Métier passion par excellence autour de l’élevage de taureaux et de chevaux en Camargue, la profession de manadier est aujourd’hui menacée. La faute à des incivilités qui se multiplient et mettent à mal les relations entretenues de longue date avec les assurances. À l'occasion de la venue, à Gallician, du sénateur Laurent Burgoa, la Fédération demande des dispositions législatives pour préserver ce qui constitue un pan entier du patrimoine camarguais. Reportage dans la manade Martini à Beauvoisin.
C’est un cri d’alarme lancé par les professionnels de la tradition taurine : « Face à la recrudescence des comportements non respectueux de la charte sur les parcours – prolifération d’obstacles en tout genre (bâches, fumigènes, cartons…) la Fédération des Manadiers lance un appel solennel aux organisateurs, participants, spectateurs, et l’ensemble des adhérents manadiers, à respecter les règles de sécurité nécessaires au bon déroulement des spectacles de tradition taurine. »
« Cette charte a été établie en collaboration avec les assurances, explique Clothilde MANAUD, Membre de la Fédération des Manadiers, Manadière à la Manade Lou Pantaï aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Ce sont des règles de bon usage de sécurité pour qu’il n’y ait pas d’entrave sur le parcours et qu’il n’y ait plus de sinistre qui menacent aujourd’hui les relations entre les manadiers et les assurances. »
Des manadiers de moins en moins (r)assurés
Le problème vient de là. Trop d’incivilités, trop d’incidents et donc trop de dépenses à l’arrivée pour les assurances qui se désengagent peu à peu. La preuve en chiffres : 66 des 116 manadiers que compte la Fédération sont assurés chez le même assureur.
« Les assurances ne veulent plus couvrir ces manifestations parce qu’il y a des accidents qui coûtent très cher, déplore André BRUNDU, Président de la Communauté de communes de Petite Camargue, Maire d’Aubord. Or s’il n’y a plus d’assurance qui couvrent les manadiers, il n’y aura plus de manifestation taurine dans nos rues et nous perdrons nos traditions. »
« Les manadiers souhaitent surtout respecter l’éthique des spectacles de rue, complète Laurent BURGOA. Car actuellement la responsabilité du manadier est engagée chaque fois qu’un animal blesse un spectateur ! »
Une filière qui génère 300 millions d’euros
Les quelque 20 manadiers présents sur la Communauté de communes de Petite Camargue – à Aubord, Beauvoisin, Vauvert, Le Cailar et Aimargues – sont pourtant indispensables à la vie de ces villages et à l’entretien de ces paysages. « Les éleveurs, camarguais sont les premiers écolos, assure Laurent BURGOA, Sénateur du Gard. C’est grâce à eux que la biodiversité est celle que l’on connaît. »
Une étude de la Chambre de commerce et d’industrie du Gard montre même que les retombées économiques de la filière manadière s’élèvent à plus de 300 millions d’euros. À lui seul le Gard cumule plus de 1000 jours de fêtes votives à l’année. « S’il n’y a plus de fête votive, beaucoup de cafés des villages disparaîtront, alerte André BRUNDU. On se doit de défendre cela ; moi j’y suis très sensible parce que ça fait partie de ma vie. J’ai toujours connu cela et ce serait dommage qu’on le perde. »
La suite ?
Laurent BURGOA, Sénateur du Gard, garde espoir : « Je vais sensibiliser le nouveau préfet du Gard qui recevra sans problème les élus concernés et les manadiers ; justement pour le sensibiliser sur cette charte des manadiers. Je crois que ce serait bien qu’il y ait un arrêté préfectoral qui l’impose aux communes. Et puis je vais revenir à la charge par rapport aux problèmes des assurances parce que c’est aussi la survie de nos manadiers et de nos élevages qui est en jeu. »
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