Perpignan philippe mocellin
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Denys Bédarride
7 March 2024 Dernière mise à jour le Thursday, March 7, 2024 At 10:20 AM

Trois ans après sa prise de fonction comme DGS de la Ville de Perpignan, Philippe Mocellin fait le bilan de son action au côté du Maire Louis Aliot et revient sur les difficultés que connaissent les Villes en termes de gestion mais aussi sur les réussites.

Ecomnews : Quel bilan tirez-vous de votre action après trois ans de votre prise de fonction ? 

Philippe MOCELLIN : Toujours difficile de procéder à une forme « d’auto-évaluation » d’une action en cours mais exercice néanmoins utile…, à ce stade de la mandature. A l’instar de bien d’autres collègues, je fais un constat évident : les communes sont en première ligne de l’action publique locale… ! 

Elles l’ont été au moment de la pandémie de COVID-19 et elles le sont – dans un environnement économique « calamiteux » – au quotidien, parce que désireuses de répondre, dans les meilleures dispositions, aux attentes légitimes de leurs concitoyens. 

« Premier recours, dernier espoir… ! » : cette formule choisie résume bien le positionnement d’aujourd’hui des Maires et de leurs administrations. 

Dans ce contexte, la fonction de Directeur Général des Services a elle-même évolué… 

Celui-ci se doit d’être, tout à la fois, disponible pour ses collègues de l’administration, à l’écoute des administrés, demandeurs d’un service public de qualité et bien entendu, d’abord, le collaborateur direct du Maire, avec l’appui de son équipe municipale. 

Le champ de ses responsabilités s’est en effet élargi… : modes de vie en mutation, révolution numérique, interdépendance des politiques territoriales et multiplicité des acteurs, autant d’éléments qui ont contribué à complexifier la tâche… 

Le directeur général des services demeure, en lien étroit avec le Maire, le pilote de l’administration et donc à même d’accompagner les agents dans les changements organisationnels qui s’imposent. 

Mais il est, de plus en plus, attendu sur des missions stratégiques, appelé à aider à la construction de partenariats et à être force de proposition dans la mise en œuvre de grands projets d’aménagements intéressant le devenir du territoire. 

La ville de Perpignan n’échappe pas à cette évolution de plus en plus exigeante… et ce, d’autant plus, que celle-ci a été, toutes ces dernières années, quelque peu délaissée, ayant entraîné, en dépit d’atouts géostratégiques et patrimoniaux reconnus, son déclassement… 

Il ne s’agit pas d’entretenir une polémique stérile à ce sujet mais bien de rendre compte d’un constat, largement partagé par les « forces vives » de notre ville… 

Le dernier diagnostic social élaboré en vue de la négociation de la nouvelle génération du « contrat de ville » est, à cet égard, éclairant : neuf quartiers prioritaires dans lesquels vivent près d’un quart de la population perpignanaise et où plus de 56 % des ménages vivent sous le seuil de pauvreté… Et alors que dans certains d’entre eux, le chômage des 16-25 ans atteint des taux très élevés… 

Selon les chiffres publiés par l’INSEE, le 29 janvier 2024, le niveau de vie médian au sein du département des Pyrénées-Orientales est inférieur à 22 000 euros. 

A cela s’ajoute la présence de nombreuses « poches » d’habitat insalubre, notamment en centre ancien de notre ville et – héritage du passé – un sous-investissement public chronique, associé, du reste, à un mauvais entretien de nos équipements, qui nécessite aujourd’hui une politique de « rattrapage » pesant très lourdement dans le budget de la collectivité. 

Riche de son histoire et de ses traditions, notre belle cité catalane a été victime, depuis les années 1970, d’un urbanisme « mal maîtrisé », couplé à un « cœur de ville », concurrencé par l’implantation de zones commerciales excentrées et par d’autres communes périphériques en matière d’offre d’habitat. 

Cette tendance perdure malheureusement, au regard de décisions récentes, concernant, par exemple, l’installation d’enseignes dans des secteurs de chalandise qui rayonnent bien au-delà du territoire d’accueil et donc, au détriment des commerces de notre ville et de l’agglomération, non sans conséquence sur l’emploi et l’activité économique. 

Face à cette réalité, je ne peux que souligner les choix courageux de notre Maire qui n’a eu de cesse, depuis son élection en 2020, de vouloir corriger cette trajectoire du déclin, en impulsant une nouvelle dynamique, fondée sur trois piliers essentiels : la sécurité, la propreté et l’accès au service public…. 

