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#Economie #Entreprises #Industrie #Textile #AuvergneRhoneAlpes #Lyon #Rhone
redaction
6 novembre 2023 Dernière mise à jour le Lundi 6 Novembre 2023 à 09:30

Avec plus de 1 800 acteurs implantés sur le territoire représentant près de 14 000 emplois, le textile est une filière stratégique, à haute valeur ajoutée et porteuse d’innovations dans la métropole lyonnaise.

Une histoire qui débute dans le secret 

La soie et la ville de Lyon sont intimement liées depuis des siècles, formant une histoire riche en tradition, en commerce et en innovation. Une histoire qui débute il y a plus de deux mille ans, lorsque cette fibre fut découverte en Chine. Un secret jalousement gardé pendant des siècles puisque la légende raconte que c’est l’impératrice chinoise Xi Ling Shi qui, vers 2700 avant J.-C., le découvrit en dévidant le cocon d’un ver à soie tombé dans sa tasse de thé. 

Cette soie était alors si précieuse que son exportation était punie de mort en Chine. Pourtant, peu à peu, les routes de la soie ont finalement permis à cette étoffe luxueuse de se propager à travers l’Asie, le Moyen-Orient puis l’Europe. L’une des routes principales passait par la Perse – l’actuel Iran – et l’Empire byzantin, où elle était très prisée. Au fil des siècles, la soie est devenue une marchandise de choix
pour le commerce international, contribuant à l’émergence de routes commerciales importantes et de villes prospères. 

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Ce n’est que vers le 12ème siècle que la soie atteint Lyon. À l’époque, les croisades jouent un rôle crucial dans cet échange culturel et commercial entre l’Europe et l’Orient. Avec son emplacement stratégique sur les rives du Rhône, la ville devient rapidement un centre de production renommé. Les artisans lyonnais acquérant une certaine réputation pour leur expertise dans la fabrication et la teinture de cette fibre. Et à la Renaissance, les foires permettent également l’installation de marchands et négociants de tissus. 

Au fil des siècles, Lyon devient même la capitale mondiale de la soie, abritant des milliers de métiers à tisser et des ateliers de teinture. Rapidement, la ville développe des techniques innovantes, créant des motifs et des textures uniques qui séduisent les cours royales et la haute société européenne. À tel point que les soies lyonnaises sont recherchées dans le monde entier pour leurs qualités exceptionnelles. 

L’apogée de cette industrie, à Lyon, se situe au 18ème siècle, lorsque la ville est au cœur de la révolution industrielle. Les canuts et les ouvriers de la soie, jouent un rôle clé dans la modernisation de sa production, utilisant des métiers à tisser mécaniques pour augmenter la productivité. Mais cette période est également marquée par des conflits sociaux, comme la célèbre révolte des canuts de 1831. À cette date, les ouvriers se rebellent notamment contre les conditions de travail difficiles. 

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Un impact considérable sur la mode française 

Malgré ces défis, l’industrie de la soie lyonnaise continue de prospérer au 19ème siècle grâce aux progrès techniques mais aussi à la créativité des hommes qui travaillent cette matière. Les maisons comme Bianchini-Férier, Ducharne ou Coudurier Fructus Descher ouvrent des cabinets de dessins dans la capitale, afin de répondre à la demande croissante de nouveautés dictée par les maisons de haute couture parisiennes. Elles font aussi appel à des artistes, peintres et dessinateurs 

Le 20ème siècle, lui, est marqué par les avancées de la chimie dans cette industrie et l’apparition de la soie artificielle. Fabriquée à base de cellulose ou de pâte de bois, elle révolutionne l’industrie textile à partir des années 1930, notamment dans l’habillement. Peu à peu, ces fibres synthétiques deviennent incontournables mais sans pour autant signifier la fin de la soie. Aujourd’hui, la principale part mondiale de sa production demeure chinoise puisque 80 % de la sériciculture provient de Chine, alors que le tissage se perpétue en France et en Italie. 

Dans cet écosystème actuel, Lyon conserve son héritage et sa place privilégiée dans les tissages d’ameublement et d’habillement haut de gamme. Cette fibre naturelle demeure précieuse, associée à une certaine idée du luxe et contribue à la renommée internationale de Lyon. 

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Des savoir-faire qui s’exportent 

Aujourd’hui, la soie continue de tisser son précieux héritage dans la ville. Lyon demeure une place forte de cette industrie millénaire, une référence mondiale. Cette réussite, la ville la doit à sa capacité d’adaptation aux défis économiques et aux évolutions du marché mondial. Une résilience qui a permis de maintenir intacte sa réputation.

Parmi les nombreuses entreprises lyonnaises qui ont su prospérer en exportant leur savoir-faire à l’étranger, Tassinari & Chatel se distingue comme un exemple emblématique. Fondée en 1680, cette maison a réussi à conjuguer tradition et innovation avec élégance, préservant ainsi sa position de leader sur la scène mondiale. Les tissus en soie de haute qualité qui sortent de ses ateliers continuent de décorer les intérieurs des palais et des hôtels de luxe à travers le monde. Un témoignage vivant de l’excellence lyonnaise. 

La maison Nacivet, née au début du 20ème siècle, est un autre joyau de cette soierie lyonnaise. Spécialisée dans la création de tissus haut de gamme, elle a su évoluer avec les tendances de la mode tout en préservant la qualité de ses produits. Aujourd’hui encore, ses créations reçoivent l’admiration des grandes maisons de couture sur tous les continents. 

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D’autres entreprises ont également su faire preuve d’audace pour répondre aux besoins changeants du marché. Hexcel est un exemple fascinant de cette évolution. Héritière de familles de tisseurs de soie, elle a diversifié ses activités en se consacrant au tissage… de fibres de carbone de haute performance ! Devenant ainsi un acteur clé dans des secteurs comme l’aéronautique. 

La maison Hermès a également fait évoluer son activité au fil du temps. Fondée en 1837 par Thierry Hermès, l’entreprise s’est d’abord concentrée sur la fabrication de harnais et de selles pour les chevaux. Puis, au fil des années, elle a élargi sa gamme de produits pour inclure des articles de maroquinerie, de la mode, des accessoires et même des parfums. 

La soie, cependant, n’est pas seulement l’affaire des grandes maisons et d’entreprises renommées. Elle est aussi portée par des artisans passionnés, des boutiques de créateurs et des entreprises de plus petites tailles qui continuent à faire vivre cet héritage. Ces acteurs moins connus, mais tout aussi dévoués, mettent en lumière la polyvalence et la beauté intemporelle de la soie tout en explorant de nouvelles voies d’innovation. 

Ces différents artisans de la soie perpétuent donc des techniques de fabrication anciennes tout en explorant de nouvelles voies créatives. Ils préservent la culture de la soie et la transmettent au fil des ans. Grâce à tous ces acteurs, la soie ne se limite pas à une époque révolue. Elle est plus que jamais vivante et en constante évolution ! 

Un renouvèlement constant du secteur 

De Laboratoires Silkbiotic et Cerra Cosmetiques qui se distinguent en utilisant les protéines de soie dans la cosmétique, en passant par les teintures végétales sur soie d’Haykou ou les papillons de Things with Souls fabriqués à partir de cravates upcyclés, cette fibre naturelle se décline sous toutes ses formes. 

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