Jusqu’au 6 août, Marciac, paisible bourgade gersoise de 1200 habitants, va à nouveau vibrer au rythme de son célèbre festival de jazz. Créé il y a déjà 45 ans, le festival Jazz in Marciac – JIM, pour les intimes - est un formidable levier d’attractivité touristique pour tout un territoire marqué par son fort ancrage rural. JIM séduit autour de 200 000 mélomanes et s’inscrit parmi les plus grands rendez-vous musicaux de l’été en France et parmi les plus grands festivals de jazz internationaux.
En 1970, Jean-Louis Guilhaumon, alors jeune professeur en lettres modernes, pose ses valises à Marciac. Dans ses bagages, il apporte avec lui ses livres d’enseignant, mais aussi un certain goût pour la musique. Il crée alors un foyer de jeunes et d’éducation populaire dont l’objectif est « d’organiser des événements culturels au sein d’un territoire considéré comme un désert culturel. Personne n’avait alors en tête de créer une manifestation qui, quarante-cinq ans plus tard, serait d’envergure internationale » précise-t-il.
Pour son 1er concert en 1978, Marciac accueille deux musiciens réputés – le trompettiste américain Bill Coleman et le saxophoniste Guy Lafitte – qui habitent tous deux la région. Ils se produiront sur la seule scène existante du village à l’époque : les arènes ! La soirée est couronnée de succès et, dès l’année suivante, d’autres concerts sont organisés à proximité, dans un site protégé des intempéries, une usine (inactive durant l’été) du quartier « Saint-Germain de Marciac en l’occurrence. « Ça ne s’invente pas ! » commente le président du festival (en référence au célèbre quartier parisien, berceau du jazz dans les années 1950).
Le nombre de festivaler allant crescendo, il est alors envisagé de monter un immense chapiteau pouvant accueillir simultanément jusqu’à 6000 spectateurs et, dix ans après son lancement, l’association Jazz in Marciac est créée. Ses membres organisent certes le festival, désormais sur dix jours, mais l’objectif de Jean-Louis Guilhaumon et de ses équipes est aussi et surtout de « mettre en place un véritable projet culturel à l’échelle du territoire et rayonnant sur les 4 saisons ».
Des concerts sont ainsi organisés en automne, en hiver et au printemps et, là aussi, le public est au rendez-vous. La construction d’une salle de spectacle pérenne s’avère alors indispensable : ce sera l’Astrada, une salle de 500 places inaugurée en 2011.
Un levier de développement économique au service des habitants du territoire
Outre le fait que le festival a permis au village d’exister sur la carte du monde, Jazz in Marciac est devenu un outil d’aménagement du territoire. Sa dynamique économique a enrayé le déclin démographique du village et a permis son développement puisqu’il est aujourd’hui doté de services à la hauteur des attentes de ses habitants comme des festivaliers ».
« J’ai la conviction qu’en soutenant ce genre d’initiative on redonne confiance aux acteurs des territoires ruraux et que sous couvert de réunir en un lieu de prime abord atypique, car éloigné de grands flux touristiques classiques, des mélomanes du monde entier, on enclenche une dynamique économique positive qui irradie tout au long de l’année ! » s’enthousiasme Vincent Garel, Président du CRTL qui rappelle qu’en Occitanie « c’est à la campagne (et non sur le littoral) que se décomptent le plus de nuitées touristiques à l’année (29% pour contre 28% en 2022) ; une façon de rappeler que les territoires ruraux ont un fabuleux potentiel de développement touristique avec une répartition spatiale et temporelle des touristes bien plus équilibrée et harmonieuse que sur d’autres destinations ».
Le programme 2023
Qu’ils se déroulent sous le chapiteau géant ou à l’Astrada, les concerts payants de JIM voient se succéder, parmi les têtes d’affiche, les plus grands noms du jazz international avec, entre autres, les prestations de Ben Harper, Norah Jones, Grégory Porter, Selah Su ou Wynton Marsalis (parrain de longue date de JIM) mais aussi celles de Thomas Dutronc ou MC Solar, pour la scène française.
Le festival Bis, entièrement gratuit, anime quant à lui la place de la Bastide, tous les jours entre 11h30 et 19h00. Il distille une programmation éclectique où se télescopent avec allégresse un jazz résolument moderne, ses musiques cousines et ses racines les plus vivantes (Jazz, New Orléans, Blues…), dans une ambiance des plus conviviales et un art de vivre résolument gascon. Sélectionnés par JIM, les artistes invités au festival Bis y font parfois leur première scène et il n’est pas rare d’y découvrir des talents prometteurs.
©Photo : Jazz in Marciac – Francis Vernhet