A savoir : une présence en continu 24H/24, 7j/7 de nos policiers municipaux et la restructuration des différentes unités d’intervention, dont celle qui mène, plus spécifiquement, en collaboration avec la Police nationale, une lutte, sans relâche, contre les trafics et les points de deal, source de désordre et « carburant » de la délinquance ; un entretien renforcé de nos espaces urbains par la réorganisation du travail de nos équipes sur le terrain et le renouvellement du parc roulant de nettoiement ; et une offre de service, au plus près du domicile de chacun, par l’intermédiaire de nos mairies-annexe et dont l’action a été démultipliée par l’ouverture de trois Maisons « France services ». 

En clair, faire de la proximité, le « fil rouge » d’une politique de reconquête d’image… 

Avec la même préoccupation et sur un autre registre, la « nature » a aussi fait son retour dans la ville, au travers, par exemple, de la plantation de 14 000 arbres et d’un programme de végétalisation de nos espaces publics et de nos cours d’écoles. 

Une politique d’investissement a également été réamorcée et qui a permis le financement, depuis 2020, de nouveaux aménagements de qualité et d’infrastructures publiques. 

Elle a concerné tous les secteurs du champ municipal, en lien direct avec les grandes orientations du plan de mandat 2020 – 2026. 

En 2024, seront notamment lancées : la construction d’une médiathèque de quartier, l’aménagement d’un espace sportif en cœur de ville, l’extension d’un groupe scolaire, la création d’une halte-garderie, la réalisation d’un centre d’entraînement à destination de clubs professionnels et d’une nouvelle tribune de stade ou encore la requalification d’une rue «commerçante», objet d’une politique de revitalisation… 

C’est au total un programme d’investissement d’un montant de 54 M€ qui sera ainsi décliné pour l’année en cours, résolument orienté en faveur de l’attractivité de notre ville, la qualité de vie dans nos quartiers et autour de priorités d’avenir. 

Ecomnews : La ville de Perpignan a obtenu, en 2023, un soutien de l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine (ANRU) pour un nouveau programme national de requalification (NPNRU) au sein de 3 quartiers prioritaires. Pouvez vous l’expliquer ?

Philippe MOCELLIN : Il est à signaler tout d’abord que le programme de rénovation urbaine, initialement inscrit dans le cadre d’une convention signée, le 9 janvier 2020, avec l’ANRU, intéressant trois de nos quartiers prioritaires, – Saint Jacques, en centre historique, le Champ de Mars et la Diagonale du Vernet – s’est avéré infaisable techniquement et financièrement. 

A la fois trop ambitieux sur le plan du périmètre à rénover, tout particulièrement sur Saint Jacques et alors que la Ville ne maîtrisait que très partiellement le foncier, arme absolue pour la conduite d’un chantier de rénovation de cette envergure…. 

Après tant d’années d’immobilisme, l’exécutif municipal a donc réagi et a engagé, à partir de 2022, le redressement total du projet urbain, appuyé, en cela, par l’ANRU et ayant consisté à recalibrer les montages financiers, du fait du classement de notre centre ancien, en secteur sauvegardé qui engendre des surcoûts en matière d’habitat. 

Cet important travail collectif et partenarial a abouti, en septembre 2023, à la validation, par l’ANRU, d’un nouvel avenant à ce projet de requalification global et à un soutien financier, aux côtés de la Ville, de la Communauté Urbaine, du Conseil Régional et du Conseil départemental et de nos bailleurs sociaux, à hauteur de 59,1 millions d’euros, dans la perspective du traitement d’ilots « ciblés » , de la production de 540 logements sociaux et la réalisation de onze opérations d’aménagements d’espaces publics. 

Je me permets de souligner ici que la totale mobilisation de nos équipes techniques, de novembre 2022 à juin 2023, a finalement payé et parce que « boostée » par un portage politique sans faille de notre Maire, de son adjoint, en charge du dossier et de l’ensemble des adjoints directement concernés. 

J’en tire, à cette heure, quelques enseignements sur la gestion de la complexité… 

En premier lieu, la capacité de notre propre administration à réformer ses propres pratiques, en mettant fin à un cloisonnement technocratique, source de paralysie dans la gouvernance du projet. 

Il s’est alors agi de créer une mission dédiée, rassemblant toutes les compétences internes, par le biais de la constitution d’une « équipe projet » multidisciplinaire. 

Si simple et évident en apparence, cette nouvelle donne demeure encore originale dans nos administrations, provoquant un début de « révolution culturelle… » ! 

En second lieu, l’impulsion, avec l’appui d’outils opérationnels, d’un travail partenarial « gagnant- gagnant », ayant permis de « fédérer » tous les partenaires institutionnels mais aussi la CAF, Action Logement et la Banque des territoires, au travers d’instances techniques et d’un comité de Pilotage stratégique, co-présidé par le Préfet et le Maire. 

