Le 14 octobre au siège du Midi Libre à Saint-Jean-de-Védas aura lieu Les Rencontres du Littoral pour permettre à toute la communauté maritime et littorale de se rencontrer pour débattre des grands enjeux qui touchent les stations littorales. La Banque des Territoires
Occitanie en est un des partenaires principaux, qui interviendra lors des conférences en la personne de son directeur régional Patrick Martinez. Interview vidéo sur les enjeux pour ces stations.
Les stations littorales comme Agde (notamment le Cap d’Agde) et La Grande-Motte, situées dans l’Hérault en Occitanie, font face à des défis majeurs liés au changement climatique.
Ces zones, créées dans les années 1960-1980 sous l’impulsion de la Mission Racine pour développer le tourisme balnéaire, sont particulièrement vulnérables en raison de leur position en bord de mer et de leur urbanisation intensive.
L’érosion côtière et montée des eaux :

Le littoral languedocien subit une érosion accélérée, avec des pertes de sable sur les plages qui menacent les infrastructures touristiques. Des études estiment que 50 000 logements pourraient être impactés par la submersion marine d’ici la fin du siècle.
À La Grande-Motte, par exemple, des actions comme la réhabilitation de dunes et l’installation de ganivelles visent à ralentir ce phénomène, mais les tempêtes et la hausse du niveau de la mer (prévue à 60 cm d’ici 2100 selon les scénarios nationaux) aggravent les risques.
Au Cap d’Agde, l’érosion affecte les ports et les plages, nécessitant des investissements constants pour draguer les sédiments.
Les inondations et submersion marine :
Ces stations sont exposées aux inondations lors d’événements extrêmes, comme les tempêtes méditerranéennes. Le Plan Littoral 21, lancé par l’État, finance des projets d’adaptation (250 millions d’euros en 2018 pour 150 dossiers), incluant des aménagements à Agde et La Grande-Motte pour renforcer les digues et les zones humides protectrices.
Cependant, les autorités locales adoptent souvent une posture d’attente, priorisant l’économie touristique sur une adaptation proactive.
La biodiversité et pollution :
L’urbanisation et le tourisme de masse impactent les lagunes et étangs (comme l’Étang du Ponant à La Grande-Motte ou l’Étang de Thau près d’Agde), avec une dégradation des écosystèmes due à la pollution et à la salinisation.
Des initiatives comme l’Aire Marine Protégée de la Côte Agathoise à Agde visent à protéger le milieu marin, mais le réchauffement des eaux menace la pêche et la conchyliculture.
Les enjeux économiques et touristiques

Le tourisme représente un pilier économique pour ces stations, avec environ 8 millions de touristes annuels en Occitanie et 25 000 emplois maritimes directs. Cependant, la saisonnalité et la concurrence internationale posent des défis.
- Le vieillissement des infrastructures : Les logements touristiques (33 000 au Cap d’Agde, construits entre 1970 et 1990) sont obsolètes, ce qui limite l’attractivité et raccourcit la saison (essentiellement estivale).
Des conventions avec la Banque des Territoires, signées en 2024 au Cap d’Agde, visent à rénover ces hébergements pour une “montée en gamme” et allonger la saisonnalité.
À La Grande-Motte, le projet Ville-Port intègre une thalassothermie (énergie thermique marine) pour décarboner 20 bâtiments, avec un investissement de 13,5 millions d’euros.
- Le déclin du tourisme de masse : Ces stations, nées du tourisme populaire des “Trente Glorieuses”, font face à un lent déclin : le littoral occitan représente 28 % de l’offre de lits mais seulement 19 % de la consommation touristique.
La concurrence de destinations comme l’Espagne ou la Turquie, plus accessibles, et l’évolution des modes de vie (préférence pour l’écotourisme) exigent une mutation vers un tourisme durable. Des salons comme celui du Littoral (2024 à La Grande-Motte) mettent en lumière ces enjeux, avec des focus sur l’économie bleue et la plaisance.
- Le développement économique durable : L’industrie nautique (ports comme celui de La Grande-Motte ou du Cap d’Agde) génère des emplois, mais nécessite des innovations pour réduire l’impact environnemental.
Le contrat de filière “Industrie et Services nautiques Occitanie” (2024) soutient l’innovation et la formation, tandis que des appels à projets comme l’AMI de 2021 (600 000 euros) financent des rénovations à Agde et La Grande-Motte.
Les enjeux sociaux et de gouvernance
- Patrimoine et adaptation culturelle : Classées au Patrimoine du XXe siècle depuis 2010, ces stations (avec Gruissan ou Port-Camargue) posent la question de leur préservation face à l’évolution des modes de vie.
Des expositions comme “Mission Racine” (2024 à La Grande-Motte et Agde) sensibilisent aux défis climatiques et appellent à une adaptabilité accrue.
- La gouvernance locale : Les collectivités (mairies d’Agde et La Grande-Motte, Région Occitanie) collaborent via le Plan Littoral 21, mais des inerties territoriales persistent : priorisation de l’urbanisation sur la résilience.
Des visites ministérielles (comme celle du Ministre de la Mer à Agde en 2024) soulignent l’importance d’une approche intégrée, incluant la protection marine et le soutien aux pêcheurs.
Ces enjeux interconnectés exigent une transition vers un modèle résilient : rénovation verte, diversification touristique et protection naturelle. Des initiatives comme le Plan Littoral 21 montrent des avancées, mais une collaboration accrue entre État, régions et acteurs locaux est cruciale pour anticiper les impacts climatiques à long terme.
Le Plan Littoral 21 : un cadre majeur d’intervention
La Banque des Territoires, en partenariat avec l’État et la Région Occitanie, est un acteur central du Plan Littoral 21 (2017-2027), doté d’un budget d’un milliard d’euros.
Ce programme vise à transformer les stations du littoral occitan en territoires résilients, attractifs et durables, en répondant aux défis climatiques (érosion côtière, submersion marine), économiques (modernisation touristique) et sociaux (cohésion territoriale).
La Banque apporte des financements en prêts, subventions, ingénierie et investissements, avec une priorisation depuis 2023 sur la transition écologique et l’adaptation au changement climatique.
Par exemple, un avenant signé en octobre 2023 renforce les engagements, avec 18,6 millions d’euros de prêts accordés en 2023 pour des projets littoraux, et une enveloppe de 35 millions d’euros pour des études et travaux jusqu’en 2027.
Des conventions tripartites, comme celle de janvier 2022 à Gruissan, réaffirment ces engagements pour la résilience écologique et le développement économique.
Financements pour la rénovation des copropriétés et meublés touristiques

