Après les années Gaudin, l’Hôtel de Ville de Marseille possède de nouveaux locataires depuis 2020. La nouvelle municipalité, issue du Printemps Marseillais, veut redresser la barre de cette ville de contrastes et d’inégalités. L’activité portuaire, poumon économique de la Cité phocéenne est pointée du doigt pour la pollution qu’elle génère. Le nouveau maire Benoît Payan aura pour défi de réconcilier économie et écologie…
Marseille, ville portuaire, de négoce, ville refuge des immigrés italiens, arméniens, algériens, des réfugiés ukrainiens, se trouve aujourd’hui confrontée à de nouveaux défis.
La sur fréquentation touristique générée notamment par le succès des croisières depuis vingt ans inquiète, tout comme la fumée qui s’échappe des cheminées des paquebots amarrés à quelques encablures des habitations.
Le 20 juillet, le maire a lancé une pétition en ligne contre les navires les plus polluants. « On suffoque, et en mer Méditerranée et dans nos ports, d’énormes bateaux polluent notre air en toute impunité ! Vous voulez que ça s’arrête ? Moi aussi. Marseillaises, Marseillais, mobilisons-nous ! », lance l’édile à ses administrés.
« Marseille n’est pas un parc d’attractions ! »
Laurent Lhardit, adjoint du maire chargé de l’économie, de l’emploi, du tourisme durable et Congrès, de l’économie sociale et solidaire ne comprend pas pourquoi les activités maritimes sont exclues du périmètre de la réglementation sur les zones à faibles émissions (ZFE) à l’heure où la préfecture a activé le plan d’urgence transport face au pic d’ozone.
« Aujourd’hui, la population est beaucoup plus sensible à la pollution de l’air générée par les activités maritimes car il s’agit d’une question de santé publique. L’appétence de Marseille ne va pas sur la croisière de masse avec des bateaux énormes qui déversent les touristes. La ville n’est pas adaptée. Les visiteurs viennent pour découvrir Marseille pas pour venir dans un parc d’attractions qui a été adapté aux fantasmes projetés sur une ville de la Méditerranée », lance l’élu qui a rejoint le Printemps Marseillais en 2019.
Pour rapprocher le port de la ville, un « Port Center » verra le jour à Joliette en 2026, à l’achèvement du nouveau siège social du Grand port maritime de Marseille.
Fleuron de l’économie et vecteur du commerce international, les activités maritimes génèrent 47 000 emplois directs et indirects sur le territoire.
Des studios de cinéma dans l’usine de Saint-Louis Sucre à Marseille
Les activités culturelles, les industries créatives et numériques ont le vent en poupe. Le soutien à la filière cinéma fait partie intégrante du Plan Marseille en Grand, annoncé par Emmanuel Macron avec plus d’1,5 milliard d’euros pour soutenir 32 projets.
Provence Studios figure sur la feuille de route présidentielle de France 2030 avec la création des Studios de la Méditerranée associant Montpellier et Nice et la conception de nouveaux studios à Port-de-Bouc (10 ha) et à Marseille (10 ha) en lieu et place de Saint-Louis Sucre. La ville regrette l’arrêt de la série phare « Plus belle la vie » qui a contribué au rayonnement de Marseille et au développement de l’écosystème cinématographique avec 500 jours de tournage par an.
1,2 milliard € dans la rénovation d’un tiers des écoles
Le plan présidentiel de sauvetage de Marseille s’attaque notamment à la lutte contre l’habitat indigne, à la mobilité et à l’emploi. En mars 2022, l’ANRU et la métropole Aix Marseille Provence ont alloué 760 M€ pour démolir et reconstruire 2800 logements.
« Le plan Marseille en grand est avant tout une rencontre du maire avec le président de la république. La première traduction concrète porte sur le plan écoles avec 1,2 milliard d’euros dans la rénovation de 174 écoles.
En matière de rénovation urbaine, la problématique porte sur la reconstruction du centre-ville, caractérisé par un habitat extrêmement dégradé. Nous voulons soutenir les gens qui s’installent en centre-ville, particulièrement attractif auprès des entreprises », souligne Laurent Lhardit.
Laurent Lhardit, adjoint du maire chargé de l’économie, de l’emploi, du tourisme durable et Congrès, de l’économie sociale et solidaire…
La formation des emplois numériques avec Plateforme et Théodora
Le plan prévoit d’investir lourdement dans les transports collectifs à Marseille avec l’automatisation du métro et de nouvelles lignes de tramway au sud et dans les quartiers nord.
Dans le peloton des villes les plus connectées au monde, Marseille est le point de convergence des câbles de communication sous-marins reliés à l’Afrique et à l’Asie notamment.
C’est dans le numérique que Marseille fonde de grands espoirs dans la formation pour créer les emplois de demain avec les programmes de développement de la « Plateforme » de Cyril Zimmerman et du quartier « Théodora » de Kevin Polizzi.
« Ces projets jouent un rôle important dans la formation aux métiers du numérique, ce seront des lieux ouverts aux habitants », précise Laurent Lhardit. L’économie sociale et solidaire à Marseille représente 19% de l’emploi privé contre 11% à l’échelle nationale.
Une conférence sur l’emploi à la fin de l’année
La question de l’emploi sera une des priorités de la municipalité à la rentrée avec la tenue d’une grande conférence sur l’emploi.
« Le système d’accès à l’emploi est riche à Marseille mais assez incohérent avec d’un côté le service public de l’emploi et à côté des centaines d’acteurs qui œuvrent en faveur de l’emploi. C’est la raison pour laquelle nous lançons une conférence pour l’emploi qui se tiendra avant la fin de l’année. Nous souhaitons que le Plan école génère des retombées économiques sur la ville. Nous allons traiter l’emploi dans le secteur du BTP en lien avec le programme de rénovation des écoles. Nous souhaitons que le Plan école génère des retombées économiques sur la ville », annonce encore l’élu.
C’est en effet dans le secteur du BTP, particulièrement impacté par la pénurie des matériaux, la flambée des prix que la demande de main d’œuvre manque cruellement.
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