En troisième lieu, la volonté affichée d’articuler différentes politiques publiques, en combinant la requalification urbaine avec un programme global de lutte contre l’habitat indigne et une action de revitalisation commerciale d’un axe « central », en écho aux orientations prévues par le dispositif « Action Cœur de Ville ». 

L’enjeu est à la fois de jouer sur le volet incitatif des aides de l’ANAH et sur un registre plus coercitif, par la mise en oeuvre du dispositif du « permis de louer » et de mesures légales d’insalubrité et de « périls ». 

Et d’engager, par ailleurs, la reconquête des commerces vacants, par l’intermédiaire d’une déclaration d’utilité publique, en attendant la création d’une « foncière commerciale », véritable outil de portage dont notre ville a besoin. 

L’ambition est bien de renouveler l’approche de l’action publique au travers trois mots clé : transversalité entre les services, mobilisation de tous les partenaires du territoire et cohérence dans la déclinaison des politiques municipales. 

Ecomnews : Est ce que ce nouveau programme de requalification bénéficie aussi d’un « volet » social ? 

Philippe MOCELLIN : En effet, ce « volet » social, encore inexistant en 2022, doit être pourtant considéré comme la clé de voute d’un tel plan de rénovation du bâti. Ce « volet » spécifique comprend trois axes forts.

Un premier axe autour du relogement des familles concernées par les démolitions-reconstructions. 

Un Comité de relogement, réunissant tous les partenaires impliqués et aidé par une mission de maîtrise d’œuvre urbaine et sociale, explorera toutes les solutions possibles. 

Un second axe intéresse les actions d’accompagnement, menées en déclinaison des orientations du contrat de ville 2024 – 2030 et ceux arrêtés au titre de la convention territoriale globale, négociée avec la direction de la CAF. 

Il s’agit d’engager nos structures de quartier dans la préparation d’un plan d’action coordonné, donnant « corps », à ce « volet » social, notamment en matière de réussite éducative, d’insertion professionnelle, de lutte contre la fracture numérique, d’accès à la culture, à la pratique sportive, aux soins de premier recours et à la prévention des « conduites à risque », en lien avec l’activité de notre centre de santé municipal et les dispositifs relevant du Contrat Local de Santé (CLS). 

Et enfin un troisième axe qui touche à la concertation avec les habitants visant, pour chaque quartier, à régénérer les démarches, dites « participatives ». 

A été ainsi créée une Maison du Projet, lieu central d’information permanent sur Saint Jacques et un rendez-vous par mois avec la population, dans chacun des quartiers concernés, alternant : une déambulation, un atelier consultatif général et un atelier thématique, supposant une implication des habitants en tant « qu’usagers » sur des questions touchant à la vie quotidienne : sécurité, propreté, santé… 

Repenser la communication avec les habitants… : tel est notre objectif. 

En ce domaine, il est plus que nécessaire de dépasser la simple bonne volonté, en s’appuyant sur des initiatives diversifiées et des actions dites « aller vers », appelées à favoriser la participation des citoyens et plus particulièrement des plus jeunes, trop peu présents au sein des instances participatives. 

Aller au-delà du formalisme habituel et de la présence d’associations et de citoyens déjà engagés, en facilitant une expression libre et l’émergence de solutions autour de projets concrets. 

Ecomnews : Toutes ces actions ne s’inscrivent-elles pas dans un « projet de ville » qui se veut ambitieux et porteur d’une réelle vision de la ville de demain ? 

Philippe MOCELLIN : Je vous le confirme et c’est d’ailleurs le message contenu dans le plan de mandat.

Il faut tout à la fois œuvrer au quotidien, répondre aux préoccupations immédiates de nos concitoyens et penser l’avenir. 

L’enjeu est de définir les contours d’une stratégie urbaine et surtout, en effet, s’entendre sur une vision pour les années à venir, embrassant les multiples facettes d’un développement maîtrisé de la ville, touchant à l’activité économique, au tourisme, aux mobilités, à l’offre de formation…. 

Porter cette vision, à partir – comme le proposent les prospectivistes – de la mise en évidence des futurs « possibles » (ce qui peut advenir ?) et en choisissant, en conscience, les futurs dits « souhaitables » (quelle ville voulons-nous à un horizon de 10 à 15 ans ?). 

Ce qui apparaît prioritaire c’est bien de se doter, à terme, d’un véritable schéma directeur d’aménagement urbain, fondé sur la recherche de qualité, tant sur le plan paysager qu’architectural. 