Un axe clé est le programme Rehabilit, lancé en 2021 dans le cadre du Plan Littoral 21, pour inciter les propriétaires privés à rénover leurs logements obsolètes (construits dans les années 1960-1980).
Doté de 600 000 euros, un appel à manifestation d’intérêt (AMI) a financé des expérimentations sur cinq stations emblématiques de la Mission Racine : Gruissan, La Grande-Motte, Agde (Cap d’Agde), Leucate et Argelès-sur-Mer.
À La Grande-Motte, un “coaching propriétaire” finance des prestations de homestaging et sélectionne des artisans pour des rénovations adaptées aux normes énergétiques. Au Cap d’Agde, via la Communauté d’agglomération Hérault Méditerranée, des études ont calibré des dispositifs sur mesure pour moderniser l’habitat et allonger la saisonnalité touristique.
Ces actions visent à améliorer l’attractivité, réduire la saisonnalité et intégrer la sobriété énergétique, avec des résultats présentés en novembre 2023 à Gruissan.
Un soutien spécifique aux stations comme Agde et La Grande-Motte

- Cap d’Agde : En juin 2025, une convention partenariale a été signée entre la Ville d’Agde, l’État et la Banque des Territoires pour renouveler l’offre touristique. Ce partenariat, d’une portée nationale, mobilise 8 millions d’euros dans le cadre du Plan Littoral 21. Il inclut des prêts à long terme (jusqu’à 50 ans), des crédits d’ingénierie et un accompagnement pour rénover 33 000 logements, densifier les cœurs d’îlots (par exemple, construire sur des parkings pour autofinancer les travaux), intégrer des normes environnementales (basse empreinte carbone, gestion de l’eau, photovoltaïque) et promouvoir des mobilités douces. L’objectif est de transformer le Cap en destination “4 saisons”, pionnière en transition écologique, avec six chargés de mission dédiés à l’accélération des projets.
- La Grande-Motte : Intégrée aux expérimentations Rehabilit, la station bénéficie d’un soutien pour la rénovation de son parc immobilier via le coaching propriétaire et des cahiers de tendances architecturales. La Banque finance également des projets plus larges, comme la modernisation des fronts de mer et l’adaptation aux risques climatiques, en lien avec le Projet Littoral+ (opérateur du Programme d’Investissements d’Avenir). Des prêts verts soutiennent la requalification des infrastructures pour préserver la biodiversité et valoriser le patrimoine du XXe siècle.
Autres actions transversales pour les stations littorales
- Adaptation climatique et résilience : La Banque déploie un Plan d’adaptation des territoires du littoral au changement climatique, avec des offres dédiées (prêts Gaïa Territorial, Relance Verte, Mobi-Prêt). Exemples : 3 millions d’euros pour réaménager un front de mer et 2,3 millions pour des liaisons douces ; 5,6 millions pour reconvertir une carrière à Saint-Jean-Cap-Ferrat en poumon vert. En Occitanie, cela cible six territoires-projets (dont Ouest-Hérault pour Agde et La Grande-Motte), avec des actions pour restaurer les dunes, préserver les ressources (eau, biodiversité) et adapter l’économie maritime.
- Modernisation des ports et économie bleue : Soutien à la verdissement des ports de plaisance (numérisation, transition écologique), comme à La Grande-Motte et Cap d’Agde, via le Plan Littoral 21. La Banque investit aussi dans l’innovation, comme 4,5 millions d’euros pour des éoliennes flottantes dans le Golfe du Lion.
- Ingénierie et partenariats : Accompagnement technique pour les collectivités (GIP Littoral en Aquitaine pour aménagement durable, mais extensible). En 2024, soutien au programme Reut pour la réutilisation des eaux usées traitées sur le littoral, avec 21 nouvelles collectivités accompagnées pour des études financées à 80 %.
Ces actions interconnectées visent une mutation durable des stations, en équilibrant attractivité touristique et résilience. La Banque des Territoires agit donc comme investisseur de long terme, mobilisant ses expertises pour des projets pilotes démonstrateurs.
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