4 499 chefs d’entreprise ont perdu leur emploi en Nouvelle-Aquitaine en 2023, c’est 1178 femmes et hommes de plus qu’en 2022, soit 35,5 % sur un an, selon l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs de l’association GSC et du groupe Altares.
Le nombre de pertes d’emploi dépasse les seuils d’avant-crise Covid et atteint son plus haut niveau depuis la crise financière de 2016.
L’ensemble du territoire impacté par la hausse des pertes d’emploi des dirigeants.
L’ensemble de la région Nouvelle-Aquitaine connaît une augmentation du nombre d’entrepreneurs en situation de « chômage » :
- La Gironde est le département le plus impacté avec 1 417 dirigeants ayant perdu leur emploi (+ 38,2 %).
- La Dordogne enregistre la plus importante augmentation avec + 59,7 % d’entrepreneurs ayant perdu leur activité en un an. Le département de la Haute-Vienne subit également une forte évolution avec + 53,9 % de dirigeants en situation de « chômage ».
- Dans deux autres départements, la hausse des pertes d’emploi dépasse la barre des 40 % : Deux-Sèvres (+ 42,8 % ; 197) et Charente (+ 42,5 % ; 258).
- Dans les Pyrénées-Atlantiques, 485 entrepreneurs sont concernés par la perte d’activité (+ 32,5 %). Ils sont 474 à avoir connu cette situation en Charente-Maritime, soit une hausse de 30,9 %.
- Les Landes, le Lot-et-Garonne et la Corrèze comptabilisent respectivement 303 (+ 30 %), 259 (+ 23,3 %) et 151 (+ 28 %) chefs d’entreprise ayant perdu leur activité professionnelle. La Vienne enregistre 216 dirigeants au « chômage » (+ 8,5 %).
- La Creuse a le plus faible taux d’augmentation : 56 dirigeants se sont retrouvés en situation de « chômage », soit 3,7 % de plus qu’en 2022.
Anthony Streicher, Président de l’association GSC indique : « Les chiffres de 2023 sont très alarmants, mais malheureusement peu surprenants. Hausse des taux d’intérêt, surendettement des entreprises, fin des aides Covid et du moratoire de l’Urssaf… de nombreux indicateurs laissaient craindre une accélération des liquidations judiciaires en France avec des pertes d’emploi importantes à la clé. En 2023, chaque jour, ce sont près de 12 chefs d’entreprise qui se sont retrouvés au chômage en Nouvelle-Aquitaine ! Depuis deux ans, je ne cesse d’alerter sur cette réalité et sur la nécessité d’informer les chefs d’entreprise sur les solutions perte d’emploi à leur disposition. L’inaction ne doit plus être une option. »
Près de huit entrepreneurs sur dix à la tête d’une TPE de moins de 3 salariés
L’âge médian des entrepreneurs qui ont connu une perte d’emploi en Nouvelle-Aquitaine est de 47 ans. Dans le département des Deux-Sèvres, il atteint même 48,3 ans. La perte d’activité touche une population mature pour laquelle le rebond professionnel sera plus difficile.
Près de 8 entrepreneurs sur 10 ayant perdu leur emploi en 2023 dirigeaient une structure de moins de 3 salariés. Ces chiffres confirment la plus grande vulnérabilité des entrepreneurs à la tête de petites structures.
Près de la moitié des pertes d’emploi se concentrent dans les secteurs du commerce et de la construction
L’inflation a durement affecté le commerce avec 1 089 dirigeants en situation de « chômage » en Nouvelle-Aquitaine. Les activités de détail sont plus fortement affectées avec plus de 2 entrepreneurs sur trois ayant perdu leur emploi dans ce secteur.
- Les chefs d’entreprise exerçant des métiers dans la construction connaissent de grandes difficultés : 930 hommes et femmes concernés soit une augmentation de 37 %. Les activités du bâtiment enregistrent la pire tendance (807 chefs d’entreprise ; + 37,7 %).
- Dans le secteur de l’hébergement, restauration et débit de boissons, 725 femmes et hommes se sont retrouvés au « chômage » en 2023 (+ 42,4 %).
- Les activités de restauration concentrent plus des trois-quarts des chefs d’entreprise impactés du secteur.
En Nouvelle-Aquitaine, le secteur agricole présente une plus faible hausse des pertes d’emploi des entrepreneurs (+ 6,2 %). Dans le détail, seules les activités liées à la culture enregistrent un net recul (- 30 %).
« Certains secteurs comme le bâtiment devraient voir leur activité repartir mais, l’année 2024 s’annonce tout aussi délicate et doit nous amener à nous interroger sur le devenir de ces hommes et ces femmes. C’est désormais une nécessité, pour préserver l’économie, nous devons d’abord penser à protéger toutes celles et ceux qui créent nos richesses et nos emplois dans nos territoires. » précise Anthony Streicher.
Pour Frédéric Barth, Directeur Général d’Altares : « En 2023, le ralentissement de l’économie s’est confirmé en France comme en Europe fragilisant davantage des entreprises parfois en peine à rembourser une dette devenue trop lourde. Le nombre de défaillances a augmenté de 36 %, une tendance lourde mais pas surprenante après la parenthèse Covid. Les très petites entreprises sont les plus nombreuses. Ces TPE sont généralement des structures familiales participant depuis plusieurs années à animer l’économie locale. De santé financière parfois fragile, elles doivent faire face depuis plusieurs mois à une trésorerie qui se dégrade conduisant de plus en plus de dirigeants à devoir solliciter l’accompagnement du tribunal. La croissance est attendue faible pour 2024 et les défauts d’entreprises plus nombreux qu’en 2023. L’anticipation des risques restera déterminante. »