Autre problématique et comme déjà mentionné, il sera alors question de réaffirmer la nécessité, au nom de l’intérêt général et en écho, du reste, avec les nouvelles réglementations, à, l’instar du zéro artificialisation nette (ZAN), de contrecarrer l’étalement urbain, en proposant de mieux repérer, au sein de notre ville, le potentiel foncier constructible et les possibilités de reconversion de friches. 

Notre Maire a par ailleurs, à juste titre, souligné combien il s’avérait indispensable de faire preuve d’anticipation politique, dans un département, comme les Pyrénées Orientales, confronté, depuis 2 ans, à la sécheresse et à la raréfaction de la ressource en eau… et aux conséquences directes et indirectes du changement climatique. 

Parce que susceptible d’être contraint d’adopter des mesures de plus en plus restrictives, fortement handicapantes pour notre agriculture et le tourisme, notre territoire n’a plus le choix, autre que celui d’investir pour mieux prévenir. 

Lutter contre les gaspillages par le retraitement et la récupération d’eau et alors que notre ville montre l’exemple en réutilisant l’eau des piscines pour nettoyer ses rues. 

Mais aussi, retenues collinaires, désalinisation de l’eau… renvoyant à un nouveau modèle de production et de consommation à inventer. 

Ecomnews : Comment en tant que DGS-gestionnaire, vous faites également avec les contraintes budgétaires… ? 

Philippe MOCELLIN : Cela relève parfois de l’acrobatie, combinée aux injonctions de l’Etat et aux conséquences financières multiples qui en découlent. 

La préparation du budget 2024 s’est effectuée dans notre ville, comme pour toutes les collectivités, sur fond d’inflation, de taux d’intérêt élevés, d’explosion de la facture d’électricité et de la montée en charge des dépenses de personnel, effet mécanique, parmi d’autres raisons, de l’augmentation nationale du point d’indice…. 

Qui, je me permets de le répéter, si bienvenu pour des milliers de fonctionnaires et d’ailleurs justifié, a été décidé, par le Gouvernement, sans aucune compensation financière en faveur des communes. 

A l’échelle de Perpignan – à signaler avec insistance- ayant choisi, à la différence d’autres communes, la stabilité en matière de taux de fiscalité, ce sont, en quelques années, plus de 14 millions d’euros d’augmentation de dépenses de fonctionnement, totalement imposés par les circonstances économiques. 

En ajoutant que l’Etat, nous n’en sommes pas à une contradiction près, a décidé d’encadrer ces mêmes dépenses, jusqu’en 2027, au travers d’une réduction annuelle de 0,5 % par rapport au taux d’inflation. 

Alors que notre ville assume d’importantes charges de « centralité » au sein de la Communauté Urbaine, un effet « ciseau » se fait sentir, à l’instar de toutes les grandes villes : à savoir, une progression des dépenses plus importante que les recettes, entamant, immanquablement, la capacité d’épargne, pourtant indispensable au maintien d’un niveau d’investissement à la hauteur des enjeux. 

En dépit de toutes ces contraintes, l’exécutif municipal tient une ligne stratégique cohérente et réaliste, mariant, action publique volontariste et respect des grands équilibres budgétaires. 

Sur la base d’une hypothèse de 20 millions d’euros d’emprunt nouveau par an, nous serons en effet en mesure de stabiliser notre stock de dette pour la période 2024 – 2028. 

En 2024, la section de fonctionnement devrait s’équilibrer à environ 219 millions d’euros, en dégageant une réelle capacité d’autofinancement, de l’ordre de 9 millions d’euros. 

L’objectif est de garantir, signal fort pour l’emploi local, une politique d’investissement soutenue, avec un volume de travaux qui se situerait entre 45 et 50 millions d’euros pour les années futures. 

Pour ce faire, il est proposé, pour cette seconde partie de la mandature, de fixer un cap et de décliner un plan d’action budgétaire pluriannuel. 

Grâce à l’implication de toute l’administration municipale, il est d’abord question de maîtriser, à très court terme, la trajectoire des dépenses de fonctionnement, par la mise en place d’un « dialogue de gestion » inédit dans notre collectivité et de poursuivre les démarches d’optimisation des ressources humaines ainsi que nos actions de réduction de nos consommations d’électricité dans nos bâtiments communaux. 

Il n’en demeure pas moins que les dernières annonces gouvernementales, arrêtant un programme d’économie de 10 milliards d’euros, pourraient encore bouleverser les prévisions budgétaires de nos collectivités locales. 

