La disparition programmée des véhicules thermiques en 2035, l’instauration des restrictions de circulation plonge les européens en plein brouillard. C‘est ce que révèlent les résultats d’une enquête conduite par l’Observatoire Cetelem BNP Paribas. Une deuxième analyse démontre que la transition énergétique va creuser les inégalités notamment à Marseille où les résultats ont été annoncés le 5 décembre en avant-première.
Entre ignorance et flou artistique… La mobilité devient un vrai casse-tête. Seulement 53 % des Français sont au courant de l‘interdiction de commercialisation de nouveaux véhicules thermiques en Europe à partir de 2035. Remplacer sa voiture ? Pour 60% des européens, la décision est difficile à prendre.
82% des européens estiment que les restrictions de circulation destinées à améliorer la qualité de l’air sont des mesures injustes au regard des ménages à faible revenus et ils sont en plein brouillard au regard des choix à opérer.
Un chiffre qui grimpe à 85% en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
« La mobilité est en transformation et, selon une étude que nous avons menée cet été, les automobilistes sont en plein brouillard. 40 % des Français ne savent pas qu’il y a des zones à faible émission en France et en région Provence-Alpes-Côte-D’azur 58 % ne sont pas au courant. 62 % des personnes interrogées considèrent ces mesures irréalistes et pensent qu’elles ne verront pas le jour et 71% pensent que le calendrier de mise en œuvre est trop court », détaille Flavien Neuvy, directeur de l’Observatoire Cetelem BNP Paribas.
Flavien Neuvy, directeur de l’Observatoire Cetelem BNP Paribas
Le 5 décembre il a présenté les résultats d’une enquête menée auprès de 15 000 personnes dans 16 pays du 28 juin au 17 juillet 2023 par Harris Interactive.
« 63 % en région Provence Alpes Côte d’Azur disent qu’ils pourront continuer à circuler dans les zones à faible émission, 30 % indiquent qu’ils ne pourront pas circuler dans ces mêmes zones et 14 % ne savent pas. Si leurs véhicules ne sont pas éligibles, ils devront éviter les périmètre ZFE (Toulon, Nice et Marseille). Cependant l’enquête indique que 21% des sondés continueront à circuler dans ces zones en dépit de l’interdiction », complète l’économiste.
Le gouvernement français, après avoir incité, moyennant un chèque, à acheter jusqu’en 2011 des véhicules diesels a opté pour le tout électrique mais aujourd’hui les prix ont flambé en 2023 et vont continuer de grimper en 2024, ce qui sème le doute dans les décisions des ménages notamment quant à la capacité du pays à produire de l’électricité avec les menaces de coupure de courant. 77 % des habitants de la région Provence-Alpes-Côte d’azur pensent que l’augmentation du prix de l’électricité va rendre l’utilisation d’une voiture électrique trop coûteuse par rapport aux voitures à essence ou diesel.
Quel choix technologique opérer ?
BNP Mobility a lancé en octobre 2023 à l’attention de ses clients une plate-forme d’aide à la décision en fonction des critères de choix et des habitudes de déplacement. Afin de connaître les zones et les ménages qui risque d’être les plus touchés par l’interdiction de circulation des véhicules polluants, BNP Paribas Personnal Finance à créé un indice de précarité automobile qui intègre le revenu des ménages la proximité avec la zone à faible émission, la proportion de véhicules potentiellement exclus de la zone la densité de l’offre de transport en commun et le kilométrage annuel moyen.
317 000 véhicules de la métropole Aix Marseille concernés par Crit’Air 3
A l’entrée en vigueur des règles Cri’Air 3 en septembre à Marseille, parmi les 1,03 millions de véhicules particuliers immatriculés dans la métropole en 2023, près d’un tiers (31%) seraient donc concernés.
Sur les 317 000 véhicules particuliers Crit’Air 3 touchés par cette mesure, une majorité se trouve au nord-ouest de Marseille, dans des zones où sont surreprésentés les ménages à revenus modestes.
« Est ce que le dispositif est tenable compte tenu du calendrier ? 30% des véhicules ne pourront plus circuler. Nous voyons une hyper concentration dans les quartiers nord et ouest de la ville qui sont les moins desservis en transports publics. Le kilométrage des véhicules étant supérieur à la moyenne observée ailleurs. Seuls les riches peuvent se payer des véhicules électriques. Cela pose des questions majeures et sociétales car les ménages n’ont pas le pouvoir d’achat pour acquérir des véhicules électriques », a commenté Christophe Michaëli, responsable du marché mobilité pour BNP Paribas Personal Finance.
Christophe Michaëli, responsable du marché mobilité pour BNP Paribas Personal Finance
Les faibles revenus auront la possibilité de laisser leurs voitures dans les pôles d’échanges multimodaux et de prendre alors les transports en commun.
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