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Denys Bédarride
19 février 2025 Dernière mise à jour le Mercredi 19 Février 2025 à 09:08

Au cours des quarante dernières années, la filière aérospatiale croît de 17 000 à 81 000 salariés dans l’ex-région Midi-Pyrénées et son poids dans l’emploi triple. L’essor de l’industrie aérospatiale compense le déclin de l’emploi des autres industries. La dynamique profite à l’ensemble des départements de l’ex-région Midi-Pyrénées, même si le pôle toulousain est celui qui se développe le plus. L’emploi dans la sous-traitance se développe plus vite que chez les constructeurs, qui n’emploient plus que la moitié des salariés de la filière en 2022. La spécialisation s’accroît dans l’industrie tandis que les établissements du tertiaire ont au contraire des activités plus diversifiées.

Depuis les années 1980, l’emploi aérospatial progresse de manière quasi ininterrompue malgré les crises économiques successives. Trois périodes caractérisent le développement de la filière : développement technique autour de grands projets dans les années 80 et 90, réorganisation dans les années 2000 puis production de masse depuis 2010.

La filière aéronautique et spatiale française est très fortement centrée sur Toulouse et sur l’Occitanie : trois salariés de la filière aéronautique sur dix travaillent dans la région en 2020 et même quatre sur dix pour la filière spatiale. La quasi-totalité (98 %) de ces emplois d’Occitanie sont localisés dans l’ex-région Midi-Pyrénées, périmètre des informations disponibles sur cette filière depuis 1982. 

L’histoire de l’aérospatiale dans la région remonte à la fin du 19e siècle, avec le décollage de l’Éole de Clément Ader. Elle prend son essor industriel avec les commandes militaires de la Première puis de la Seconde Guerre mondiale adressées aux usines Latécoère, Breguet et Dewoitine

Dewoitine D520

Ci-dessus : Des chasseurs Dewoitine D.520, à la pointe de la technologie en 1940, trop peux d’exemplaires furent produits pour changer le cours de la guerre.

Après-guerre, ces industries se tournent vers l’aviation civile puis vers le spatial. Depuis, tout un écosystème aéronautique et spatial s’est développé autour de Toulouse.

En 40 ans, la part de l’emploi aérospatial est multipliée par trois dans l’ex-région Midi-Pyrénées

Au cours des quarante dernières années, la filière aérospatiale croît plus rapidement que le reste de l’économie régionale. En 1982, elle emploie 17 000 salariés dans l’ex-région Midi-Pyrénées ; en 2022, 81 000. En 1982, 2 % des personnes en emploi travaillent dans la filière. 

En 2022, c’est le triple L’emploi industriel dans la filière aérospatiale compense le déclin des autres industries

Entre 1982 et 2022, l’ex-région Midi-Pyrénées gagne 39 000 emplois industriels dédiés à l’aérospatiale tandis qu’elle en perd 42 000 dans les autres branches industrielles. Plus de la moitié de ces pertes proviennent des industries du textile, de l’habillement et du cuir.

L’emploi recule également fortement dans les industries extractives ainsi que dans celles du bois, du papier et de l’imprimerie. La place de l’aérospatiale dans l’industrie passe ainsi d’un salarié sur dix en 1982 à trois sur dix en 2022. La filière se développe également dans les services aux entreprises, surtout dans l’ingénierie et l’informatique, passant de 2 000 emplois en 1982 à 27 000 en 2022. 

Sa dynamique est nettement plus forte que dans le reste des services aux entreprises de la région. Les constructeurs n’emploient plus que la moitié des salariés de la filière. 

Visite Delga Latécoere ©Scheiber Frédéric Région Occitanie

Ci-dessus : Carole Delga pendant une visite de l’usine Latécoère – ©Scheiber Frédéric – Région Occitanie

En 40 ans, l’activité aérospatiale s’est fortement développée et la sous-traitance définition a progressé de manière continue, aussi bien dans l’industrie que dans l’ingénierie et l’informatique.

L’emploi s’accroît chez les constructeurs définition et, de manière encore plus prononcée, dans le reste de la filière.

Les salariés qui travaillent chez un constructeur aéronautique ou spatial ne représentent plus que cinq salariés de la filière sur dix en 2022. C’était sept sur dix en 1982. La filière s’est également fortement tertiarisée. En 1982, elle était essentiellement industrielle : 88 % des effectifs étaient concentrés dans des établissements industriels.

Depuis, l’économie s’est massivement informatisée et les constructeurs comme les équipementiers industriels ont externalisé un volume croissant de services liés à la production. 

En 2022, un tiers des 81 000 salariés de la filière travaillent dans des établissements tertiaires, essentiellement dans l’ingénierie et dans l’informatique.

L’industrie se spécialise, le tertiaire se diversifie

Les établissements industriels de la filière aérospatiale se sont fortement spécialisés. La part des salariés de ces établissements dédiée spécifiquement à l’aérospatiale passe de 76 % en 1982 à 92 % en 2022.

Ces industriels restent présents sur quelques autres marchés, comme celui de la défense. Du côté des établissements ayant une activité tertiaire, en revanche la filière est passée d’un petit nombre se consacrant quasi exclusivement à

l’aérospatiale à des établissements de taille plus importante relevant de grandes entreprises nationales et internationales, dotées d’importants portefeuilles dans divers secteurs de l’économie (par exemple Capgemini, Sopra). 

