer boutique, des restaurateurs jeter l’éponge, des chantiers stoppés net », précise-t-il. L’ensemble des filières souffre d’une consommation en berne et d’un climat d’instabilité qui paralyse les décisions et fragilise la France à quatre jours de la notation financière du pays par l’agence Fitch.
Cette instabilité, il la dénonce frontalement. « On ne peut pas continuer à changer de gouvernement tous les six mois. Chaque jour de retard dans la nomination d’un exécutif stable, ce sont des entreprises qui coulent, des salaires qu’on ne paie plus ». À ses yeux, l’heure n’est plus aux postures partisanes. « Ce qu’on demande, ce n’est pas un gouvernement de droite ou de gauche. Ce qu’on veut, c’est un gouvernement qui agisse vite, et dans l’intérêt des entreprises ».
Enfin, il ne cache pas son incompréhension face à la mobilisation du 10 septembre née sur les réseaux sociaux et baptisée « Bloquons tout » : « Mais qui on bloque ? Les gens qui travaillent. Les commerçants, les restaurateurs. Cette journée-là, un restaurant qui ne travaille pas, c’est une journée de trésorerie en moins, et parfois celle de trop. J’avais programmé quatre rendez-vous à Paris que j’ai dû annuler », explique le patron d’Atout Organisation Science, une agence marseillaise spécialisée dans l’organisation de congrès scientifiques et médicaux.
La CPME Sud, vent debout contre l’instauration d’un versement mobilité régional, se veut catégorique : pas de nouvelles taxes, moins de normes, des charges allégées, des banques à l’écoute, un modèle social repensé. Et surtout, à l’heure où le président Macron doit constituer un nouvel exécutif il martèle : « Il faut un gouvernement pro-entreprise au service de l’intérêt général ». Alain Gargani recevra à Marseille le 29 septembre le président de la Confédération Amir Reza Tofigh.
Malgré tout, la CPME Sud continue de mobiliser le tissu économique régional. Après une édition 2024 réussie du salon Made in PME, le rendez-vous est déjà fixé au 9 avril 2026 pour une nouvelle édition au Palais des Congrès de Marseille. D’ici là, le réseau patronal espère que les signaux politiques et économiques auront enfin tourné au vert.

Réagissez à cet article