Décrochage scolaire, image peu flatteuse, places vacantes dans les cursus… L’enseignement professionnel entre dans une grande période de réforme pour revoir l’offre de formation et coller aux attentes du monde économique. Explications, avec Mostafa Fourar, le recteur de l’académie de Toulouse.
« Nous avons un problème d’adéquation entre les orientations des élèves et les besoins économiques », expose Mostafa Fourar, recteur de l’académie de Toulouse, qui compte 76 établissements accueillant 20 845 lycéens en formation professionnelle et 3 800 apprentis.
Pour s’adapter aux besoins, l’enseignement professionnel fait l’objet d’une nouvelle réforme qui se déroulera par étapes jusqu’en 2026.
Dans l’académie toulousaine, il est par exemple question de rénover les filières automobile, maintenance 4.0 et construction. Ainsi, dès la rentrée prochaine, un bachelor en construction digitale bas carbone ouvrira au lycée Le Garros à Auch (Gers) et un autre en mobilité douce et intelligente à Galliéni à Toulouse. De même qu’une mention complémentaire en cyber-sécurité à Gragnague (Haute-Garonne) et un bac pro transport par câble et remontées mécaniques à Bagnère-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées).
« Nous avons besoin du monde économique pour faire changer les choses », poursuit Mostafa Fourar. C’est pourquoi un bureau des entreprises verra le jour dans chaque établissement. À charge pour lui de développer des partenariats économiques, de se pencher sur l’organisation des temps de stages et d’alternance. « Nous allons recruter 62 équivalents temps plein dédiées à la relation avec le monde économique. »
Des ouvertures et… des fermetures
A contrario, « les formations non insérantes devront être fermées d’ici 2026 », rappelle le recteur. Sans toutefois en dire plus, des études devant être menées. 2 600 places seront fermées et 3 000 ouvertes précise le ministère. D’après les données de l’Éducation nationale sur le taux d’insertion six mois après l’obtention des diplômes des promotions 2019 et 2020, les filières agriculture (20%) matériaux souples (35%) apparaissent comme des mauvais élèves en Occitanie.
Et les chiffres de l’académie 2021-2022 montrent que seuls 21 % des CAP commerce-vente sont en emploi un an après leur sortie du système scolaire.
Lutte contre le décrochage
Six des douze mesures prévues concernent l’accompagnement des élèves et la lutte contre le décrochage, qui touche 24% des jeunes en cursus professionnel. Des groupes à effectifs réduits sont prévus pour les savoirs de base comme le français et les mathématiques.
Il est aussi question d’augmenter les temps de stage – ce qui n’est pas du goût des enseignants – et de les payer. Le tarif variant de 50€ par semaine en première année de CAP au double en terminale Bac pro.
« Le levier de la réussite repose sur l’engagement des enseignants », souligne Mostafa Fourar. Des missions rémunérées leur seront proposées pour développer des options, accompagner les difficultés scolaires en petits groupes ou encore travailler avec des acteurs locaux de l’emploi. Afin d’adapter leurs cours aux enjeux actuels, les enseignants eux-mêmes pourront accéder à des formations.
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