Rues inondées, voitures emportées par les flots et maisons noyées sous des dizaines de centimètres d’eau. A l’heure où les inondations touchent de plus en plus de villages, ces images font bien trop souvent les unes des journaux télévisés. Eviter au maximum ces crues historiques, c’est le travail des EPTB (établissement public territorial de bassin) comme celui du Vidourle qui lutte pour prévenir ces inondations en protégeant la nature. Reportage vidéo.
A quelques kilomètres à l’ouest de Nîmes, l’EPTB Vidourle regroupe 77 communes du Bassin Versant. Le but de ce syndicat, entretenir le Vidourle, fleuve d’une longueur de 95 kilomètres, et anticiper et éviter les risques d’inondations du cours d’eau.
Pour cela, environ 20 personnes oeuvrent quotidiennement afin de mener à bien ces objectifs. Gestion de la végétalisation, entretien de digues… les missions de l’EPTB sont riches et variées.
La gestion de la végétalisation
Les missions du syndicat correspondent à des interventions dans plusieurs domaines.
Parmi ces missions, l’EPTB se charge de la gestion et de l’entretien de la végétalisation : « On gère tout ce qui est aussi gestion du lit et des berges, à travers les actions de notre équipe verte. On a des agents qui interviennent au jour le jour sur le territoire. Ils sont réactifs, ils peuvent intervenir après les crues, traiter des embâcles, donc des arbres qui viennent se coincer contre les ponts ou contre des ouvrages, traiter la végétation, essayer d’enlever les arbres qui peuvent basculer dans le cours d’eau, essayer de travailler sur tous les milieux naturels autour du cours d’eau » soutien Serge Rouvière, directeur général des services techniques de l’EPTB Vidourle.
Des missions indispensables pour tenter d’éviter les inondations : «Le fait de gérer cette végétation qui est naturelle et qui pousse en bordure de cours d’eau, ça s’appelle la ripisylve. Le fait de la laisser se développer permet de prévenir de la formation de bouchons, notamment, ou d’amoncellement de branchage au niveau des ouvrages, comme au niveau des ponts. Ça permet aussi de ralentir dans certains endroits la vitesse de l’eau » ajoute Serge Rouvière.
Des travaux pour prévenir les inondations
Comme l’explique Pierre Martinez, Président de l’EPTB Vidourle, Président du Pays de Sommières et Maire de Sommières : « La première mission d’un EPTB, c’est d’essayer de contrecarrer au maximum les conséquences de débordements et d’inondations. Donc, c’est la prévention des inondations auxquelles sont attachées un certain nombre de travaux au rang desquels les constructions de digues de premier rang. » Les digues, une fois construites, il est important de les entretenir afin qu’elles restent efficaces contre les crues.
A quelques kilomètres de Sommières, non loin de Marsillargues les tractopelles sont à l’usage. Au dessus de la digue, construite afin d’empêcher le Vidourle d’inonder les villages et les champs alentours, une équipe de chantier est en plein travaux.
Le but de ce chantier, empêcher les lapins de creuser la digue pour ne pas qu’elle s’affaisse : « Si les lapins font des gros terriers, quand le niveau d’eau monte, l’eau rentre dans les terriers et ça fragilise la digue. Nous sommes la pour empêcher cela. » explique Jérémy Veste, chef d’équipe pour l’entreprise Buesa.
Afin de réussir ce défi, l’équipe pose des grillages qui permettront d’empêcher les lapins de creuser la digue. Des travaux de prévention importants pour empêcher, à l’avenir des inondations.
La gestion des espèces invasives
En plus des missions de gestion de la végétalisation, l’EPTB doit s’assurer du bon fonctionnement de l’écosystème présent tout au long du Vidourle.
Un écosystème fragile, qui est parfois menacé par des espèces qui ne devraient pas être présentes sur les lieux. Des espèces dites « invasives ».
« On mène des actions de lutte contre les espèces invasives, notamment la Jussie, ou alors des actions de piégeage envers les tortues de Floride, qui est une espèce invasive et qui menace les autres tortues présentes dans le cours d’eau » explique Serge Rouvière.
Pour cela, les agents techniques de l’EPTB réalisent régulièrement des actions de reconnaissances. Ce jour-là, deux agents de l’équipe verte ont sorti leur canoë afin de se rendre au plus près des Jussie.
Après cette reconnaissance, une autre action sera alors menée afin d’arracher cette plante qui prolifère très rapidement dans les milieux aquatiques.
Un écosystème que l’EPTB se doit également de garder le plus naturel possible comme l’explique Pierre Martinez : « il y a tout un travail de respect de l’écosystème du fleuve et qui engagent des actions nombreuses comme le nettoyage, mais pas que. Le but c’est que le fleuve puisse vivre comme un écosystème indépendant, le respect aussi de la faune aquatique, c’est-à-dire des poissons, avec la construction de frayères, la construction de passes aussi, de manière à ce que le fleuve soit un milieu naturel. »
La reconnaissance de certaines espèces animales
On dit souvent que pour protéger une espèce, il est indispensable de mieux la connaitre. Pour cela, l’EPTB s’est associé avec le CNRS afin d’observer et d’étudier la loutre présente dans le Vidourle.
Un partenariat nécessaire comme l’explique Clément Oyon, ingénieur à l’EPTB Vidourle : « Il y a une complémentarité entre l’expérience du CNRS sur l’animal en question et la connaissance du territoire par l’EPTB. »
L’objectif de cette association de compétences, tester différentes méthodes d’études. 3 méthodes d’analyses sont ainsi étudiées :
Une méthode de piégeage photo afin d’observer plus facilement cet animal noctambule, une seconde méthode de recherche d’empreintes et de traces d’excréments et enfin une dernière méthode qui : « consiste à prélever de l’ADN dans les cours d’eau et à comparer l’ADN qui aura été prélevé à des bases de données sur différentes espèces. » ajoute Clément Oyon.
Durant 8 semaines, les pièges caméras tenteront de capturer un maximum d’images de loutre. Par la suite, ces observations et ces analyses s’inscriront dans une thèse de trois ans.
Des missions diverses et variées qui permettent à l’EPTB de gérer l’écosystème présent aux abords du Vidourle.
Un écosystème fragile, qui, parfois, malgré le travail titanesque du syndicat, ne peut pas toujours être sous contrôle comme l’explique le Président de l’EPTB : « La connaissance du Vidourle par les agents, les ingénieurs, est telle qu’on arrive quand même à anticiper, à essayer de prévoir les mauvais débordements, sachant que bien évidemment, à la catastrophe, on est toujours impuissant. »