À l’occasion de la deuxième édition du SIBCA (Salon de l’Immobilier Bas Carbone), organisée à Paris, l’Etablissement Public d’Aménagement Euroméditerranée a présenté « FrichEco ». Ce projet de recherche-action mené à Marseille propose une approche écologique et sociale du renouvellement urbain autour du concept de « petit cycle des terres ». Reportage.
150 exposants, 8000 visiteurs et plus de 100 débats et conférences : la deuxième édition du Salon de l’Immobilier Bas Carbone se déroulait ces 20, 21 et 22 septembre au Grand Palais Éphémère. Pour représenter le territoire et les projets qui s’y développent, l’Etablissement Public d’Aménagement Euroméditerranée y était présent aux côtés de la Métropole Aix-Marseille-Provence.
Euroméditerranée lauréat de l’appel à projets de recherche GESIPOL 2023 de l’ADEME
L’Etablissement Public d’Aménagement est venu présenter au SIBCA le projet « FrichEco » avec sur place : Aurélie Cousi, Directrice générale d’Euroméditerranée, Brice Chandon, Responsable ingénierie du développement durable chez Euroméditerranée, Hugo Maurer, Responsable développement et projets de territoire à l’agence Méditerranée Néo-Eco, ainsi que Cécile Grand, Chef de projet sites pollués à l’ADEME.
Cécile Grand, Chef de projet sites pollués à l’ADEME
L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie a lancé cette année un appel à projets de recherche pour la « GEStion Intégrée des sites POLlués » (GESIPOL). C’est justement « FrichEco » qui l’a emporté grâce à son principe de co-construction d’un projet de territoire autour d’un concept de « petit cycle des terres ». Ce cycle porte en fait sur les matériaux terreux qui, une fois extraits du milieu, sont réemployés localement pour les aménagements paysagers urbains.
Un futur parc de 20 hectares pour terrain d’expérimentation
Symbole de cette logique de réemploi des matériaux à des fins d’urbanisme : le Parc du ruisseau des Aygalades. Celui-ci verra le jour d’ici 2031, au nord de Marseille, en lieu et place d’anciennes activités ferroviaires liées au fret maritime, sur une superficie totale de 20 hectares. Le site retrouvera ainsi sa géographie historique avec la renaturation du ruisseau des Aygalades, aujourd’hui partiellement enterré.
Photo : Gare ferroviaire du Canet/©Magellan
Cet aménagement nécessiterait l’apport de 160 000 m3 de terre végétale. Un besoin qui ne serait viable ni écologiquement, ni économiquement, sans recourir à une démarche d’économie circulaire. En outre, la qualité des terres réemployées ou recyclées sur place devrait permettre au parc de remplir les services écosystémiques attendus en termes de biodiversité, stockage du carbone, gestion intégrée des eaux pluviales, usages publics et dépollution.
Image : Futur Parc du ruisseau des Aygalades/©Leclerc
« On a des matériaux sur le site dont on veut qu’ils constituent une ressource pour le territoire, explique Brice CHANDON, Responsable ingénierie du développement durable chez Euroméditerranée. L’idée est de les retraiter de manière à ce qu’ils correspondent aux besoins du projet urbain. »
Brice Chandon, Responsable ingénierie du développement durable chez Euroméditerranée
Un consortium de 4 partenaires pour mener la « recherche-action »
Au cours d’un programme de travail de 60 mois (démarré en ce mois de septembre 2023) chacun des 4 partenaires du projet apportera son expertise et ses technologies spécifiques à son domaine d’activité.
1/Le bureau d’études Neo-Eco, en tant que chef de file, mettra en œuvre son expertise dans la gestion de projets complexes.
2/L’EPAEM, aménageur public, mettra à disposition du projet l’ensemble de ses outils opérationnels (quantification des ressources et gisements, définition des usages futurs et conception du projet de parc urbain, accompagnement sur les aspects réglementaires) et mobilisera l’écosystème public et privé local autour du projet.
Crédit photo : ©Euroméditerranée
3/L’Université d’Aix-Marseille, au travers des laboratoires CEREGE (Centre Européen de Recherche et d’Enseignement en Géosciences de l’Environnement) et IMBE (Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Ecologie marine et continentale), apportera ses compétences en investigation des sols et du sous-sol sur le terrain, sur les domaines de l’analyse de données et de la planification expérimentale et via les plateformes d’analyses.
