Jean-Luc Moudenc et sept vice-présidents se confient sur la stratégie économique qui a propulsé Toulouse Métropole au rang des territoires les plus attractifs de France. Témoignages exclusifs sur dix ans de paris gagnants et de défis à venir pour la 4ème Metropole de France. Reportage vidéo exclusif sur cet anniversaire.
Dix ans après sa création, Toulouse Métropole présente un modèle économique qui fait école. Sous la présidence de Jean-Luc Moudenc, la collectivité a orchestré une stratégie d’investissements publics ambitieuse, générant des retombées significatives pour l’écosystème économique local.
« C’est une fierté parce qu’en 10 ans, Toulouse Métropole a beaucoup progressé », se félicite Jean-Luc Moudenc, Président de la Métropole, qui souligne la construction « d’une bonne relation entre l’échelon métropolitain et l’échelon communal » au sein des 37 communes qui composent l’agglomération.
Des infrastructures qui dopent l’attractivité
Le chantier de la future Ligne C du métro illustre parfaitement cette approche. Avec un investissement de plusieurs milliards d’euros sur 27 kilomètres et 21 stations, ce projet structurant vise à désengorger l’agglomération d’ici fin 2028. « Cette troisième ligne de métro est véritablement au service de cette croissance démographique », explique Dominique Faure, Vice-présidente de Toulouse Métropole en charge du dialogue intercommunal. Elle rappelle que cette infrastructure « permettra de retirer 90 000 véhicules par jour en circulation sur la voirie toulousaine ».
L’enjeu des mobilités est crucial dans un territoire qui connaît « 4,6 millions de déplacements quotidiens sur la grande aire urbaine », dont la moitié se fait encore en voiture, selon Maxime Boyer, Vice-président de Toulouse Métropole en charge des déplacements et nouvelles mobilités. Avec « 500 000 déplacements de plus quotidiennement » prévus à horizon 2030, la Métropole mise sur « l’innovation, l’intelligence artificielle, la smart city » pour décongestionner l’espace public.
L’arrivée programmée de la LGV en 2032, réduisant le trajet Toulouse-Paris à 3h10, constitue un autre levier majeur de compétitivité. Cette connexion renforcée avec la capitale devrait stimuler les échanges et faciliter l’implantation d’entreprises nationales sur le territoire.
Une politique de soutien aux entreprises qui porte ses fruits
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les marchés publics attribués aux entreprises locales ont bondi de 132% en dix ans. Cette performance s’explique par la mise en œuvre du Small Business Act métropolitain, qui favorise l’accès des PME locales à la commande publique.
« Le développement économique à l’échelle d’une seule commune, cela n’a pas de sens », justifie Jean-Luc Moudenc, qui insiste sur la nécessité de construire des « cohérences qui n’existaient pas » entre les différents territoires.
L’attractivité du territoire se mesure aussi dans les chiffres de croissance : « plus 9 000 habitants par an dans les 10 ans qui viennent, et plus de 5 000 emplois dans la décennie à venir », détaille Joseph Carles, le Maire de Blagnac et Vice-président de Toulouse Métropole en charge de la prospective et de la contractualisation, de la coordination des politiques économiques et de la mise en œuvre de la feuille de route Ambition 2028. « Ce territoire est extrêmement attractif, mais il est attractif aussi parce qu’on l’accompagne » .
Parallèlement, la stabilité fiscale maintenue depuis 2016 – sans augmentation des impôts locaux directs – constitue un atout concurrentiel non négligeable pour les entreprises implantées sur le territoire. Cette politique préserve le pouvoir d’achat des ménages tout en maintenant un environnement fiscal attractif pour les investisseurs.
Des campus d’excellence pour diversifier l’économie
La stratégie de spécialisation sectorielle se concrétise avec la création de cinq campus d’excellence. L’Oncopole pour les biotechnologies de santé et Toulouse Aerospace pour l’aéronautique et le spatial illustrent cette volonté de structurer des filières d’avenir. Ces écosystèmes d’innovation, véritables incubateurs de “pépites” entrepreneuriales, renforcent le positionnement de Toulouse comme métropole technologique européenne.
« Toulouse, c’est aussi la santé, avec une dynamique très importante sur les labos de recherche mais c’est bien sûr la mobilité et toute l’innovation en matière de transports intelligents », explique Joseph Carles, qui rappelle que le territoire mise aussi sur « l’intelligence artificielle, le numérique et les industries culturelles ». Une diversification qui s’étend jusqu’à « l’agriculture, notamment le maraîchage ».
Le MEETT, nouveau parc des expositions inauguré en 2020, affiche déjà des résultats probants avec 750 000 visiteurs en 2024. Cet équipement génère des retombées économiques directes et indirectes substantielles pour l’hôtellerie, la restauration et les services aux entreprises.
Une transition écologique créatrice de valeur
La transition énergétique devient un vecteur économique à part entière. Le déploiement de réseaux de chaleur alimentés par des énergies renouvelables et le développement massif du solaire créent une filière locale de l’énergie verte. Ces investissements, soutenus par des dispositifs d’aide à la rénovation énergétique, stimulent l’activité du secteur du bâtiment.
« Le défi que nous devons relever, c’est celui de la transition écologique, de la décarbonation », reconnaît Jean-Luc Moudenc, qui alerte sur l’urgence climatique : « Il faut qu’on accélère parce que malheureusement, le réchauffement climatique accélère aussi ».
La stratégie de réduction des déchets (-15% d’ici 2030) s’accompagne d’innovations dans l’économie circulaire, ouvrant de nouveaux marchés pour les entreprises spécialisées dans le recyclage et la gestion des déchets.
Un modèle reproductible mais perfectible ?
L’approche de Toulouse Métropole, qui conjugue investissements publics structurants, soutien à l’économie locale et transition écologique, semble porter ses fruits. Pourtant, des défis demeurent. « Dix ans, c’est très jeune. Les communes existent depuis 1790 », explique Jean-Luc Moudenc. « La Métropole mène des actions dans chacune des 37 communes mais reste parfois méconnue des citoyens. »
Les ambitions restent importantes. « Il faut encore travailler à davantage d’intégration » , plaide Karine Traval-Michelet qui regrette avoir « raté une marche avec l’élection du Président de Métropole au suffrage universel direct. »
Les enjeux environnementaux restent prioritaires : « Il faudra travailler davantage sur les solidarités, sur l’écologie, sur les transitions écologiques ».
Pour Jean-Luc Moudenc, l’enjeu est clair : « La Métropole doit être utile aux gens en accélérant nos politiques publiques ». Un pari économique et démocratique qui pourrait inspirer d’autres territoires.