Les élus régionaux de Nouvelle-Aquitaine se sont réunis en séance plénière les 11 et 12 décembre dernier à l’Hôtel de Région à Bordeaux. Parmi les 33 délibérations adoptées, il y a celle portant sur la construction d’un nouveau schéma régional des formations sanitaires et sociales pour les cinq années à venir avec 6 priorités.
Les six ambitions de ce schéma témoignent d’une forte volonté de garantie à la filière du sanitaire et social, les moyens de développement de son outil de formation, tout en répondant aux besoins des territoires et des employeurs.
« Nous avons préparé cette stratégie dans une très large concertation réunissant étudiants, employeurs, formateurs, collectivités et services de l’Etat. La Région Nouvelle-Aquitaine en est le pilote. En fonction des engagements posés dans le schéma, la collectivité régionale sera maître d’ouvrage, impulsera, mettra en place des partenariats, alertera… La question majeure aujourd’hui est liée à ces professions du secteur sanitaire et social. Il convient de conforter leur place, leur rôle et leur attractivité, dont la formation est un des leviers » indique Françoise Jeanson, vice-présidente du Conseil régional en charge de la santé et de la silver économie.
Ce schéma s’est construit dans une approche transversale, à la croisée d’enjeux de santé publique, de formation, d’emploi et d’aménagement du territoire.
La concertation menée cette année a reposé sur quatre conférences territoriales, des concertations spécifiques avec les trois universités en santé et les 12 Conseils départementaux, ainsi que sur des rencontres avec les apprenants du secteur.
Au total, cette démarche a rassemblé 400 participants et a permis de collecter plus d’une centaine de propositions.
En cohérence avec les stratégies régionales, notamment le Contrat de plan régional de développement des formations et de l’orientation professionnelles (CPRDFOP) 2023-2028, les feuilles de route Santé et Néo Terra, le schéma est articulé autour de six ambitions, déclinées en 30 objectifs.
Le développement de l’offre des formations sanitaires et sociales, pour répondre aux besoins en formation et en emplois des territoires, est une ambition régionale forte en Nouvelle-Aquitaine. Plus de 259 000 Néo-Aquitains,soit 11 % de la population active, exercent un métier du sanitaire et social.
La situation socio-économique du secteur sanitaire et social est paradoxale : il s’agit de métiers porteurs de sens et d’engagement, dont les débouchés sont nombreux, les emplois non délocalisables. Or, 82 % des recrutements sont jugés difficiles. Ce secteur est marqué par un manque de professionnels, un épuisement des équipes, un manque de reconnaissance. En Nouvelle-Aquitaine, 21 % des professionnels du social ont plus de 55 ans et 12 % dans le sanitaire.
Les enjeux auxquels doivent répondre ces métiers sont multiples : vieillissement de la population, hausse de la précarité, déprise médicale, impact du réchauffement climatique sur la santé physique et mentale, fragilisation des populations. Il convient de conforter la place, le rôle et l’attractivité de ces professions dont la formation est un des leviers.
Le Schéma régional des formations sanitaires et sociales 2024-2028 intervient dans un contexte très particulier, après deux années de crise sanitaire mondiale. Celle-ci a mis en exergue des déséquilibres nationaux et territoriauxen matière de formation de ces professionnels.
Elle les a même exacerbés si l’on en juge les difficultés croissantes de recrutement observées en particulier pour les infirmiers, les aides-soignants et les accompagnants éducatifs et sociaux.
La prise en compte de l’approche « One Health – Une seule santé »
Ce Schéma des formations sanitaires et sociales adopte une approche globale des enjeux de santé et intègre les interactions entre l’environnement, la santé humaine et la santé animale. Il est donc construit autour d’une orientation phare, l’approche de One Health – Une seule santé.
Il met également en exergue l’urgence de sensibiliser, former enseignants et apprenants à la santé environnement, aux risques pour la santé du réchauffement climatique et de l’érosion de la biodiversité, aux moyens de baisser l’impact du secteur sur l’environnement ou encore au concept d’Une seule santé.
Enfin, des préconisations quantitatives sur l’offre de formation, toutes voies et tous financeurs confondus y sont également formulées.
Les six ambitions de la stratégie régionale :
1) Former des professionnels pour le monde de demain.
Outre l’intégration des évolutions sociétales à savoir les défis climatiques, environnementaux et ceux d’Une seule santé, le schéma prévoitd’encourager l’innovation, la pluridisciplinarité des formations et de les ouvrir à l’international.
2) Accroître l’attractivité des formations et des métiers du secteur sanitaire et social.
La question de l’attractivité passe par la lisibilité de l’offre de formation et d’emploi sur les territoires, le renforcement de l’orientation, la communication sur les métiers ou encore des actions pour favoriser l’ancrage des apprenants sur les territoires.
3) Adapter l’offre de formation pour répondre aux besoins du territoire.
Pourformer au plus près des besoins, il s’agit entre autres de :
– Fixer annuellement la carte des formations
– Investir pour accompagner l’appareil de formation
– Adapter les formations aux nouveaux métiers : assistant kiné, infirmière en pratiques avancées, aide sage-femme, assistant préparateur en pharmacie…)
– Développer la prospective des besoins en compétence
– Favoriser la mise en place de formations complémentaires : Une seule santé, santé environnement, maladie cognitive/handicap/illectronisme, médiation numérique…
4) Favoriser la réussite des apprenants et lutter contre l’abandon
L’atteinte de cet objectif passe entre autres, par des conditions d’accueil et de stage satisfaisantes aux apprenants, des formations de remise à niveau, l’identification de passerelles et des métiers connexes, ou encore la lutte contre la précarité des apprenants
5) Penser l’installation durable des futurs professionnels au sein des territoires
Les principales mesures sont de fidéliser les apprenants au territoire ; favoriser l’épanouissement professionnel des actifs ; donner des perspectives d’évolution de carrière, et soutenir le développement de l’apprentissage comme levier de fidélisation
6) Accompagner l’universitarisation des formations
Il s’agit de renforcer les liens entre les universités et les instituts de formations et d’améliorer l’accès des étudiants aux services universitaires.Ce nouveau schéma prévoit de favoriser l’expérimentation et l’émergence de passerelles, considéré comme un des leviers de l’attractivités du métier. Cela passe par :
– L’amélioration de l’information et l’accompagnement sur les passerelles existantes sur les territoires :Parcours d’Accès Spécifique Santé (PASS) et les Licences Accès Santé (LAS)
– La généralisation du déploiement de passerelles d’entrée en 2ème année d’Institut de Formation en Soins Infirmiers, et d’Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie, sur tous les sites universitaires de Nouvelle Aquitaine.
Chiffres clés des formations sanitaires et sociales en Nouvelle-Aquitaine
23 000 places de formation agréées dont 19 500 financées par la Région en 2022 (+ 20 % par rapport à 2021 ; 34 diplômes préparés sur 150 sites).
97 % de sorties positives 7 mois après la formation (94 % en emploi)
La Région consacre annuellement aux formations sanitaires et sociales : 119 millions d’euros en fonctionnement et 8 millions d’euros en investissement, dont 16 millions d’euros pour les bourses sur critères sociaux
4 771 bourses d’études accordées en 2022 (+ 3,4 % par rapport à 2021) pour montant moyen de 2 700 euros
2 857 places supplémentaires créées depuis 2020 avec 55 nouveaux sites de formation
Crédit photos : ©Région Nouvelle-Aquitaine
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