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Fiona Urbain
23 avril 2025 Dernière mise à jour le Mercredi 23 Avril 2025 à 10:08

Transformer des filets de pêche usagés en fil destiné à l’industrie textile, c’est le défi relevé par Marine Olacia, fondatrice de la startup héraultaise SAO Textile. Incubée à Gigamed (Bessan – 34), la société à mission débute l’année 2025 avec une ambition affirmée : réaliser une levée de fonds pour accélérer la phase d’industrialisation de la production de fil recyclé. Objectifs : lancer la commercialisation des bobines de fil début 2026, recruter un collaborateur sur le site de Bessan (Hérault) « au plus près du déchet », tout en développant en parallèle sa propre collection textile. Une initiative qui s’inscrit dans la dynamique « La Mer en Commun » dans le cadre de l’Année de la Mer 2025 en France. « Moins de filets, plus de fil », est la devise de SAO Textile.

Fondée en 2023 par Marine Olacia, styliste de mode, SAO Textile recycle les filets de pêche usagés récupérés auprès de pêcheurs en Occitanie pour produire un textile innovant, circulaire et Made in France. Une innovation qui contribue à la relocalisation de l’industrie textile française en recyclant pour la première fois le filet utilisé pour la pêche au thon. « L’ensemble du processus de transformation et fabrication sera réalisé en France », insiste la fondatrice de la société. Après des tests concluants réalisés en laboratoire et la réalisation d’un premier prototype de tee-shirt, la société est actuellement en phase de pré-industrialisation. Marine Olacia identifie actuellement des partenaires industriels sur le territoire français.

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L’année 2025 sera jalonnée par plusieurs étapes pour la toute jeune entreprise, dont une levée de fonds qui doit permettre d’industrialiser à grande échelle le processus de transformation des filets de pêche en bobines de fil polyamide 100% recyclé. Ce processus inclut la collecte des filets, le recyclage en granulés, la transformation en fil, et le tricotage pour la production de textiles innovants.

L’objectif est également de recruter une personne chargée de la collecte des déchets auprès des pêcheurs. Quatre armateurs occitans (Sète, Agde et Port-Vendres) confient aujourd’hui leurs filets usagés à SAO Textile, qui dispose d’un stock de 150 tonnes. « Avec 1 kg de filets de pêche, nous pouvons obtenir 20 kilomètres de fil recyclé, ce qui correspond à 7 tee-shirts techniques », précise Marine Olacia. Le site de stockage des filets est situé à Montblanc dans l’Hérault.

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Un intérêt croissant des marques

Plusieurs marques de luxe et de sport ont déjà manifesté leur intérêt pour les fils de SAO Textile. Ce fil recyclé peut être employé dans le secteur de la mode, mais aussi dans d’autres domaines : vêtements de travail, automobile, supports publicitaires…

La Méditerranée est l’une des mers les plus polluées au monde (WWF, 2018). Les filets de pêche représentent 640 000 tonnes de déchets par an (dont 1 000 tonnes pour la France), soit 10% de la pollution plastique sous-marine. Une fois devenus obsolètes, ils contribuent à la pollution en raison de leur composition en matériaux synthétiques dérivés du plastique, dont le temps de décomposition est estimé à 600 ans.

« Aucune filière française ne recycle les filets pour la pêche au thon, appelés aussi des sennes. Il s’agit d’épais filets en polyamide utilisés pour capturer des bancs de poissons », détaille l’entrepreneuse.

« Après avoir réparé nos filets, il n’existe pas de solution pour leur fin de vie ou pour les revaloriser. Nous n’avons pas d’autre choix que de les jeter à la déchetterie. SAO Textile a été la seule solution de proximité qui propose une alternative à la déchetterie », explique Sébastien Fortassier, pêcheur à Agde (Hérault).

C’est en partant de ce constat que Marine Olacia s’engage à recycler des filets de pêche usagés, afin de préserver les fonds marins et de soutenir la transition durable de l’industrie textile. Une mission qui fait écho à celle de la néréide Sao qui, dans la mythologie grecque, protégeait les marins.

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Après avoir travaillé pendant 15 ans pour des marques de luxe et de fast-fashion, son implication auprès de l’ONG Project Rescue Ocean l’a convaincu d’agir concrètement en faveur de la protection de l’environnement. Surproduction, exploitation abusive des ressources naturelles, conditions de travail précaires dans les usines textiles… avec SAO Textile, Marine Olacia veut faire bouger les mentalités et pratiques en vigueur dans l’industrie textile et participer à la création de nouveaux modèles et filières plus responsables.

Si dans un premier temps, l’entrepreneuse souhaite commercialiser la fibre de polyamide recyclée auprès de marques textiles souhaitant adopter un sourcing français, traçable et circulaire, elle envisage par la suite de développer sa propre gamme de vêtements techniques recyclés. D’ici 2030, SAO Textile ambitionne de devenir la référence française du textile innovant et recyclé en transformant les déchets marins en textiles éco-responsables.

La startup est soutenue par des acteurs phares de l’innovation en Occitanie : l’agence d’attractivité économique Blue, le Syndicat Mixte du Bassin de Thau, la French Tech Méditerranée et BPI France.

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