Selon Bercy, le montant estimé des intérêts de la dette publique de l’Etat atteindrait, d’ici 2027, 87 milliards d’euros, autant dire que cette charge constituerait alors le premier poste de dépense devant l’Education Nationale… ! 

Face à cette situation et alors que le budget 2024 vient d’être adopté, des coupes financières sont donc prévues sur les dépenses courantes des ministères mais aussi des ponctions sur le dispositif MaPrimeRénov’, le Fonds vert et sur les crédits de l’Agence nationale de la cohésion des territoires… 

Est alors dénoncé, pêle-mêle, l’incohérence de ces choix, au regard des priorités du moment, notamment concernant la baisse des financements, d’un montant d’un milliard, en matière de rénovation énergétique, dans ce contexte de hausse, sans précédent, des prix de l’électricité, la réduction des moyens dans le domaine de la transition écologique, soit 2 milliards en moins ou encore l’amputation de 300 millions, des aides à l’amélioration de l’habitat, en pleine crise du logement… ! 

Si le ministre de l’Économie indique que ces économies ne concernent pas les collectivités locales, l’incertitude demeure, néanmoins, à cette heure, sur le montant des dotations de fonctionnement de l’Etat… 

Et disons-le, la réduction des financements et des subventions d’Etat impliquera forcément une baisse de moyens dans les missions d’accompagnement auprès des collectivités et une révision des ambitions dans la conduite de certaines politiques publiques locales… 

Sans envisager le retour des « contrats de Cahors », force est de reconnaître que la menace plane et en tout état de cause, la marge de manœuvre des collectivités locales demeure assez faible. 

Ou l’Etat devra signifier à nos Maires quels sont les services publics qu’il faudra dégrader… ? 

Et alors que nous avons besoin, tout au contraire, de solutions pour lutter contre la désertification médicale, de plus de moyens de police et de justice et d’être davantage soutenus dans les programmes d’amélioration de l’habitat… 

Ecomnews : Avez-vous le sentiment d’avoir su installer, depuis votre arrivée, les « bonnes pratiques » en termes de gestion des équipes ?

Philippe MOCELLIN : Je rappelle que dès 2021, avec le soutien de notre direction des ressources humaines, nous avons mobilisé 

l’ensemble de nos services autour de l’élaboration d’un projet d’administration. 

Cette démarche a permis d’engager un large mouvement de réorganisation répondant à une double exigence : décliner les priorités du projet de mandat et améliorer l’efficience du service à rendre auprès de nos concitoyens. 

Au travers de l’adoption de projets de services, l’enjeu était de définir plus clairement les périmètres de mission et de rechercher une meilleure optimisation des ressources. 

Bâti dans le but de moderniser et de simplifier nos pratiques, ce projet d’administration a été précisément conçu comme un outil de pilotage et de transversalité. 

Valoriser les compétences, encourager l’investissement des équipes, accompagner le suivi des carrières, conforter la qualité de vie professionnelle : tels sont les axes forts du projet, traduits autour de la réalisation de 20 actions prioritaires, pilotées par des « chefs de projets ». 

Nous avons collectivement, par l’intermédiaire de cette « feuille de route » partagée, franchi une première étape. 

L’impératif est de faire vivre ce dispositif interne au long cours et de procéder à son évaluation concrète. 

Je proposerai, au cours de l’année 2024, un nouveau séminaire de travail et des ateliers participatifs, spécialement centrés sur les postures managériales, la « ré-interrogation » de nos organisations, en cohérence avec notre plan d’action budgétaire et la mise en œuvre d’initiatives éco-responsables, en vue de l’obtention possible de la 4ème étoile du label « climat-air-énergie ». 

J’ajoute que notre collectivité, avec l’appui d’un cabinet-conseil, s’est lancée dans une démarche de construction d’une cartographie des risques, intégrant également les recommandations prévues par la Loi Sapin 2 en matière de déontologie. 

Une cartographie globale d’analyse approfondie qui concerne, notamment, les marchés publics, les finances, les systèmes d’information, le parc auto et également les ressources humaines et bien entendu, assortie de pistes d’actions concrètes qu’il conviendra de suivre dans le temps. 

Ce ne doit pas être un exercice technique mais une démarche que chaque service concerné doit s’approprier de façon pragmatique, dans le but précisément d’améliorer encore les conditions du travail et du recrutement, de tenir compte de l’évolution des métiers et de soutenir nos managers en ces domaines. 

L’objectif ne vise pas une évaluation, proprement dite mais plutôt de mettre l’accent sur les points de vulnérabilité et d’acquérir une « culture du risque » et de la prévention. Une mutation majeure dans nos collectivités locales… 

Source : « DGS EMPLOI – COLLECTIVITES » – mars 2024