L’EPTB Vidourle, la Région Occitanie, le Département du Gard et l’État ont signé la troisième génération du Programme d’Actions de Prévention des Inondations (PAPI3) ce 26 septembre à Villetelle. Des investissements massifs pour développer et consolider des équipements structurants afin de préserver les 95 communes du territoire des inondations parfois mortelles qui ont touché le territoire par le passé. Ce programme vise aussi à informer, sensibiliser la population face aux risques des crues et protéger la faune et la flore locale. Reportage vidéo exclusif.
Pour la signature de cette convention PAPI 3, étaient présents : Pierre MARTINEZ, Président de l’EPTB Vidourle qui assure le pilotage du projet, Jérôme BONET, préfet du Gard qui assurera la supervision du projet pour le compte de l’État, Guillaume RAYMOND, secrétaire général adjoint de la Préfecture de l’Hérault, Fabrice VERDIER Conseiller régional Occitanie, Bérengère NOGUIER, Vice-présidente du Département du Gard, Jérôme BOISSON, conseiller départemental de l’Hérault et Vice-président de Lunel Agglo, ont signé la convention du PAPI3 Vidourle, sur les rives du fleuve, au Moulin de Carrière situé sur commune d’Aubais dans le Gard.
Le Maire de Villetelle (Hérault), Jean-Pierre NAVAS a également pu témoigner de l’importance capitale de ce projet accompagné de nombreux élus représentant les rives gardoises et héraultaises du Vidourle.
Se méfier de l’eau qui dort…
Sous son apparence paisible, traversant des paysages bucoliques et des villes millénaires, le Vidourle est un fleuve capricieux. Il peut connaître des épisodes de crues spectaculaires, appelées « vidourlades ». La crue de 2002 a durablement marqué les esprits, le fleuve a débordé de 8 mètres, causant la mort de 23 personnes et occasionnant plus de 830 millions d’euros de dégâts sur près de 300 communes rien que sur le département du Gard, un véritable électrochoc.
Dès lors les pouvoirs publics ont déployé de grands moyens, avec la construction de digues et d’aménagements spécifiques pour qu’une telle catastrophe ne se reproduise plus.
L’EPTB Vidourle qui a remplacé le Syndicat Interdépartemental d’Aménagement et de Mise en Valeur du Vidourle et de ses affluents créé en 1989 est aujourd’hui en charge de la gestion du cours d’eau et de tout ce qui l’entoure. La structure gère un vaste territoire avec 95 communes situées de part et d’autre du fleuve, avec plus de la moitié de sa population et 30% de la superficie du territoire exposés à des risques d’inondation.
« Je tiens à souligner la capacité qu’on a eu, les collectivités, à un moment donné, à se dire qu’on agissait vraiment dans l’intérêt général, afin d’asseoir une politique consensuelle en faveur de toutes et de tous » indique Pierre MARTINEZ, Président de l’EPTB Vidourle, Président de la Communauté de Communes du Pays de Sommières et Maire de Sommières.
Deux décennies d’actions
Initié en 2003, le Programme d’Actions de Prévention des Inondations a déjà connu deux générations. Un premier programme doté de 30 millions d’euros était destiné à déployer des mesures dans l’urgence suite à la crue de 2002, avec des travaux d’amélioration du ressuyage, reconstruction et consolidation des digues. Il fallait agir au plus vite pour éviter un nouveau désastre.
« L’enjeu d’un PAPI, c’est finalement de porter tout un programme de prévention autour du risque inondation avec différents aspects. Il y a des aspects très structurants, c’est à dire que l’on va bâtir des digues, faire des aménagements en dur. On y retrouve des actions qui sont des actions de prévention, qui sont des actions de sensibilisation. » détaille Jérôme BONET, Préfet du Gard.
Un second PAPI a été lancé en 2012, son objectif était de réunir de nouveaux financements pour terminer la réalisation des ambitieux travaux initiés par le premier volet. 43 millions d’euros avaient été injectés pour conforter des digues, déployer des mesures de compensation environnementale à Gallargues le Montueux, créer un bassin de rétention à Quissac et établir les premières mesures de protection de la vulnérabilité du bâti sur la commune de Sommières.
