C’est un peu un 2 en 1 : les travaux de la gare Matabiau ont été livrés à temps pour la coupe du monde de rugby et une convention a été signée entre la Région Occitanie et la SNCF en vue augmenter les trains régionaux ainsi que leur qualité de service. Avec la ligne à grande vitesse, Toulouse attend un triplement du trafic.
Un cortège d’officiels foule le parvis de la gare Matabiau de Toulouse avec en tête Carole Delga la présidente de la Région, Jean-Luc Moudenc le Maire de la Ville et Sébastien Vincini le président du Département, passe sous la marquise et pénètre dans le grand hall qui a retrouvé ses proportions et ses moulures.
Après trois ans de travaux, la galerie dévoile ses nouveaux commerces, enseignes de restauration, et, à l’étage, une salle d’événementiel. Tout au bout, le souterrain Nord est passé de 4 à 9 m de large pour mieux desservir le centre des quais.
« C’est un chantier colossal sur 5000 m², 42 M€ ont été investis », détaille Marlène Dolveck, directrice générale de SNCF Gares & Connexions. Soit 24 M€ par SNCF Gare & Connexions, et 18 par l’État, la Région et l’Union européenne. « Nous avons six mois d’avance sur le prévisionnel : nous avons transformé l’essai pour livrer avant la coupe du monde de rugby ! ».
Le nombre d’emplois liés à la nouvelle convention est estimé à 11 000. / ©Charline Poullain
Tandis que la délégation chemine dans la gare, un cortège de manifestants se rappelle à son bon souvenir. Parmi les revendications : « Un sous effectif aux guichets ». Ces derniers étant passés de la galerie à l’aile extérieure droite, « il y a moins de guichets et moins de personnel. Les usagers font la queue dehors ! », explique Johann Bedel Navarro, secrétaire général de la CFDT Cheminots Occitanie.
Les usagers n’oublient pas non plus les imposants travaux qu’ils ont pu suivre de près sur les rails eux-mêmes. Car NeÔmatabiau, c’est son petit nom, anticipe un triplement du trafic à l’horizon 2032. Avec le projet ferroviaire du grand sud ouest (dit GPSO), qui reliera Toulouse à Bordeaux, et au-delà à Paris, par une ligne à grande vitesse, 150 000 personnes sont attendues au quotidien.
Ce n’est pas tout, ce chantier génère du changement au nord de l’agglomération : sur 20 km les lignes passeront à quatre voies et de nouveaux arrêts verront le jour. « Aujourd’hui, il y a une saturation : sur le nord de la Haute-Garonne et au-delà, techniquement, le réseau ne peut supporter des trains supplémentaires, nous avons besoin d’une 2e ligne », souligne Carole Delga.
La gare Matabiau de Toulouse date de 1856. Elle a été classée à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en décembre 1984. / ©Charline Poullain
24 % de trains régionaux en plus
« Nous considérons que le rail est la colonne vertébrale de tous les transports », poursuit la présidente de Région Occitanie Pyrénées Méditerranée.
« S’il y a bien une région où la SNCF peut s’engager, c’est ici ! L’Occitanie fait beaucoup pour le rail », assure Jean-Pierre Farandou, président directeur général de SNCF. Les projets traversant le territoire ne manquent pas en effet : le GPSO en premier lieu, la liaison avec l’Espagne et la réouverture de cinq lignes dont Montréjeau-Luchon l’an prochain.
Il est d’ailleurs spécifié dans la nouvelle convention SNCF-Région signée pour 10 ans qu’aucune gare ne doit fermer. « L’objectif est d’atteindre les 100 000 voyageurs par jour contre 80 000 aujourd’hui », explique Christophe Fanichet, président-directeur général de SNCF Voyageurs. Et ce grâce à 24 % de train en plus, soit 110 au quotidien. Le tout, en diminuant de 40 % les émissions de CO2.
La convention prévoit le transfert de la propriété des matériels roulants à la Région. Cette dernière budgète pour cela 540 M€ et ouvrira un centre de maintenance à Narbonne en 2026.
Les travaux de la gare ont duré trois ans sous la maîtrise d’ouvrage de SNCF Gares & Connexions. Ils représentent 42 M€. / ©Charline Poullain
Pour attirer les voyageurs, un panel de tarifications avantageuses a été pensé. Autre impératif : « Des trains à l’heure !, martèle Carole Delga, Je mets les pieds dans le plat : nous avons décidé d’appliquer des pénalités. J’ai dit à Jean-Pierre, s’il y a un train en retard, tu casques ! ». Et ce, à compter de 5 min de retard à l’arrivée. Une première en France.
Photo de couverture : ©Charline Poullain