4/Le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) apportera son expertise pour la caractérisation des sols et le déploiement des futurs passeports matériaux.
Crédit photo : ©Euroméditerranée
Un projet inscrit dans un Laboratoire Collectif d’Innovation Urbaine
Pour atteindre cette mise en synergie de plusieurs projets de réhabilitation et d’aménagement locaux, les partenaires du consortium mené par Neo-Eco ont pour objectifs :
1) de produire des connaissances nouvelles pour déployer des indicateurs liant refonctionnalisation écologique et performances d’éco-matériaux, afin de produire des « passeports des sols » ;
2) de constituer des méthodes scientifiques capables de créer des synergies entre différentes opérations de requalification de friches ;
3) de développer expérimentalement des formulations pour des applications d’éco-matériaux adaptées à un contexte méditerranéen, particulièrement sec et sensible au changement climatique ;
4) de co-construire une gouvernance agile au service d’un territoire en pleine mutation, où la coopération entre les donneurs d’ordre doit permettre de tendre vers la structuration de filières locales, donnant lieu au développement de savoir-faire et d’emplois non-délocalisables.
Aurélie Cousi, Directrice générale d’Euroméditerranée
« Ce qui est intéressant dans les projets que l’on développe, résume Aurélie COUSI, Directrice générale d’Euroméditerranée, c’est la capacité d’agir à grande échelle en travaillant sur leur réplicabilité. Nous collaborons, pour cela, avec les collectivités locales au travers d’un Laboratoire Collectif d’Innovation Urbaine. Dans toutes les expérimentations menées, nous voulons être en capacité de produire cet effet d’échelle et de redéploiement de ces solutions. »
Grâce au programme GESIPOL de l’ADEME, le projet FrichEco bénéficiera d’un soutien à hauteur de 397.106 € sur un budget global de 877.405 €. Ce dernier a notamment été distingué pour la prise en compte du temps long de l’aménagement : initiées très en amont de la création du Parc du ruisseau des Aygalades, les avancées scientifiques pourront véritablement nourrir le projet. Par ailleurs, il constitue un premier pas vers une organisation de territoire sur la mise en œuvre d’une démarche d’économie circulaire dans le cadre de la réhabilitation de friches urbaines.
De plus, le projet entre en résonance avec des enjeux nationaux et européens : la directive relative à la surveillance et à la résilience des sols rend nécessaire la définition de critères de « santé des sols » au niveau national et la structuration de démonstrateurs permettant le partage de retours d’expériences à l’échelle européenne.
À propos d’Euroméditerranée
Depuis 1995, l’Établissement Public d’Aménagement Euroméditerranée conçoit, développe et construit la ville méditerranéenne durable au cœur de la Métropole Aix-Marseille-Provence. Labellisé « ÉcoCité » depuis 2009, le périmètre d’intervention d’Euroméditerranée de 480 ha à Marseille constitue un véritable laboratoire d’expérimentation pour tester les solutions, services et dispositifs innovants qui feront partie intégrante de la ville de demain.
À propos de Neo-Eco
Spécialisé dans la valorisation de matières usagées issues de l’aménagement du territoire et des industries, Neo-Eco collabore depuis plus de dix ans avec de nombreux partenaires de recherche autour d’une approche de caractérisation des gisements. Mettant les porteurs de projet et la R&D au centre des discussions, Neo-Eco réunit capacité d’innovation et pragmatisme pour favoriser l’émergence de « boucles de valorisation » pérennes.
Hugo Maurer, Responsable développement et projets de territoire à l’agence Méditerranée Néo-Eco
À propos du SIBCA
Placé sous le haut patronage d’Emmanuel Macron, Président de la République, et organisé conjointement par France Conventions et l’Association pour le développement du bâtiment Bas Carbone (BBCA), le SIBCA est le rendez-vous des acteurs de l’industrie immobilière bas carbone – collectivités, investisseurs, promoteurs, architectes et constructeurs – pour construire, rénover et exploiter les grands projets urbains et les bâtiments de demain.
Réagissez à cet article