Depuis le tarmac de l’aéroport, le Président du directoire, Emmanuel Brehmer, a illustré son projet d’électrification des opérations au sol. L’objectif étant d’assurer, dès 2025, les escales des avions de façon 100% électrique et ainsi économiser 1000 tonnes d’émissions de CO2 par an. Reportage.
C’était une des priorités du plan «Ambition 2026 » dévoilé en début d’année : le volet RSE. L’Aéroport Montpellier-Méditerranée s’est en effet engagé à réduire drastiquement ses émissions de CO2 via son projet d’électrification des opérations avions au sol.
Première piste : la suppression des groupes électrogènes permettant d’alimenter les avions en escale. D’ici 2025, ces groupes, jusque-là peu vertueux, seront remplacés par huit bornes électriques de forte puissance dont certaines viennent d’être aménagées sur les passerelles d’embarquement.
Dans le même temps, concernant le système de production de l’air chaud et froid des avions en escale, l’usage des turbines gourmandes en kérosène sera réduit grâce à la mise en place de cinq nouvelles unités de climatisation grâce à la société française Guinault.
« Historiquement, on utilisait des alimentations électriques à base de moteurs diesel pour alimenter l’avion quand il était au sol, rappelle Lionel CLERMONT, PDG de la Société Guinault. Maintenant on a une technologie beaucoup plus pointue sur le plan du contrôle de son électronique.. »
Emmanuel BREHMER, Président du directoire de l’Aéroport Montpellier Méditerranée confirme l’importance de ce projet : « Quand l’avion stoppe son moteur, il a besoin de garder un courant électrique. Jusqu’à aujourd’hui cette énergie était amenée par du gasoil. L’avion a aussi besoin de garder une climatisation. Là-aussi, c’était un appareil qui dégageait du carbone. Donc ce sont des appareils purement électriques qui continueront à réaliser ces prestations. »
Enfin, l’aéroport va installer 30 points de recharge électrique, pour alimenter son parc d’engins de service. La puissance électrique totale de ces nouveaux équipements s’élèvera à près de 1500 kW.
Le plan s’effectuera en trois temps avec une première phase qui vient de s’achever à la fin du mois d’avril 2023. Au terme du processus, les escales des avions à Montpellier seront donc 100% électriques en 2025.
Résultat : 1000 tonnes d’émissions de CO2 seront économisées chaque année, de même que 75000 litres de gazole et 200.000 kg de kérosène. « La consommation en CO2 et en kérosène c’est 90% en vol, mais les 10% restants ce sont des opérations de réduction de tout ce qu’on peut consommer au sol, explique Christophe ELIE, Chef d’escale régionale Air France-KLM Marseille-Montpellier. Cela permet d’atteindre, ou en tout cas de contribuer à atteindre nos objectifs de décarbonation. »
Désormais, l’énergie consommée proviendra de sources de production renouvelables. Mais ce projet d’envergure nécessite des travaux conséquents puisque l’infrastructure électrique de l’aéroport n’a pas été dimensionnée pour recevoir de telles puissances (poste de transformation, réseaux enterrés, câbles d’alimentation…). Le coût global du projet s’élève ainsi à trois millions d’euros.
« La chance qu’on a aujourd’hui c’est que cette opération est réalisée avec des entreprises françaises, un partenariat avec le groupe Air France-KLM qui est une compagnie française, se réjouit Emmanuel BREHMER, Président du directoire de l’Aéroport Montpellier Méditerranée. Et on est soutenu par la Banque des Territoires donc une banque française. »
En effet, le projet d’électrification des opérations avions au sol est co-financé à hauteur d’un million d’euros par la Banque des Territoires via la Caisse des Dépôts. Projet qui figure d’ailleurs parmi les lauréats de l’appel à projets « Mécanisme pour l’interconnexion en Europe » lancé par l’Union européenne. À ce titre, il bénéficie d’une subvention européenne de plus d’un million d’euros. L’Aéroport de Montpellier-Méditerranée vient compléter ce financement à l’aide d’un apport direct d’un million d’euros.
« Il y avait un rejet de carbone qu’il n’y aura plus demain, résume le Président du directoire de l’Aéroport Montpellier Méditerranée. On a un travail à faire tous ensemble sur le coût environnemental de l’industrie aérienne. Dans le ciel, ce sont vraiment les compagnies aériennes et les constructeurs qui peuvent faire quelque chose. Mais nous, nous pouvons agir sur ce que l’on consomme au niveau de l’aéroport, sur ce que consomment nos partenaires, nos assistants, et tous les acteurs du transport aérien qui, au sol, ont des activités à impact environnemental. »