Au sixième jour d’émeutes en France, de pillage des commerces, bâtiments publics, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Métropole Aix-Marseille ont annoncé ce 3 juillet la création d’un fonds spécifique de 10 M€ pour aider les commerçants indépendants dont les boutiques ont été saccagées. Une aide forfaitaire de 10 000 € sera allouée par commerçant impacté. En complément, la Ville de Marseille alloue 2 millions d'€ également sur un dispositif spécifique pour aider les commerces à se protéger contre de nouvelles attaques et à réparer les dégâts.
À situation exceptionnelle, dispositif hors du commun. Ce 3 juillet, les collectivités locales se serrent les coudes pour venir en aide aux commerçants indépendants de Marseille, principale ville assiégée par les casseurs au lendemain du tir mortel contre Nahel, survenu le 27 juin, à la suite d’un refus d’obtempérer de la police à Nanterre.
« Nous avons créé un fonds « Solidarité commerces pillés » de 10 M€, 5 M€ de la Région et 5 M€ de la métropole Aix-Marseille Provence, de soutien direct aux commerçants. Une commission permanente d’urgence réunira les élus régionaux, ce vendredi 7 juillet, pour voter le dispositif. Une aide financière de 10 000 € sera versée par commerce sans critère sous 15 jours », a annoncé, le 3 juillet, Renaud Muselier, président de la Région Sud, à l’issue d’une réunion de crise à l’Hôtel de Région.
Sur place, de nombreux maires ou adjoints (Marseille, Aix, Arles, Port-Saint-Louis du Rhône…), la préfecture de police, les fédérations professionnelles (UPE 13, CGPME, U2P, UMIH13, Habillement, BTP…) mais aussi la Chambre des métiers et de l’artisanat, la CRESS PACA et la CCI Aix-Marseille et son président Jean-Luc Chauvin.
Légende photo : Alain Di Crescenzo, président de la CCI France, Renaud Muselier président de la Région Sud et Jean-Luc Chauvin président de la CCI Aix-Marseille Provence
La CCI demande la nomination d’un expert par rue et non par commerce
Son président Jean-Luc Chauvin, a expliqué le rôle de la CCI en tant que gestionnaire de ce fonds, en lien également avec les autres CCI, pour aider les commerçants confrontés à ce nouveau coup dur avec la mise en place d’un numéro unique (04 91 39 34 79).
« Les avocats du barreau de Marseille proposent leur aide pour mettre en place des outils d’analyse des contrats d’assurance. Le fonds Urgence répond à une logique rapide d’indemnisation. Nous avons travaillé avec France Assurance, le Ministère de l’économie et des finances et le président de CCI France. Plutôt qu’un expert par commerçant, nous demandons la nomination d’un expert pour une rue entière afin d’accélérer les procédures d’expertise et lancer les travaux rapidement. Nous demandons un changement de méthode. De son côté France Assurance essaye de faire en sorte que les franchises soient diminuées et harmonisées et que les clauses d’exclusion ne soient pas appliquées », a précisé, le visage grave, Jean-Luc Chauvin. Une cellule d’aide psychologique des commerçants va être mise en place également.
Selon un premier bilan, 400 commerces ont été vandalisés à Marseille. Les dégâts selon les évaluations des assureurs atteignent les 100 M€.
Un autre dispositif de soutien de la Ville de Marseille
De son côté, la Ville de Marseille va aider à hauteur de 5 000 € par commerçant pour remplacer le système d’huisserie des magasins. « Ce dispositif sera dévoilé vendredi matin (7 juillet, ndlr), après délibération du conseil municipal. La ville reste dans son rôle de sécurisation des commerces comme nous le faisons avec les pompiers, la police et la régie municipale en fixant des panneaux pour sécuriser les commerces », a annoncé Laurent Lhardit, maire adjoint de la Ville de Marseille chargé de l’économie.
La Ville met également un numéro à disposition : 08 05 56 17 05. « Certains restaurants sont quasiment détruits et la clientèle fuit les restaurants », déplore Bernard Marty, Président de l’UMIH 13, l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie des Bouches-du-Rhône. Selon Caroline Baron, présidente de la Fédération nationale de l’Habillement en région PACA, un tiers des commerces vandalisés concerne le secteur du textile.
« Notre filière était une des cibles, certains commerces ont été entièrement pillés et pour certaines cela risque d’être fatal. Certaines ne pourront pas participer à la Grande Braderie de Marseille. Après les gilets jaunes, la grève contre la réforme des retraites, la Covid, les commerçants se prennent un nouveau coup sur la tête », déplore Caroline Baron.
2 000 établissements ont été détruits en France dont 200 centres commerciaux, des commerces d’articles de sport, de l’alimentaire, de l’optique, des concessions automobiles à Marseille.
« Nous sommes en période de soldes et si les stocks ont été détruits la saison sera foutue, c’est terrible. Pour ceux qui seront en capacité de redémarrer leur activité l’État français est prêt à prolonger la date de fin de soldes pour accorder une semaine supplémentaire », a réagi Alain Di Crescenzo, le président de CCI France, qui avait le déplacement spécialement.
Les plus grandes craintes désormais portent sur l’image du pays une nouvelle fois entachée par des scènes d’une violence inouïe. Lors des émeutes de 2005, 30% des séjours en France avaient été annulés. A l’aune de la saison estivale, il est important de retrouver une bonne image de marque avec un soutien de communication et un retour au calme », a ajouté Alain Di Crescenzo.