La part des salariés des établissements du tertiaire dédiée à la filière aérospatiale passe ainsi de 96 % en 1982 à 58 % en 2022.

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La dynamique de l’aérospatiale bénéficie à l’ensemble des départements

Tous les départements de l’ex-région Midi-Pyrénées bénéficient de la hausse soutenue de l’emploi aérospatial. Cette progression renforce en particulier les pôles historiques existants en Haute-Garonne (Toulouse), dans les Hautes-Pyrénées (Tarbes), dans le Lot (Figeac) et en Ariège (Pamiers).

La Haute-Garonne constitue le centre de gravité historique de la filière et son importance n’a cessé de croître. En 2022, le département concentre les quatre cinquièmes de l’emploi aéronautique et la quasi-totalité de l’emploi spatial de l’ex-région Midi-Pyrénées. 

C’est également le département où la croissance de la filière est la plus prononcée. En 1982, l’emploi aérospatial représente 4,2 % de l’emploi salarié du département, en 2022, 9,6 %. 

En 40 ans, l’aérospatiale est devenue dominante dans l’industrie haut-garonnaise : la filière concentre 52 % de l’emploi industriel en 2022 tandis qu’elle n’en représentait que 18 % en 1982. De plus, l’essentiel des établissements tertiaires de la filière se concentre au plus près des constructeurs, en périphérie de Toulouse. Cette forte dynamique de l’écosystème toulousain s’est élargie aux départements limitrophes.

La filière est implantée dans les Hautes-Pyrénées. En 1982, c’est le deuxième département de l’ex-région Midi-Pyrénées le plus tourné vers l’aéronautique. Une compétence aéronautique existe en effet de longue date à Tarbes dans l’usine de la Socata (Société de Constructions d’Avions de Tourisme et d’Affaires). 

En 2022, la filière aérospatiale emploie 2 300 salariés dans le département, soit deux fois plus qu’en 1982. Cette croissance est notamment due à l’essor de Daher qui poursuit la fabrication d’avions de Socata et produit des éléments d’aérostructure pour Airbus et Dassault. Elle est toutefois moins marquée que dans les autres départements.

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Le Lot constitue également une terre historique pour l’aéronautique avec la présence de l’entreprise Ratier-Figeac qui produit depuis les années 1960 des hélices et des commandes de vol.  Au cours des quarante dernières années, la croissance de la filière est plus forte dans le Lot quedans les Hautes-Pyrénées. 

Le Lot est maintenant le deuxième département de l’ex-région Midi-Pyrénées pour l’emploi aérospatial avec 2 700 salariés en 2022. Il est également l’un des rares départements qui ne perd pas d’emploi industriel entre 1982 et 2022, grâce à l’industrie aéronautique, avec la présence de Ratier-Figeac et l’arrivée de nouvelles entreprises comme Figeac Aéro, spécialisée dans l’usinage de pièces d’aluminium pour l’aéronautique.

Dans les autres départements, l’emploi aéronautique croît également, notamment en Ariège sous l’impulsion du métallurgiste Aubert & Duval et de Recareo, leader dans la fabrication de pièces de rechange pour avions.

1982-2000 : hausse quasi ininterrompue de l’emploi aérospatial

Les années 1980 constituent un moment décisif pour l’aérospatiale en France avec le lancement en 1984 de deux programmes majeurs : l’A320 pour l’aéronautique et Ariane V pour le spatial. Pour Toulouse et l’ex-Midi-Pyrénées, ces années marquent un renforcement du poids économique de l’aéronautique et du spatial. L’usine Clément Ader destinée à l’assemblage des premiers gros porteurs européens A330 et A340 est inaugurée en 1990 à Colomiers.

Cette dynamique est temporairement stoppée en 1991 par la crise économique, période où le marché aérien mondial entre en récession. Dans le spatial, le début des années 1990 marque également une crise qui se matérialise par l’abandon du projet de navette spatiale Hermès. Pour Toulouse et les départements alentours, le poids de la crise est essentiellement porté par la chaîne d’approvisionnement industrielle. 

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Ci-dessus : Emmanuel Macron en visite à Airbus

Si le nombre d’établissements se maintient, en revanche l’emploi dédié à la filière recule de 10 % entre 1991 et 1994 figure 3. Par la suite, la filière aéronautique retrouve une forte croissance. Elle bénéficie de la montée en cadence d’Airbus grâce au succès grandissant de l’A320 et à l’essor des long-courriers A340 et A330 qui sont tous assemblés à Toulouse.

En 2020, la crise Covid contracte l’activité d’un tiers et la région perd 5 000 emplois sous l’effet du choc de la demande, des contraintes sanitaires et des difficultés d’approvisionnement. Mais dès mi-2021, les commandes adressées aux avionneurs atteignent de nouveaux records. Le principal objectif reste donc plus que jamais l’augmentation des cadences de production. 

La filière aéronautique recrute de nouveau massivement. Dans le spatial, la forte concurrence de nouveaux opérateurs comme SpaceX place désormais la filière sous tension, mais la dynamique reste soutenue dans l’ingénierie pour en savoir plus. 

Fin 2022, l’ensemble de la filière aéronautique et spatiale emploie 81 000 salariés et dépasse ainsi son niveau d’avant-Covid.

Source INSEE Occitanie 

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