Screenshot
#Agroalimentaire #Alimentaire #Alimentation #Industrie #VieDesEntreprises #AuvergneRhoneAlpes #Drome #RomansSurIsere
Fiona Urbain
Hier Dernière mise à jour le Mercredi 17 Décembre 2025 à 19:15

Le spécialiste drômois des ravioles et pâtes fraîches inaugure son nouveau siège social à Romans-sur-Isère et affiche un chiffre d'affaires de 116,8 millions d'euros, porté par une croissance de 22% entre 2021 et 2024 et ne compte pas s'arrêter là.

À l’heure où de nombreuses entreprises agroalimentaires peinent à maintenir leur compétitivité, Saint Jean, fleuron français des ravioles et pâtes fraîches, célèbre ses 90 ans avec un investissement industriel record. La société drômoise, qui emploie 527 collaborateurs répartis sur cinq sites en Auvergne-Rhône-Alpes, vient d’inaugurer son nouveau siège social baptisé UNISSON à Romans-sur-Isère, couronnant ainsi six années de travaux pour 82 millions d’euros.

Un investissement massif pour tripler les capacités

L’ampleur du projet est à la mesure des ambitions du groupe familial dirigé par Guillaume Blanloeil. L’opération a mobilisé 22 entreprises partenaires, dont 98% régionales et 30% drômoises, ainsi que 500 compagnons sur six ans. Résultat : la capacité de production de pâtes fraîches peut désormais tripler, passant de 5 800 à 15 000 tonnes.

La nouvelle usine de pâtes fraîches s’étend sur 7 500 m², complétée par une plateforme logistique de 4 500 m². Mais l’innovation la plus spectaculaire reste le siège social UNISSON : 3 400 m² pensés pour le bien-être des collaborateurs, avec des bureaux lumineux, une cuisine R&D semi-professionnelle, un grand patio central et des espaces de concentration acoustiquement traités.

“UNISSON est bien plus qu’un siège social. C’est une partition collective jouée sur un tempo d’avenir”, explique Guillaume Blanloeil, président de Saint Jean. Le bâtiment respecte une démarche environnementale poussée : toiture végétalisée, bardage bois inspiré des séchoirs à noix de l’Isère, espaces verts co-conçus avec la Ligue de Protection des Oiseaux.

Screenshot

Une performance économique impressionnante

Les chiffres témoignent d’une trajectoire solide. Avec 116,8 millions d’euros de chiffre d’affaires, Saint Jean affiche une croissance de 22% entre 2021 et 2024. L’entreprise produit annuellement 6 300 tonnes de ravioles, 6 000 tonnes de quenelles, 5 220 tonnes de pâtes farcies et 1 800 tonnes de produits traiteurs, soit 19 000 tonnes au total.

Ces volumes impressionnants reposent sur des approvisionnements massifs : 1 000 tonnes de Comté par an, 3 500 tonnes de blé tendre, 3 000 tonnes de blé dur, et 130 millions d’œufs commercialisés chaque année – soit l’équivalent d’un œuf cassé chaque seconde pendant quatre ans.

La stratégie multi-marques porte ses fruits. Saint Jean s’adresse au grand public via sa marque éponyme, aux professionnels avec Royans (créée en 1962), aux amateurs de bio avec Comptoir du Pastier (qui représente 14,8% de l’offre), et aux réseaux multifrais avec Maison Truchet, en hommage au fondateur Émile Truchet, inventeur de la première “raviolatrice” en 1935.

Un ancrage territorial et des labels prestigieux

L’entreprise s’appuie sur un réseau de quatre boutiques à Romans-sur-Isère, Grenoble, Lyon et Saint-Jean-en-Royans, ainsi que sur une distribution nationale en grande surface. Sa raviole du Dauphiné bénéficie d’un double label : Label Rouge depuis 1998 et IGP (Indication Géographique Protégée) depuis 2009.

