Initialement prévue dans le cadre d’une tournée nationale de sensibilisation sur les usages des réseaux sociaux chez les jeunes, la visite d’Emmanuel Macron à Marseille, le 16 décembre 2025, a rapidement pris une tournure plus large. Lutte contre le narcotrafic, mobilité, logement, éducation… Le chef de l’État a dressé un bilan intermédiaire du plan « Marseille en Grand », lancé en septembre 2021, tout en répondant aux critiques de la Cour des comptes. Sa 17ème visite dans la ville.
Doté de 5 milliards d’euros de concours financiers de l’État, le plan entendait générer 15 milliards d’euros d’investissements publics et privés pour combler les retards structurels de la deuxième ville de France. Selon l’Élysée, 87 % des crédits sont aujourd’hui rattachés à des projets stabilisés et 62 % sont effectivement engagés. Ces chiffres, en forte hausse par rapport à 2024, visent à répondre aux critiques formulées dans le rapport de la Cour des comptes, qui soulignait la lenteur des décaissements et l’insuffisance du suivi.
L’Élysée a mis en ligne un outil interactif cartographique présenté lors de la visite présidentielle qui permet désormais de suivre l’état d’avancement des projets, thématique par thématique : éducation, transport, logement, santé, emploi, port, cinéma, sécurité et justice.
De nouveaux moyens pour lutter contre les trafics de drogue
La lutte contre le narcotrafic a constitué l’un des temps forts du déplacement. Emmanuel Macron s’est recueilli sur la tombe de Mehdi Kessaci, frère du militant anti narcotraficants Amine Kessaci, tué en plein jour le 13 novembre dernier.
Plusieurs mesures pour renforcer la lutte contre les trafics de drogue ont été rappelées : 350 policiers supplémentaires déployés, 30 magistrats nommés (et 11 annoncés), 346 caméras de vidéoprotection installées, un nouveau commissariat inauguré le 16 décembre dans les 13e et 14e arrondissements (pour un investissement de 15 M€), ainsi que l’extension de la prison des Baumettes. Par ailleurs, Emmanuel Macron a annoncé une hausse de l’amende pour usage de stupéfiants (de 200 à 500 €), le renforcement de la coopération policière internationale et lancement des études pour la future cité judiciaire d’Arenc (10 M€).
Mobilité : coup d’envoi du chantier de la gare Saint-Charles
Marseille, ville la plus embouteillée de France, voit se concrétiser plusieurs projets de transport : tramway Nord, BHNS Gèze-La Fourragère, chronobus d’Aubagne, Zénibus à Vitrolles-Marignane, Val’tram. Huit projets sont en cours, portés par le Groupement d’intérêt public mobilité présidé par Martine Vassal. La présidente de la métropole, le président de la région sud Renaud Muselier et le président de la CCI Aix Marseille Provence étaient aux côtés du président Macron et du ministre des Transports Philippe Tabarot pour le lancement des travaux de la phase 1 de la Ligne Nouvelle Provence Côte d’Azur (LNPCA) à la gare Saint-Charles.
Les élus de droite ont rappelé l’importance de l’alliance entre l’État et les territoires pour faire avancer le plan. Renaud Muselier a notamment rappelé l’importance de ce projet, d’un budget de 2 milliards d’€. La future LNPCA promet un gain de 15 à 20 minutes sur certains trajets tout comme une augmentation des fréquences vers Aubagne, Toulon, Nice.
Dès 2025, les premiers travaux sont lancés. La phase 2 (2028-2035) prévoit un tunnel de 8 km sous Marseille et un véritable pôle multimodal connecté aux quartiers. Sur le plan logistique, une nouvelle gouvernance se dessine pour les ports de l’axe Méditerranée-Rhône-Saône : un directoire public (préfets, régions PACA et AURA, VNF, GPMM) a été proposé le 8 décembre pour mieux coordonner les flux.
Logement, éducation, emploi : le bilan
Côté éducation, 15 écoles ont été livrées sur les 188 programmées, 86 sont engagées. 135 établissements testent de nouvelles méthodes pédagogiques. En rénovation urbaine, 117 projets sont en cours (sur 235) avec un taux d’engagement des crédits de 78 %. La Société publique de rénovation du centre-ville a acquis la moitié des copropriétés visées.
Dans le domaine de la santé, la Maison des femmes est désormais livrée, les travaux de modernisation du site de La Timone se poursuivent conformément au calendrier, le nouveau SAMU doit entrer en service d’ici la fin de l’année 2025, tandis que l’hôpital d’instruction des armées est attendu pour 2030.
Côté emploi, 1 200 entreprises ont été créées via les carrefours d’entrepreneuriat, avec un taux de survie de 75 %.
Après avoir été en 2013 la capitale de la culture, Marseille ambitionne de devenir une capitale du cinéma. CinéMaBase est opérationnelle, l’école Ciné-Fabrique accueille sa 3ème promotion, le pôle Belle de Mai est en modernisation, une antenne de la Cinémathèque française ouvrira en 2026 sur le site de la Plateforme dans le quartier d’Euroméditerranée.
Quatre ans après son lancement, Marseille en Grand a permis des avancées tangibles. Mais les critiques persistent à trois mois des élections municipales, dans un contexte politique très tendu.
Le Maire de Marseille, Benoît Payan, estime que les engagements de l’État restent insuffisants, notamment en matière de lutte contre le narcotrafic et de présence des services publics. Il a de nouveau plaidé pour l’implantation à Marseille d’un Parquet national spécialisé dans la criminalité organisée (Pnaco), une demande qui n’a pas été retenue : le gouvernement a confirmé le choix de Paris pour accueillir cette nouvelle juridiction.































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