Ce 26 septembre c’est donc le troisième volet qui était lancé. « Le PAPI 3 est le fruit d’un très gros travail mené essentiellement par les services de l’EPTB Vidourle pour asseoir pendant 6 ans des actions qui vont viser à protéger encore davantage les populations, l’environnement et sensibiliser. » explique Pierre MARTINEZ.
« L’Occitanie, c’est une trentaine de PAPI. Ils ont une dimension globale, on agit à la fois sur la culture et la mémoire du risque. La pédagogie qu’on doit faire pour expliquer aux gens qu’il faut se protéger, faire attention, respecter les alertes, la gestion de crise aussi » assure Fabrice VERDIER, Conseiller régional Occitanie.
Un programme en 7 axes
Le PAPI 3 est donc un programme aux enjeux multiples qui va s’étendre jusqu’en 2029. Porté par l’EPTB pour 68 462 109 € d’investissements. Il est financé à 40 % par l’État, représenté par la Préfecture du Gard et de l’Hérault. « J’ai en charge le pilotage de ce papi, de ce PAPI 3. Au titre de la solidarité interdépartementale, c’est à dire qu’il y a un des deux préfets qui est désigné pilote, c’est ma responsabilité » déclare Jérôme BONET.
« Notre collaboration avec l’EPTB Vidourle, Elle est d’abord humaine puisqu’on accompagne avec nos techniciens la réflexion qui est faite sur le plan stratégique, et donc on apporte notre ingénierie. Financièrement, la Région n’a pas compétence en matière d’inondations, mais on a souhaité accompagner financièrement ce PAPI 3 puisque ce sont 8,2 millions € de subventions. Nous avons également fléché, puisque nous en avons la gestion, 2,5 millions d’euros de crédits européens FEDER pour boucler le financement de ce projet très ambitieux » détaille Fabrice VERDIER
Il va permettre d’agir afin de toujours plus réduire le risque inondation en protégeant les populations exposées, également de mener des actions de prévention et de sensibilisation des publics afin de préserver une culture du risque. « On y arrive parce qu’encore une fois, malgré la multiplicité des acteurs sur ces dossiers là, on fait toujours triompher l’intérêt général » atteste Pierre Martinez.
Le PAPI 3 qui rassemble 62 actions, s’articule donc autour de 7 axes spécifiques (8 en comptant l’animation par l’EPTB Vidourle). Un premier axe vise à améliorer la connaissance et la conscience du risque, avec de la sensibilisation en milieu scolaire, des actions de communication, l’étude de définition d’un lieu de résilience et l’entretien de la culture du risque notamment par le biais des repères de crues.
Le second axe vise à améliorer la surveillance et la prévision des crues et inondations, avec une extension du réseau de prévention et de surveillance avec une alerte plus rapide en cas de débordement.
L’axe 3 intitulé Alerte et gestion de crise a pour objectif, d’apporter un meilleur soutien aux communes dans le cadre de l’élaboration des PCS et PCIS, avec aussi la pose de barrières au niveau des passages à gué.
L’axe 4 veut permettre une meilleure prise en compte du risque inondation dans l’urbanisme avec un accompagnement des communes par l’EPTB dans l’élaboration des PPRI et la réalisation d’études de zonage des risques d’inondation. « Une vie, qu’elle soit gardoise ou héraultaise, n’a pas de prix. Et donc on doit tout faire en tant qu’acteur public, pour essayer de se prémunir, mais aussi de faire rentrer dans les consciences que l’alea d’une crue on ne le maîtrisera jamais » commente Bérengère NOGUIER, Vice-présidente du Gard, déléguée à la Transition écologique et à la biodiversité. À noter que le conseil départemental du Gard accompagne le projet à hauteur de 6 millions d’euros.
L’axe 5 se concentre sur la réduction de la vulnérabilité des biens et des personnes. Il passe par des actions sur les bâtiments publics du territoire, les habitations et bien d’autres.
Les axes 6 et 7 constituent la partie la plus importante des travaux avec des réalisations visant à augmenter le ralentissement des écoulements avec la création de dispositifs de gestion des embâcles, la création de zones d’expansion des crues, une analyse optimisée du cheminement de l’eau en sortie de système endigué pour l’axe 6. Enfin l’axe 7 se concentre sur la gestion des ouvrages de protection hydraulique.
« Nous avons aussi tout un volet écologique et environnemental autour de la protection des milieux aquatiques, une tâche à laquelle nous nous attelons avec force et détermination. » conclut Pierre MARTINEZ.