Cette reconnaissance récompense un savoir-faire exceptionnel : une pâte extra-fine de 0,7 millimètre d’épaisseur – plus fine qu’un ticket de métro – élaborée à base de farine de blé tendre français et d’œufs de la Drôme, farcie d’au moins 40% de Comté AOP, de fromage blanc frais et de persil revenu dans du beurre.

L’ancrage local est au cœur du modèle économique : 80% des ingrédients proviennent de France, dont 47% directement de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Une proximité qui se traduit aussi dans l’emploi : 89% des salariés sont en CDI et 95% à temps plein.

Screenshot

Une démarche RSE ambitieuse

Au-delà de la performance économique, Saint Jean structure une politique RSE volontariste. L’entreprise est certifiée ISO 50001 pour l’énergie et IFS pour la qualité. Le nouveau site illustre cette ambition : réhabilitation de 30 000 m² de friches industrielles, réincorporation de 9 600 tonnes de gravats recyclés, récupération de chaleur résiduelle.

Résultat : malgré une augmentation de 50% des surfaces, la consommation énergétique globale a baissé de 10% lors de la bascule vers les nouvelles installations en décembre 2022. La chaleur fatale générée par l’usine sert désormais à chauffer le siège social.

La démarche clean label s’impose dans toutes les gammes : pas d’additifs controversés, des recettes courtes et simples. Depuis 1993, une gamme bio se développe, représentant aujourd’hui près de 15% de l’offre Saint Jean.

Un secteur porteur malgré les défis

L’innovation reste au menu avec le lancement régulier de nouvelles références. En 2023, une nouvelle gamme de pâtes fraîches a été commercialisée. Les Raviolines, format carré innovant, marient le fondant de la raviole à la praticité des pâtes farcies. Les Grandes Ravioles, format généreux de 18 grammes, proposent des recettes premium (morilles à la crème, langoustines, Beaufort AOP, saumon fumé).

Le secteur des pâtes fraîches bénéficie d’une dynamique favorable, porté par la recherche de praticité sans renoncer au goût authentique. Les ravioles à poêler, qui se préparent en quelques minutes, rencontrent un franc succès auprès des consommateurs pressés.

L’entreprise forme également les talents de demain : avec 14 500 apprentis attendus en 2025 au niveau national dans le secteur agroalimentaire, Saint Jean participe activement à la transmission des savoir-faire.

Screenshot

Une histoire qui traverse les siècles

Depuis 1935, année où Émile Truchet, restaurateur à Romans-sur-Isère, inventa la première machine à ravioles, l’entreprise n’a cessé d’évoluer. En 1992, Claude Gros donne une nouvelle impulsion à la marque qui entre en Bourse et s’agrandit. Guillaume Blanloeil, qui a pris les rênes en 2002, poursuit cette trajectoire de modernisation sans renier l’héritage.

La raviole elle-même s’inscrit dans une histoire millénaire. Dès le Moyen Âge, les Francs cuisinaient ces pâtes garnies. Au XVIIIe siècle, la recette s’ancre dans les terres drômoises, à Romans-sur-Isère. À la fin du XIXe siècle, les ravioleuses allaient de ferme en ferme perpétuer ce savoir-faire paysan.

Aujourd’hui, Saint Jean produit l’équivalent de quoi remplir huit piscines olympiques de ravioles par an. Une file de ses quenelles s’étendrait sur 600 kilomètres, soit la distance entre Romans et Bruxelles. Ses pâtes farcies pourraient offrir une assiette à tous les Italiens.

À 90 ans, l’entreprise drômoise démontre qu’il est possible de conjuguer croissance économique, respect du patrimoine culinaire et responsabilité environnementale. Un modèle qui pourrait inspirer d’autres acteurs de l’agroalimentaire français en quête de sens et de performance.

Saint Jean réalise 116,8 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 527 collaborateurs sur cinq sites de production en Auvergne-Rhône-Alpes.

Screenshot

Réagissez à cet article

Vos commentaires

Rejoignez la discussion

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *